Données sous haute sécurité

Vincent Genot
Vincent Genot Rédacteur en chef adjoint Newsroom

Dans le parc industriel des Hauts-Sarts à Herstal, bien cachée sous la terre, une  » usine informatique « , traite et stocke quotidiennement des milliards de données numériques

Grilles et grillages, chemins d’accès en angle droit, badge d’identification… Chez NRB (Network Research Belgium), tout rappelle que l’on se trouve dans une entreprise où la sécurité est la priorité n°1. C’est que sur ses serveurs la société stocke les données sensibles de nombreux clients. Ainsi, c’est à Herstal que la Direction pour l’immatriculation des véhicules (DIV), établie à Bruxelles, héberge ses applications informatiques, en ce compris les informations ayant trait aux véhicules, aux plaques minéralogiques et aux conducteurs. Avec plus de 500 employés, NRB propose sous forme d’infogérance (outsourcing) une variété étendue de services à des administrations publiques, à des prestataires de services d’utilité publique et au secteur financier.  » Nous débarrassons le client de toute la plomberie informatique afin qu’il puisse se concentrer sur son véritable métier, explique Philippe Laboulle, responsable du pôle relations clients de NRB. Pour faire la comparaison avec un hôpital, on ne demande pas à un centre de soins de s’occuper de la cuisine, mais de se concentrer sur la santé des patients.  » Le premier métier de NRB est donc le stockage de données.  » Nous mutualisons un ensemble de services, poursuit Laboulle : une seule salle informatique, un système de refroidissement, une sécurité, une gestion des back-up pour tous nos clients permettent une économie d’échelle.  »

En plus du stockage, NRB s’occupe également de la gestion applicative : c’est-à-dire le développement de programmes sur mesure. La société liégeoise identifie les besoins fonctionnels de ses clients et y répond en créant une application qui tournera et sera stockée sur ses serveurs. Pour un assureur, par exemple, elle développera un programme complet de gestion de sinistres qui commencera avec le constat d’accident et se terminera avec la clôture du dossier.  » Nous sommes une usine de traitement de l’information, explique Laboulle. Nous recevons des données, nous les stockons, nous les transformons et nous les renvoyons, si besoin est, vers le client. Pour éviter toute perte de donnée, toutes les informations sont dupliquées en temps réel dans une salle souterraine située à 400 mètres de la salle principale. En cas de vrai désastre, l’intégrité des informations est donc toujours assurée. En ce qui concerne notre autonomie énergétique, nous disposons de deux cabines haute tension dédoublées. Pour les micro-coupures, des UPS (Uninterruptable Power System) assurent la continuité de l’alimentation. En cas de gros pépin, deux groupes électrogènes diesel, dont le carburant est maintenu à bonne température en permanence, prennent automatiquement le relais. Tant que nous avons du carburant pour remplir les réservoirs, nous sommes totalement autonomes en électricité. Si besoin est, nous avons donc toujours le temps de couper proprement les systèmes.  » Selon NRB, il est impossible de voler une information sur ses serveurs, car les opérateurs ne savent pas à quoi correspondent les données avec lesquelles ils travaillent. L’information est répartie de telle manière qu’elle est sans signification pour les personnes qui sont amenées à les traiter.

Le cycle de vie d’une donnée

Pour stocker et gérer l’ensemble des données critiques de ses clients, NRB a recours à des systèmes de stockage d’EMC, l’un des chefs de file mondiaux dans le domaine de la gestion et du stockage de l’information.  » Si l’on regarde le marché de ces vingt dernières années, explique Geert Van Peteghem, Country manager d’EMC, on constate une croissance monstrueuse des données numériques à conserver. Une croissance que l’on estime à 40 % ou 50 % chaque année. Pour pouvoir gérer cette croissance, il faut savoir optimiser la gestion de stockage de ces données.  » Pour répondre à cet accroissement, EMC a mis au point l’Information Lifecycle Management (ILM). Cette stratégie vise à aligner l’infrastructure informatique sur la valeur de l’information numérique, laquelle varie avec le temps. L’ILM permet, en outre, de réaliser des économies et de garder sous contrôle le volume croissant de données. Il est ainsi possible d’opter pour divers types de systèmes de stockage – de moins en moins chers à mesure que les exigences diminuent – pour les diverses catégories de données.  » Toutes les données n’ont pas la même valeur, reprend Van Peteghem. Et cette valeur peut évoluer avec le temps. L’utilité d’une donnée diminue, en effet, avec son âge. Souvent, on considère que l’information est vivante pendant les trois premiers mois.  » L’importance d’une donnée dépend également de sa fonction. Les données qui permettent à une entreprise de vivre (de fonctionner) sont considérées comme critiques. D’autres données, comme les informations historiques, ou celles qui peuvent être reconstruites, sont moins sensibles et ne nécessitent pas un back-up quotidien.  » C’est à la société qui nous les confie de déterminer l’importance de ses données, continue Laboulle. A nous de voir ensuite comment les traiter et les protéger.  »  » Dans un proche avenir, prédit Van Peteghem, des solutions de stockage externalisées vont se généraliser pour le particulier. La sauvegarde se fera depuis Internet. Il faut savoir que 80 % des données numériques sont statiques. Donc, elles peuvent être stockées sans un besoin trop important de sécurité, et donc pour un prix relativement modeste. C’est pourquoi je vois bien les opérateurs télécoms se lancer rapidement dans ce genre de service.  » l

Vincent Genot

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