Le cheval Peyo accompagnera Marion, 24 ans, jusqu'à son dernier souffle. © Jeremy Lempin

Docteur Peyo et Mister Hassen (2020-2021)

Quand on découvre cette photographie pour la première fois, l’oeil est pris d’un vertige, les repères habituels sont chamboulés, on pense avoir mal vu. Puis, par facilité, on suppute une manipulation de type Photoshop, celle qui consisterait à superposer l’image d’un cheval et un lit d’hôpital. Il faut y regarder à deux fois, évacuer l’idée qu’il ne s’agit pas d’une licorne, et donc d’un délire de type « new age », pour comprendre que l’on se trouve bien face à un reportage au sens le plus classique du terme.

Le cliché qui donne à voir Marion (24 ans), atteinte d’un cancer, avec son fils Ethan (7 ans) en compagnie du cheval Peyo, à l’hôpital de Calais, appartient à la série Docteur Peyo et Mister Hassen du photoreporter Jérémy Lempin. Ce talent, qui officie à l’agence Divergence Images, a suivi pendant plusieurs mois Peyo et Hassen Bouchakour. L’histoire est incroyable. A la faveur de spectacles équestres, Hassen Bouchakour a remarqué une sensibilité particulière de sa monture envers les personnes atteintes de maladie. Laquelle observation l’a poussé à quitter le monde équin pour rejoindre celui de la médecine. Avec l’aval des médecins et des personnels soignants, cette singulière aptitude est utilisée par le cavalier pour soulager des personnes en souffrance plongées dans la froideur aseptisée des contextes hospitaliers. « Ce que les professionnels et scientifiques étudient aujourd’hui, c’est la capacité instinctive de Peyo à détecter cancers et tumeurs chez l’être humain et son choix d’accompagner certains patients jusqu’à leur dernier souffle », écrit Jérémy Lempin sur son site où l’on peut voir les autres images de cette remarquable série. La photo de Marion a été primée par le World Press Photo 2021. Cent cinquante images de ce concours annuel réputé sont exposées à la Cité Miroir, à Liège. Le corpus livre une sorte d’état du monde au sein duquel les photographies parlant d’empathie et de connexions entre les espèces ne sont pas à bouder.

A la Cité Miroir, à Liège, jusqu’au 30 décembre.

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