Designers

Mathieu Nguyen

Pour fêter dignement les 10 ans du prix du Designer de l’année, Ia Belgique a mis les petits plats dans les grands et fait son show à Milan, en avril dernier.

Cette année a eu lieu la dixième remise du prix du Designer de l’année, une récompense créée par Le Vif Weekend et Knack Weekend en collaboration avec la Biennale Interieur, soutenue au fil du temps par toutes les forces vives du design belge. Pour succéder aux neuf lauréats précédents – Alain Berteau, Nedda El-Asmar, Stefan Schöning, Sylvain Willenz, Bram Boo, Nathalie Dewez, Alain Gilles, Jean-François D’Or et Marina Bautier – l’édition 2015 sacrait les Gantois Muller Van Severen. Leur plébiscite marque une première dans l’histoire de cette récompense car jamais un duo n’avait été élu par le jury. En couple à la ville comme à l’atelier, Fien Muller et Hannes Van Severen, fils de l’illustre concepteur Maarten Van Severen (1956-2005), ont développé un style irrésistible dès leurs débuts, effectués presque par hasard en 2011.  » Paysage de vie  » largement inspiré par leur passé d’artistes sculpteurs, leur collection initiale a immédiatement suscité beaucoup d’intérêt chez nous comme à l’étranger, devenant rapidement l’une des coqueluches de nombreux magazines branchés.

L’ancien et le nouveau

Au printemps , afin de célébrer cette décennie de talent noir-jaune-rouge, la plate-forme Belgium is Design a réuni cette dream team pour une exposition exceptionnelle lors du Salon international du meuble de Milan, dont la scénographie fut confiée au designer Danny Venlet. Quittant le musée de la triennale où elle prenait ses quartiers depuis quelques années, la délégation belge a trouvé refuge sous les antiques colonnades de la Pinacoteca di Brera, idéalement située au coeur d’un des centres névralgiques du programme off de cette grand-messe créative. Intitulée Confronting the Masters, l’expo fut montée dans la somptueuse Sala Napoleonica, où Danny Venlet imagina un dialogue entre les réalisations les plus récentes de la crème du design belge avec des statues classiques – une mise en scène inédite, personne n’avait jusqu’ici tiré parti des oeuvres présentes sur place.

S’il ne fallait retenir qu’une chose du Salone 2015, outre cette ode à notre petit pays et une édition exceptionnelle du salon du luminaire Euroluce, en pleine Année internationale de la lumière, ce serait sans doute le retour en force du style Memphis. Certains croyaient son exubérance kitsch, assemblage improbable de formes et couleurs primaires, à tout jamais abandonnée aux années 1980, mais force fut de constater que le pape Ettore Sottsass et ses acolytes comptaient encore bien des disciples dévoués. Mode ou philosophie plutôt qu’école stylistique au sens strict, Memphis reste – au grand dam de ses détracteurs – un courant iconoclaste dont le revival, trente ans après la dissolution du groupe qui l’avait enfanté, résonne comme un cri de liberté. Le design actuel pourrait encore s’en inspirer.

Mathieu Nguyen

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