L'auteur doute de la sincérité de la subjectivité compassionnelle des peuples démocratiques. © GETTY IMAGES

Des vertus de l’indifférence

 » L’opprobre assez général qui pèse sur l’indifférence est en grande partie immérité « , postule Jean-François Bossy, maître de conférences à Sciences-po Paris, dans L’indifférence, la sagesse des bienveillants (éditions de l’Opportun, 210 p.). Son essai a donc pour premier objectif d’explorer plus avant cette attitude. Constatant que le déclin de l’aristocratisme a signé la fin de l’indifférence et que l’avènement de la démocratie et du sentiment d’égalité a réduit sa possibilité, l’auteur se demande tout de même s’il n’existe pas une forme d’indifférence spécifiquement démocratique.  » N’y a-t-il pas une singulière indifférence, finalement, dans cette subjectivité compassionnelle des peuples démocratiques, toujours l’arme à l’oeil, à l’affût des moindres maux qui peuvent frapper tout autre, mais plus que jamais occupés d’eux-mêmes lorsqu’ils se disent occupés des autres ?  » Ainsi décrite, l’indifférence n’a guère de vertu. Jean-François Bossy lui en trouve ailleurs en expliquant qu’elle nous permet  » de temporiser ou de reculer des choix chaque fois plus incertains dans un monde de plus en plus aléatoire « ,  » de nous protéger des sollicitations tout aussi massives qu’inutiles de l’information continue  » ou du harcèlement des réseaux sociaux, de  » prendre la fuite face aux injonctions irréalisables ou contradictoires de l’entreprise  » ou de la société. L’indifférence serait même le contraire de l’égoïsme, une sorte de sagesse de la modestie. Une réflexion utile à la conclusion pas entièrement convaincante.

Des vertus de l'indifférence

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