Des Syriens pour la démocratie

Une pétition circule à Damas avec la menace d’un sit-in. Et avec l’espoir que les pressions américaines incitent enfin le pays à s’ouvrir

Ils sont avocats, universitaires, acteurs ou écrivains. Ils ont en commun de vouloir que leur pays, la Syrie, s’ouvre enfin. Plus de 1 500 d’entre eux viennent de signer une pétition pour demander, notamment, la levée de l’état d’urgence û en vigueur depuis 1963 û la suspension des tribunaux d’exception, la libération des prisonniers politiques et l’instauration du  » droit à la création de partis politiques « . Un texte qu’ils prévoient de  » présenter aux autorités  » en organisant le 8 mars un sit-in à Damas.

Ce n’est pas tout à fait une première en Syrie. Déjà, en septembre 2000, deux mois après l’arrivée au pouvoir de Bachar el-Assad, une pétition similaire avait circulé. On avait alors vu fleurir des dizaines de salons politiques. Mais cette prise de parole avait été de courte durée. Le régime y avait mis le holà au bout de quelques mois et plusieurs des animateurs de ce  » printemps de Damas  » avaient été condamnés à de lourdes peines de prison.

La chute de Saddam Hussein a, depuis, changé la donne. L’intervention américaine en Irak a suscité dans les milieux intellectuels syriens des sentiments mitigés : condamnation de l’occupation d’un pays arabe, mais espoir aussi que l’effondrement de la dictature irakienne et les pressions exercées par Washington sur Damas feraient réfléchir le régimeà Beaucoup, alors, pensaient que celui-ci s’ouvrirait de lui-même, afin de s’attirer les bonnes grâces de George W. Bush. Mais, s’il y eut quelques gestes, ils furent de portée très limitée : dissolution des organisations de jeunesse du parti Baas, abandon de l’entraînement militaire obligatoire dans les établissements scolaires, autorisations données à quelques associations indépendantes dans les secteurs tels que la défense de l’environnement ou les droits des femmes.

Est-il, cette fois-ci, réaliste d’espérer ? L’ampleur du mouvement est en tout cas inédite. Et plusieurs dizaines de prisonniers politiques ont été libérés début janvier. Mais, le 12 février, l’avocat et défenseur des droits de l’homme, Haïtham Maleh, a été informé qu’il n’était plus autorisé à quitter le territoire syrien. Et la  » vieille garde « , qui tient le pays et son jeune président, a toujours aussi peur d’être emportée par le vent du changement.

Dominique Lagarde

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