Des entrepreneurs au sens politique aigu

Drapiers à l’origine, ces Liégeois sont devenus carolos au xixe siècle. Ils ont fortement marqué la vie économique et politique de Charleroi, sans parler des traces qu’ils ont laissées dans l’histoire de la Résistance.

C’est peu : on estime le nombre de ses descendants à plus de 1 200 ! A l’origine, les Dewandre ne sont pas carolorégiens mais liégeois. On trouve trace de la famille au milieu du xviie siècle dans la région de Mortier. François de Wandre – le patronyme s’écrivait alors en deux mots – y exerçait le métier de drapier.

Le premier à s’installer à Charleroi s’appelait Barthel Dewandre (1822-1893). D’obédience libérale, il était avocat, et fut vice-président du Sénat.

Qui se ressemble s’assemble : Barthel épouse Jenny de Haussy, la fille de François-Philippe de Haussy, sénateur de Charleroi, ministre de la Justice et premier gouverneur de la Banque nationale. Pour la petite histoire, celui-ci céda à Léopold II sa propriété de campagne, dite  » Le Petit Laeken « , qui est actuellement habité par le roi Albert II et la reine Paola.

Barthel Dewandre eut deux filles et six fils, dont Franz et Edmond, avocats, et Georges, Paul et Emile, ingénieurs. Des cinq fils Dewandre actifs dans la vie publique, c’est surtout Paul Dewandre qui s’est distingué dans l’histoire carolorégienne. Il était le gendre de Jules Audent, bourgmestre libéral de Charleroi, à l’origine des chantiers de démantèlement des remparts et de la construction de certains boulevards de la ville, dont l’un porte son nom.

Des activités multiples

Paul Dewandre fut le cofondateur des Ateliers Germain de Monceau-sur-Sambre, qui fournissaient des véhicules au Palais royal. Il présidait aussi la Fabrique de Fer (Fafer) de Charleroi et la Fabrique de Fer de Maubeuge ainsi que les Charbonnages du Petit Try. On le trouvait encore au conseil d’administration des Forges de la Providence, des Faïenceries de Nimy, celles de Maastricht et de la Boulonnerie de Liège. Sans parler de ses autres mandats…

 » C’est aussi grâce à Paul Dewandre qu’en 1914 les Allemands n’ont pas incendié Charleroi. En puisant dans ses propres deniers, il a en effet offert la moitié de la rançon exigée par l’occupant pour éviter que la ville soit pillée « , raconte Bernard Wautier, son petit-fils. Paul Dewandre fut d’ailleurs nommé Officier de l’Ordre de Léopold. A la génération suivante, la fille aînée de Paul Dewandre, Jeanne, a épousé Franz Dupont, ingénieur, sous-directeur aux Acec, et concepteur de la première ligne électrique Bruxelles-Anvers. La fille aînée de Franz a ensuite épousé Louis Wautier, le père de Bernard Wautier.

Comme Paul, Franz s’est investi dans la vie politique de Charleroi. Il y fut échevin de l’Instruction publique pendant plusieurs années. Mais il fut aussi commandant de la garde civique, et administrateur des Forges de la Providence, de La Gazette de Charleroi et des Ateliers Germain. C’est en mémoire de Franz que l’un des boulevards de Charleroi porte le nom de Dewandre.

L’histoire des Dewandre est aussi marquée par le combat que cette famille a mené contre l’occupant. Germaine, la fille de Franz Dewandre, directrice de l’hôpital civil de Charleroi et active dans la Résistance, fut abattue en 1944.

Sa propriété de Mont-sur-Marchienne fut incendiée par les rexistes. Germaine Dewandre s’était vu décerner la médaille Florence Nightingale par la Croix-Rouge Internationale, une distinction qui n’était accordée annuellement qu’à une seule personne. Une rue du quartier d’Airemont, à Mont-sur-Marchienne, porte désormais son nom, en hommage à son dévouement et sa conduite exemplaire durant la guerre.

Fr. R.

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