Des éclats de verre au procès Cools

En matière d’éloquence, l’avocat carolo Jean-Philippe Mayence a de qui tenir: parmi les générations qui l’ont précédé, on compte des magistrats, des avocats et des responsables politiques.

Inutile de tourner autour du pot : la famille Mayence vient bien de la ville allemande de Mayence, Mainz en allemand, la capitale du Land de Rhénanie-Palatinat. Certains de ses descendants se sont d’ailleurs rendus voici peu sur leurs terres d’origine, comme en pèlerinage. Cette famille d’artisans verriers a pourtant quitté les lieux il y a belle lurette, pour s’installer à Charleroi, au xviiie siècle, avec un objectif précis : perfectionner son savoir-faire.

Depuis, bien de l’eau a coulé sous les ponts du Rhin. Au fil des trois dernières générations, les Mayence ont acquis d’autres lettres de noblesse que celles de l’artisanat verrier, essentiellement dans la magistrature et la vie politique. Le grand-père de Jean-Philippe Mayence, Simon Mayence, était magistrat. En 1956, c’est lui qui descendit dans les mines du Bois du Cazier, où 262 mineurs avaient perdu la vie, pour mener l’enquête : il était juge d’instruction. Il fut aussi auditeur militaire pour la tuerie du 18 août 1944 de Courcelles, au cours de laquelle 27 personnes furent abattues par les rexistes, en guise de représailles. Simon Mayence échappa d’ailleurs de justesse à cette fusillade, en raison d’une confusion entre lui et son cousin Léonce Mayence -l’un habitait rue de Gosselies à Jumet, et l’autre, rue de Jumet à Gosselies. L’avocat requit et obtint autant de peines de mort qu’il y eut de morts dans cette tuerie.

L’épouse de Simon, Marie-Thérèse Cordier, fut l’une des premières femmes belges à sortir de l’Université de Louvain, autour des années 1920. Leur fils Philippe choisit, lui, de devenir avocat. Et leur petit-fils Jean-Philippe est désormais l’un des ténors du barreau de Charleroi. On se souvient de lui notamment dans le procès Cools, dans l’affaire dite des  » amants diaboliques  » et dans le dossier Pirson. Il a également défendu Pierre Riga et Georges Zicot, lors de procès très médiatisés.

Par attachement à sa ville d’adoption, Jean-Philippe Mayence n’a jamais répondu aux sollicitations des grands cabinets d’avocats bruxellois. Bien qu’il ait vécu dix-huit ans à Uccle, il a toujours conservé son bureau à Charleroi.  » Je tiens à avoir des contacts réels et simples avec les gens, des relations qui ne soient pas aseptisées. Ici, on se base moins sur la rentabilité qu’à Bruxelles « , dit-il.

De nombreux parcours politiques

A Charleroi, la famille Mayence est également connue pour son implication dans la vie politique, notamment locale. Les parents de Jean-Philippe ont tous deux été conseillers communaux. Jacqueline Mayence, sa mère, fut sénatrice du parti libéral (PLP, puis PRL), avant d’accéder, en 1981, au poste de secrétaire d’Etat à la Coopération au développement. Deux ans plus tard, elle devenait ministre régionale wallonne du Logement et de l’Informatique. Son mari, Philippe Mayence, portait, quant à lui, les couleurs du PSC, l’actuel CDH. Il fut membre du bureau directeur du parti et député suppléant, mais il mit fin à sa carrière politique en 1970, pour se consacrer pleinement à sa carrière d’avocat.

Jean-Philippe a, lui aussi, failli se jeter dans le bain politique.  » En 2003, Louis Michel (MR) m’a proposé d’être secrétaire d’Etat à la Modernisation des finances et à la Lutte contre la fraude fiscale. Un an plus tard, Joëlle Milquet (CDH) m’a contacté pour me suggérer d’occuper le poste de ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, au gouvernement wallon. J’avoue que je n’ai pas fermé la porte définitivement. « 

La grande s£ur de Jean-Philippe Mayence, Anne, plus discrète, enseigne, elle, les sciences dans un collège de Charleroi.

B. M.

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