Dépression cachée chez les ainés

Comment identifier et aider les personnes âgées qui risquent de sombrer dans la dépression et les idées suicidaires ?

Lorsqu’une personne âgée se suicide, certains affirment que c’est assez compréhensible lorsqu’on a tant vécu… Il est vrai que la plupart des ainés sont amenés à encaisser une foule de deuils et de revers : problèmes de santé, perte de mobilité ou d’autonomie, décès de leur conjoint ou de proches…  » Pourtant, à en croire les études réalisées à ce sujet, la majorité d’entre eux n’ont pas pour autant envie d’en finir, souligne Anke Bonnewyn, psychologue et psychothérapeute spécialisée en gériatrie (KU Leuven). Il est donc faux de dire que le suicide relève plutôt, chez les seniors, d’une décision sereine et mûrement réfléchie. Le plus souvent, un tel acte découle d’une dépression ou d’un autre trouble psychiatrique. Même à un âge avancé, il n’est donc jamais trop tard pour renverser la vapeur et s’attaquer ensemble au problème sous-jacent, pour autant que celui-ci soit identifié à temps. Les souffrances psychologiques et le suicide chez les personnes âgées méritent clairement plus d’attention, d’autant que les suicides ne sont pas moins fréquents que dans les autres groupes d’âge. Les hommes de plus de 75 ans sont même plus nombreux à mettre fin à leurs jours que leurs homologues plus jeunes.  »

Aidez-les à trouver du sens

La grande difficulté, après un deuil majeur, est souvent de se fixer de nouveaux objectifs pour redonner un sens à sa vie. C’est d’autant plus difficile chez les personnes âgées, moins occupées : les petits-enfants grandissent et n’ont plus besoin d’être gardés, le rôle d’aidant proche disparaît avec le conjoint décédé, etc.  » De nombreux seniors ont aussi tendance à ne penser qu’aux rôles qui s’accompagnent d’un bénéfice économique. En tant que proche ou soignant, vous pouvez donc faire un monde de différence pour eux en soulignant que leur seule présence est extrêmement précieuse pour leurs enfants ou petits-enfants. Et pourquoi ne pas leur proposer de s’essayer à un rôle complètement nouveau, par exemple au sein d’une association ?  »

Sondez leur douleur

Face à des pensées ou émotions difficiles, les personnes âgées seront souvent moins enclines à se confier.  » Les hommes, en particulier, ont moins l’habitude de parler de leurs émotions. Mais les seniors affirment souvent qu’ils gardent leur douleur pour eux pour ne pas être une charge pour leurs enfants… alors que ceux-ci sont souvent heureux de pouvoir à leur tour soutenir leurs parents. En parler peut contribuer à dissiper les malentendus. En tant qu’enfant, essayez donc de trouver le courage d’interroger vos parents sur leur attitude face à la vie, sur ce qui est important pour eux et sur ce qui pourrait leur donner le courage de surmonter une épreuve.  »

Affutez vos antennes

La propension des personnes âgées à tenter d’affronter seules les pensées et émotions difficiles les expose davantage à la dépression, mais celle-ci se remarque aussi moins de l’extérieur.  » Comme les personnes âgées n’ont plus guère d’obligations, leur entourage s’inquiète beaucoup moins vite lorsqu’elles semblent s’isoler, sortent moins, bougent moins ou ne prennent plus guère d’initiatives, explique Anke Bonnewyn. En tant que proche ou soignant, il faudra donc être particulièrement attentif aux changements dans leur routine. Veillez également à ne pas ignorer leurs plaintes somatiques, qui seront souvent un moyen pour elles d’exprimer leur mal-être.  »

Les seniors n’ont plus non plus la perspective de longues années à vivre. De ce fait, ils sombrent encore plus vite dans la dépression la plus noire… et, lorsqu’ils font une tentative de suicide, c’est vraiment avec la ferme intention d’en finir. Ils y parviennent aussi plus souvent, parce qu’ils ont recours à des méthodes plus agressives et qu’ils sont aussi plus fragiles physiquement.

Défiez leurs pensées et leurs actes

Selon Anke Bonnewyn, les personnes âgées ne parlent guère de la mort après une tentative de suicide ratée.  » Elles évoquent surtout cette vie qui est devenue pour elles ‘invivable’. Pour leur faire prendre conscience qu’il y a d’autres issues que la mort, il sera donc avant tout important de leur faire retirer leurs oeillères et de les tirer du carcan rigide de leurs pensées et de leurs actes. Encouragez-les donc à sortir de chez elles, à bouger, à faire des activités, à essayer de nouvelles choses, à se trouver de nouveaux objectifs, à revoir leurs attentes, etc. Soulignez aussi qu’il est important de ne pas attendre passivement que les autres les contactent. Expliquez-leur donc qu’elles peuvent au contraire donner spontanément de leurs nouvelles à leurs proches et leur signaler de quoi elles ont concrètement besoin, et quand.  »

Dépression cachée chez les ainés
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En tant que proche ou soignant, vous pouvez donc faire un monde de différence pour eux en soulignant que leur seule présence est extrêmement précieuse pour leurs enfants ou petits-enfants.
En tant que proche ou soignant, vous pouvez donc faire un monde de différence pour eux en soulignant que leur seule présence est extrêmement précieuse pour leurs enfants ou petits-enfants.© GETTY

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