De plus en plus de  » boulot-fac-dodo « 

Les étudiants ne sont pas épargnés par la précarité. De plus en plus conjuguent leurs études avec un travail pour les financer.

(1) le nom a été modifié sur demande de l’interviewée.

Le plus important pour tout gérer, c’est d’être bien organisée.  » Egle sait de quoi elle parle : étudiante en deuxième année de bac de psychologie à l’Université catholique de Louvain, son emploi du temps hebdomadaire est chargé.  » Pour ce second quadrimestre, j’ai vingt-deux heures de cours et je travaille de 15 à 19 heures par semaine dans les restaurants universitaires de l’UCL.  » Comme elle, de plus en plus d’étudiants sont confrontées au défi de combiner études et travail. Selon les statistiques publiées par l’Office national de sécurité sociale, lors du premier trimestre 2012, le nombre de journées prestées par les étudiants à cotisations sociales réduites a augmenté de 36 %.

Des étudiants en difficultés financières

 » Cette forte hausse s’explique par l’assouplissement des procédures liées au travail des étudiants « , avance l’ONSS. La réforme entrée en vigueur début 2012 donne aux étudiants un contingent de 50 jours par an pendant lesquels ils peuvent travailler sans être soumis aux cotisations sociales normales. Il n’y a donc plus de distinction entre le travail durant les congés d’été et les périodes de cours. Mais à y regarder de plus près, le phénomène n’est pas nouveau. De 2007 à 2011, le nombre de journées de travail prestées par des étudiants hors vacances a augmenté en moyenne de 13,9 % par an, selon les statistiques de l’ONSS. Un chiffre qui n’étonne pas la Fédération des étudiants francophones qui le met en parallèle avec le nombre d’étudiants touchant le revenu d’insertion sociale. Depuis dix ans, ils sont deux fois plus à y faire appel en Wallonie. A Bruxelles, l’augmentation atteint 225 %.  » Les étudiants ne sont pas épargnés par la crise, beaucoup sont dans des situations financières très difficiles. Mais leur place reste sur les bancs de l’université, pas au travail « , soutient David Mendez Yépez, président de la FEF.

Jongler entre travail et études

Estelle (1), étudiante en urbanisme à l’Université libre de Bruxelles, travaille quarante heures par semaine dans la restauration, et toutes ses heures prestées ne sont pas déclarées.  » Plusieurs de mes collègues étudiants ont dû arrêter de travailler : impossible de tenir le rythme.  » La jeune femme de 22 ans l’avoue :  » Ces derniers mois, ma vie se résume à boulot-fac-dodo. Au moins, pas le temps de dépenser mon argent !  » De son côté, Egle relativise :  » En janvier, j’ai eu trois échecs aux examens. J’ai moins de temps qu’il ne faudrait à consacrer à mes études, mais du coup, j’apprends à être efficace ! Je réussirai en deuxième session.  » L’étudiante garde le sourire et semble tirer une certaine fierté de mener ses études sans dépendre de ses parents restés en Lituanie, son pays d’origine :  » Pas question de rentrer chez moi, mon master je compte le faire en Angleterre.  »

Par Laura Paillard (UCL)

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire