Avec Les Poupées russes, Cédric Klapisch donne une suite pétillante à L’Auberge espagnole. Romain Duris y poursuit sa quête existentielle et, surtout, amoureuse
Toutes les femmes de sa vie amoureuse seraient-elles donc pareilles à ces poupées russes qu’il faut ouvrir une à une jusqu’à découvrir, tout à l’intérieur, celle qui sera l’âme s£ur, la compagne d’une vie ? Xavier sera confronté à cette question, parmi beaucoup d’autres, au fil du nouveau film que Cédric Klapisch consacre à ses (més)aventures sentimentales, professionnelles et existentielles. Le héros français de L’Auberge espagnole a cinq ans de plus, et la trentaine pointe désormais dans le paysage mental d’un jeune homme encore quelque peu adolescent dans sa manière de vivre. Devenu écrivain, il multiplie en fait les travaux alimentaires, au détriment d’un roman qui se fait attendre. Et, dans sa vie privée, point de stabilité non plus, les petites amies se succédant à défaut de trouver l’amour, le vrai, celui sur lequel on écrit (Xavier ne s’en prive pas, et non sans succès) mais qui se fait longuement désirer dans la vie réelle, au point de ne plus savoir s’il existe vraiment…
L’immense succès de L’Auberge espagnole, comédie située entre Paris et Barcelone où Xavier cohabitait avec d’autres étudiants participant au plan d’échange européen Erasmus, ne pouvait qu’inviter Cédric Klapisch à imaginer une suite. Les Poupées russes prennent, depuis Paris, le chemin de Londres et de la plus lointaine Saint-Pétersbourg, où se nouera le destin du jeune héros incarné û toujours avec autant de charme û par Romain Duris. C’est en effet dans la ville impériale qu’ont choisi de se marier la belle Natacha et l’ex-copain britannique de Xavier, William, le frère d’une Wendy (Kelly Reilly) avec laquelle Xavier écrira un scénario de téléfilm romantique, en attendant peut-être plus… Mais d’autres femmes importantes croiseront la route de notre écrivain pressé : Martine, son ex-compagne (Audrey Tautou), Célia, le top model (Lucy Gordon), dont il doit écrire l’autobiographie û elle a 24 ans ! û, et bien sûr aussi, bien que différemment, la toujours pétillante et anticonformiste Isabelle, l’amie lesbienne dont Cécile de France fait un régal de chaque seconde !
Joliment scénarisé, mis en scène avec des idées visuelles souvent brillantes et joué avec allant par des acteurs complices, Les Poupées russes souffre cependant de quelques longueurs. Sa structure de chronique emboîte en effet l’un dans l’autre des récits parallèles ou croisés à la matière abondante et difficile, sans doute, à traiter de manière concise. Mais ce petit défaut n’empêche pas le film de Klapisch d’offrir un spectacle drôle et savoureux, qui se déguste avec plaisir et qui esquisse, mine de rien, quelques réflexions dont la génération concernée pourrait faire son miel…
Louis Danvers