Construire sa carrière dès 13 ans ?

Le site de réseautage professionnel LinkedIn, en plein boom, vient de lancer une section University Pages, destinée à aider les ados  » à trouver leur voie « . Les carrières vont-elle se construire (ou se détruire) de plus en plus tôt ?

En 10 ans, LinkedIn a réussi à s’imposer comme un réseau social incontournable, d’abord pour garder le contact avec ses (ex- )collègues, ensuite comme outil de recherche d’emploi. Environ 1,6 million de professionnels belges se connecteraient régulièrement au site pour  » optimiser  » leur carrière. Et ce n’est pas un chasseur de têtes qui va minimiser le phénomène :  » LinkedIn est devenu un outil de travail quotidien, que ce soit pour rechercher des candidats ou lorsqu’on en a identifié un, vérifier si ses dires sont en adéquation avec son profil LinkedIn « , constate Gilles Klass, expert en ressources humaines et actif dans plusieurs cabinets de recrutement.

Cette omniprésence, le réseau aux 200 millions de membres veut à présent l’étendre aux plus jeunes. La société californienne a profité de la rentrée pour lancer ses University Pages, une section dédiée aux futurs étudiants universitaires qui souhaitent déjà s’initier au réseautage pré-professionnel. Et pour les universités, cela peut être un moyen de dénicher des  » merles blancs « . Au passage, le site a baissé l’âge minimum pour l’ouverture d’un compte, désormais 13 ans en Belgique (comme en France, mais notons que c’est 16 ans aux Pays-Bas).

La mort du CV

A travers de tels sites, nos ados vont-ils devoir se profiler de plus en plus tôt sur le marché de l’emploi ?  » Je ne pense pas qu’on puisse parler d’une réelle tendance à la précocité des carrières. A priori, ce qui nous intéresse, c’est le jeune au moment où il débarque sur le marché du travail. On ne va pas faire une enquête privée sur sa jeunesse. Par contre, on va s’intéresser à ses activités, explique Gilles Klass. N’oublions pas non plus que la Belgique est un pays qui n’est pas élitiste. Il est important d’avoir un diplôme universitaire, mais on se moque un peu d’où il vient, ou s’il a été obtenu avec grande distinction.  » LinkedIn chez les ados, le chasseur de têtes n’y croit donc pas trop. Par contre, il constate une percée très nette chez les jeunes adultes :  » Depuis un an, LinkedIn est en train de rattraper son retard sur Facebook. Surtout en période de crise, les jeunes se rendent compte de l’intérêt de se positionner sur ce genre de canal. Il est probable que d’ici peu, plus personne n’enverra de CV. Tout passera par LinkedIn ou un nouveau concurrent.  »

Nicolas Dassonville, responsable de la communication à l’ULB et en charge des réseaux sociaux, n’avait pas encore entendu parler de ces University Pages.  » Nous allons examiner… Ce qui est certain, c’est que LinkedIn est d’abord un canal très intéressant pour faire connaître nos services d’accompagnement et notre cellule emploi à nos étudiants et nos alumni.  » Moins comme outil de détection des perles rares et pour cause, il n’y a pas d’examen d’entrée en Belgique.  » Nous sommes dans une logique d’accessibilité.  » Et de pointer une règle de conduite :  » Sur les médias sociaux, c’est toujours le jeune qui vient vers nous, nous n’allons jamais le démarcher.  »

Les questions éthiques (et légales) ne sont jamais bien loin. LinkedIn se bat actuellement contre des allégations de piratage de comptes e-mails pour collecter des données personnelles. Et pour montrer qu’elle est  » responsable « , la société a elle-même publié une série de conseils de protection des mineurs, à l’intention des parents et éducateurs.

Olivier Fabes

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