Comment réparer l’erreur irakienne

Ils avaient raison. Au lendemain des attentats du 11 septembre, George W. Bush et les néoconservateurs américains avaient eu raison de considérer qu’il ne suffisait pas de répondre au terrorisme islamiste par la traque policière. Il faut aussi s’attaquer aux causes du succès des islamistes dans le monde arabe, s’étaient-ils dit, et leur diagnostic était juste lorsqu’ils avaient conclu que la première d’entre elles était le rejet massif des régimes dictatoriaux que l’Amérique avait soutenus au Moyen-Orient du temps de la menace soviétique.

Ce n’est pas pour mettre la main sur le pétrole irakien que les Etats-Unis sont allés renverser Saddam Hussein, il y a un an. C’est réellement parce qu’ils ont voulu se faire les promoteurs des libertés et du changement dans la région, y transformer l’Irak en vitrine des valeurs occidentales pour susciter une  » contagion démocratique  » dans toute la région.

Il n’est plus besoin de dire qu’ils ont échoué, mais pourquoi ? Avant tout parce qu’ils ont cru qu’on pouvait partout instaurer la démocratie du jour au lendemain, même dans un pays sans opposition ni traditions démocratiques et divisé, qui plus est, entre communautés ethnico-religieuses aux intérêts divergents.

A Bagdad, les Américains n’ont pas trouvé une seule force pouvant assumer un pouvoir souverain que tous les Irakiens reconnaissent. Ils y sont devenus des occupants non pas acclamés, mais de plus en plus impopulaires et, désormais, otages de la majorité chiite, dont les chefs religieux veulent faire de l’Irak leur Etat, théocratique et certainement pas fédéral.

Un an plus tard, la guerre civile sourd en Irak, devenu plaque tournante du terrorisme. C’est d’une contagion du chaos que la région est menacée, mais fallait-il, pour autant, ne rien faire ? Evidemment pas. Il fallait promouvoir la démocratie au Proche-Orient. Il le faut plus que jamais, mais dans un pays où cela soit aussi jouable qu’urgent.

Ce pays, c’est la Palestine. Là-bas existent des forces politiques, virtuellement majoritaires, sur lesquelles les démocraties pourraient s’appuyer. Là-bas, des troupes étrangères seraient vraiment accueillies dans l’enthousiasme, car leur déploiement le long des frontières de 1967 signifierait la fin d’une guerre dont les populations israélienne et palestinienne ne veulent plus.

Cette intervention-là, surtout, ne serait récusée par personne. Il ne serait pas nécessaire d’y trouver de faux prétextes, car sa nécessité n’est que trop claire. Toutes les capitales du monde l’approuveraient et, d’abord, celles des pays arabes. Non seulement le camp de la paix israélien la demande, mais Israël y trouverait une sécurité autrement plus durable que les illusions d’une ligne Maginot. Le Hamas en serait marginalisé et, la Palestine étant devenue, depuis un demi-siècle, la nation que l’Irak n’est toujours pas, le succès de sa reconstruction créerait la dynamique que les Etats-Unis avaient eu raison de vouloir impulser au Moyen-Orient mais tort d’aller enclencher à Bagdad.

Bernard Guetta

Il faut promouvoir la démocratie au Proche-Orient, mais surtout dans un pays où c’est aussi jouable qu’urgent : la Palestine

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