Cinq mille emplois en vue à Liège Airport
Aménagements de terrains, accueil d’entreprises logistiques, construction de nouveaux parkings de fret… Liège Airport va créer plusieurs milliers d’emplois. De quoi faire de l’ombre à BSCA, son concurrent carolo ?
La bonne nouvelle est tombée tout récemment : Jean-Claude Marcourt (PS), le ministre wallon de l’Economie, a marqué son accord en avril puis en juillet dernier sur de nouveaux arrêtés de reconnaissance et d’expropriation concernant les Zones d’activités économiques (ZAE) autour de Liège Airport. Dans quel but ? » Une grande partie des terrains que nous souhaitons aménager appartient à la Sowaer, la Société wallonne des aéroports, à qui nous sommes organiquement liés et qui est un des acteurs-clés du financement aéroportuaire, explique Christian Delcourt, communication manager au sein de Liège Airport. Nous devons donc encore nous entendre pour savoir quoi en faire. Sur les 460 hectares évoqués, tous ne sont pas exploitables et destinés à l’activité économique. Pour les autres, il faudra parfois amener ou renforcer les impétrants ; aménager les voiries ; amener de la terre, etc. Il nous reste à voir dans quels délais ces zones pourront accueillir des activités économiques. Cela représente un gros travail sur le long terme. »
Le premier arrêté concerne une superficie d’environ 37 hectares sur la commune de Grâce-Hollogne (au sud) où les activités de bureau et des infrastructures de soutien à l’aéroport passager seront privilégiées. Plus de 1 000 emplois devraient, à terme, être créés. » Une zone sera également réservée aux entreprises utilisant les équipements bimodaux rail-route en vue d’accueillir les infrastructures de groupage-dégroupage ainsi que des prestataires de services logistiques rail-route « , poursuit Christian Delcourt.
Le second arrêté classe un périmètre de 120 hectares en ZAE au nord de l’aéroport, cette fois. » Un périmètre bien moins développé que l’autre et qui sera subdivisé en quatre zones de fret à destination des entreprises logistiques utilisant les infrastructures de l’aéroport « , ajoute notre interlocuteur. Sur ces terrains qui sont les plus susceptibles de se développer dans le futur, près de 4 000 emplois devraient voir le jour.
» Ces vingt dernières années, nous nous sommes beaucoup concentrés sur la zone sud, située entre les pistes et l’autoroute. A l’avenir, nous mettrons le focus au nord, là où les possibilités foncières sont importantes. » Mené en partenariat avec la Sowaer, le développement des infrastructures d’accueil des activités économiques autour de l’aéroport liégeois entre dans le cadre du Plan Marshall 2. Vert et est soutenu à hauteur de 13 millions d’euros.
Pharma et e-commerce en ligne de mire
Si les enquêtes publiques, les permis d’urbanisme et la construction sont des étapes inscrites au planning, il est encore trop tôt pour dire quand le chantier sera terminé. » Des démarches commerciales doivent encore être mises en place, même si nous avons déjà reçu quelques marques d’intérêt « , complète Christian Delcourt. Potentiellement intéressés par le transfert de marchandises, les secteurs pharmaceutiques et de l’e-commerce représentent deux des cibles visées. » Tous les métiers liés au transport aérien nous intéressent, et le domaine pharmaceutique plus particulièrement dans la mesure où le secteur de la santé se développe très bien dans la région liégeoise, la Wallonie, où nous avons notamment des leaders européens et mondiaux. »
Premier aéroport cargo et troisième aéroport du pays en termes de passagers derrière BSCA-Gosselies et Zaventem, Liège Airport a vu ses activités de transport de marchandises reculer en 2012 (-14,5 %). La crise est passée par là, mais de nouvelles compagnies cargo ont désormais rejoint l’aéroport avec, en prime, de nouvelles destinations desservies. Une stratégie de diversification qui fonctionne. En témoigne la rentabilité de la filière immobilière Liège Airport Business Park, la société créée il y a trois ans, qui gère notamment les biens immobiliers, bureaux et entrepôts situés sur le site.
Développer le transport des passagers
En plus des marchés de niche que compte déjà l’aéroport (les articles périssables, les animaux vivants et les produits pharmaceutiques), Liège-Bierset compte intensifier une autre de ses activités : le transport de passagers. Une décision qui le met directement en concurrence avec le Brussels South Charleroi Aiport (BSCA), même si Charleroi reste numéro deux à l’échelle nationale.
» Nous ne sommes pas directement concurrents puisque ce sont les compagnies aériennes qui décident du lieu où elles comptent s’implanter, selon plusieurs modalités, et pas les gestionnaires, rétorque Christian Delcourt. Nos rivaux sont davantage Zaventem ou les aéroports situés aux Pays-Bas, en Allemagne, en France et au Luxembourg, une quinzaine au total. Il est aussi important de dire que nous ne proposons pas du low-cost, à l’inverse de BSCA, mais des vols charters et de tour-opérateurs. »
Interrogé par nos soins, un employé de Liège Airport (qui préfère rester anonyme) estime que les choix du management vont dans la bonne direction. » Liège Airport bénéficie d’une très bonne situation géographique (NDLR : au milieu du triangle de fret aérien européen Paris-Amsterdam-Francfort), témoigne-t-il. Malgré cet atout, beaucoup de gens de la région sont obligés de se rendre à Charleroi pour partir en vacances. Ils sont même prêts à aller à l’étranger, pas très loin de la frontière. Si nous pouvions répondre à leurs demandes et leur proposer plus de vols, ce serait tout bénéfice pour Bierset. »
Une concurrence pourtant potentiellement destructive, comme l’indiquait une étude sortie au printemps 2012 et qui conseillait aux deux sites aéroportuaires de fusionner. A quoi Jean-Jacques Cloquet, CEO du BSCA, rétorque : » C’est un fantasme : nous n’avons pas les mêmes spécialités ni les mêmes actionnaires. Par ailleurs, si Liège Airport a pu se lancer dans le transport de passagers, malgré ce qui était prévu au départ (NDLR : Liège se consacre au cargo et Charleroi au transport de passagers), je ne vois pas pourquoi nous ne pourrions pas, si l’opportunité se présente un jour, initier une activité fret. Nous verrons cela en temps et en heure, mais nous y réfléchirons certainement. »
Annabelle Duaut
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