Chine-Afrique La longue marche

L’épopée africaine de Pékin ressemble à une conquête triomphale. En quelques années, la Chine a bouleversé l’ordre postcolonial sur le continent. Pourtant, on décèle déjà quelques fissures dans l’édifice hâtivement bâti de l’amitié sino-africaine.

C’est jour d’examen au lycée Savorgnan-de-Brazza. Autant dire jour d’émeute. La cour du meilleur établissement de la capitale du Congo-Brazzaville est jonchée de projectiles que lancent des étudiants furieux. Il faut dire que, ce matin, la moitié des surveillants sont absents : c’est pour eux la date ultime pour aller toucher leur traitement à la banque. Au premier étage, une classe de russe a envahi le couloir et fait la grève du bac en déchirant les intitulés de l’épreuve, jugée  » trop dure « . Plus loin, tout indique qu’en philo la vocifération tient lieu de méthode de dissertation. De fait, on ne dénombre en ces lieux que quatre salles paisibles et appliquées, dans le dernier bâtiment. Là, on entend juste des soupirs, quand s’interrompt un instant le vacarme de la cour. Là, les étudiants courbent la nuque sur leur copie. Là, ils tracent de mystérieux idéogrammes : ce sont les classes de chinois.

Dans ce lycée dédié au fameux explorateur, l’effectif des apprentis sinisants a explosé. A tel point qu’il a fallu doubler le nombre de profs. Les élèves espèrent tous commercer un jour avec l’empire du Milieu ou travailler pour l’une des entreprises chinoises installées dans le pays. Au Congo-Brazza, tout ce qui est nouveau semble made in China : le stade, l’aéroport, la télévision, les routes, les appartements, les fausses baskets Nike, les téléphones, les jouets, les perruques, les produits de beauté bon marché et même les aphrodisiaques qui promettent des érections continues trois jours durant. Les immigrants chinois y affluent par milliers depuis quelques années, comme dans les 52 autres pays d’Afrique. Selon Huang Zequan, vice-président de l’Association de l’amitié des peuples chinois et africains, on recenserait déjà un demi-million de ses compatriotes en Afrique.

Les uns, envoyés par les autorités de Pékin, sont venus construire les barrages, routes et voies ferrées que l’Afrique attend depuis son indépendance pour amorcer enfin son décollage économique. Les autres espèrent simplement faire fortune dans les pays les plus pauvres de la planète. Et, dans certains cas, ils y parviennent.

L’Afrique incarne pour eux la nouvelle frontière, l’eldorado, le Far West du xxie siècle. A Brazzaville, Jessica Ye, arrivée les mains vides en 2000, vit désormais parmi 80 membres de sa famille, originaire de Wenzhou, au sud de Shanghai, et gère les affaires du clan, qui vont de la boîte de nuit à une gigantesque entreprise forestière. Sa compatriote Li Hui, infirmière de son état, est devenue quant à elle la conseillère beauté de la première dame, Antoinette Sassou-Nguesso, et règne sur un empire de centres de soins et de pharmacies. A Luanda (Angola), le plus gros importateur de ciment est chinois. A Lagos (Nigeria), l’Association des jeunes entrepreneurs chinois compte 200 membres, qui tous affichent une insolente prospérité.

Un salaire mensuel qui dépasse rarement 70 euros

Quel est le secret des fils du Ciel pour s’enrichir ainsi là où tant d’Occidentaux ne voient qu’une terre de misère, déversoir de l’aide humanitaire ? Il y a bien sûr le soutien tacite de leur gouvernement, qui cherche à garantir son accès aux matières premières dont regorge l’Afrique : pétrole, cuivre, uranium, bois, cobalt. Mais il y a aussi le courage et la pugnacité de milliers d’individus qui n’ont rien à perdre. Dans les fermes et les usines des provinces reculées du pays natal, le salaire mensuel dépasse rarement les 100 dollars, soit environ 70 euros. Puisqu’il est de plus en plus difficile de migrer vers les métropoles de la côte est, des agences d’exportation de main-d’£uvre ont fait leur apparition dans tout le pays. A Chongqing, dans le centre de la Chine, celle de Huang Yiming vient de remporter un gros contrat.  » Je suis chargé de recruter un millier d’ouvriers spécialisés en 2008 pour M. Li, un entrepreneur qui possède 40 usines au Nigeria, confie-t-il avec fierté. Le salaire en Afrique est de 500 dollars par mois, nourri-logé. « 

Les Chinois de Lagos parlent de  » M. Li  » – Li Wenlong – avec admiration. Ce pionnier produit les sandales en plastique qui chaussent 4 Africains de l’Ouest sur 10. Les échanges sino-africains affichent une croissance à couper le souffle : entre 2000 et 2007, ils ont septuplé, bondissant de 10 à 70 milliards de dollars. La Chine vient ainsi de ravir à la France le titre de deuxième partenaire commercial de l’Afrique, après les Etats-Unis. Et la plupart des analystes estiment que ce n’est là qu’un début : avec ses technologies simples et robustes, sa capacité de mobiliser des milliers d’ouvriers pour n’importe quel chantier et ses réserves de change phénoménales, la Chine a des chances de conquérir le leadership sur le continent noir et de le transformer en profondeur.

Dans les années 1980, l’Occident a entrepris de céder à Pékin une partie croissante de sa production. Vingt ans plus tard, les dirigeants africains, eux, sous-traitent carrément leurs missions de service public à la Chine. C’est à elle qu’ils s’adressent pour construire des écoles, des logements et des hôpitaux. C’est sur les qualités chinoises qu’ils misent pour combler leurs propres lacunes.  » Ces Chinois sont increvables, soupire Omar Oukil, conseiller du ministre algérien des Travaux publics, sur le coup de 16 heures, au terme de sa journée de travail. Eux font les trois-huit, sept jours sur sept. Nos compatriotes auraient bien besoin de se frotter un peu à leur culture du travail, si rigoureuse.  » Au même moment, dans la plaine de la Mitidja, au sud-est d’Alger, les Chinois du consortium Citic-CRCC mettent en place leurs équipes de nuit. Et pour cause : il ne leur reste que trente mois pour construire 528 kilomètres d’autoroute, assortis de 11 tunnels et de 25 viaducs.

Réussir en Afrique, là où tout le monde a échoué

A 4 700 kilomètres plus au sud, à Brazzaville, nul n’est mieux placé que Claude Alphonse N’Silou, ministre de l’Habitat et de la Construction, pour témoigner de l’efficacité des Chinois. Ceux-ci bâtissent dans la capitale plus d’un millier de logements. Ils construisent également sa propre villa, un palais de style gréco-romain à côté duquel la nouvelle ambassade américaine voisine fait figure de petit bunker. C’est là, dans une partie habitable du chantier, que le ministre reçoit à la nuit tombante. Dehors, les ouvriers chinois de l’entreprise WIETC ont allumé les projecteurs pour continuer de tourner le béton et de clouer les coffrages.  » Vous avez vu comme ils travaillent ?  » lance-t-il, jovial.

Il faut pourtant quitter les salons pour constater que l’épopée chinoise, pour spectaculaire qu’elle paraisse, n’est pas exempte d’embûches. Dès lors que les Chinois sont les acteurs, chez eux, d’un véritable miracle économique, bien peu doutaient de leur aptitude à réussir en Afrique, là où tout le monde a échoué. En vérité, ils se heurtent aux mêmes obstacles que les Occidentaux : corruption, clientélisme, instabilité politique, mauvaise volonté, voire résistance des populations, sans oublier les contraintes météorologiques. Ainsi, l’usage officiel veut que l’on présente le chantier du barrage d’Imboulou, au Congo, comme un immense succès, susceptible de doubler dès 2009 la production électrique nationale. La Banque mondiale, jugeant le pays trop endetté, n’a jamais voulu le financer. La Chine lui a donc consacré 280 millions de dollars, qui seront remboursés en pétrole congolais. Le résultat ?  » Je deviens fou avec ces Chinois, confie sous le sceau de l’anonymat un ingénieur de la société allemande Fichtner, chargée d’inspecter les travaux. Ils sont en train de faire un barrage au rabais.  » A l’en croire, le ciment utilisé n’a pas la qualité réglementaire et les sondages géologiques ont été bâclés ; à tel point qu’une moitié du barrage repose sur une immense poche d’eau qui ne cesse d’inonder le chantier et menace la stabilité de l’ouvrage.

Terrassé par une crise de paludisme, le patron chinois du projet d’Imboulou, Wang Wei, peine à réfuter ces accusations :  » C’est mon premier séjour en Afrique « , dit-il. C’est aussi la première fois que sa compagnie, la Cmec, édifie un barrage. Elle était jusqu’alors engagée dans l’import-export de machines de chantiers. Ses difficultés, Wang Wei les impute au climat africain.  » La saison des pluies, geint-il, est trop longue ici. Nous avons un peu de retard, mais nous sortirons victorieux de notre combat contre la nature.  » L’homme de la Cmec en veut aussi aux ouvriers, si mal payés qu’ils disparaissent dès qu’ils ont acquis un peu de savoir-faire. Il aurait donc demandé au gouvernement congolais de lui fournir des prisonniers, à coup sûr plus dociles.

Depuis quelques années, l’Angola passe pour le succès le plus éclatant de la présence chinoise en Afrique. En 2003, après vingt-huit ans d’une guerre civile qui a mis le pays à genoux, les pays occidentaux refusent d’orchestrer une conférence des donateurs, en raison du manque de transparence chronique des autorités et de l’évaporation de milliards de dollars des revenus pétroliers. Luanda se tourne alors vers la Chine, qui propose entre 7 et 10 milliards de dollars de crédit pour reconstruire le pays et en faire son premier fournisseur d’or noir. Il faut cependant s’attendre à quelques surprises lorsqu’on tente de remonter la ligne de chemin de fer qui relie Lobito à la frontière de l’ex-Zaïre. C’était l’artère vitale de l’Angola colonial, entièrement détruite durant la guerre, et que les Chinois ont promis de rebâtir en priorité, avant l’été 2007. Or en octobre de la même année, ils ont brusquement évacué leurs bases vie le long de la voie.  » Pendant des mois, les Chinois ont construit leur camp et amené des bulldozers tout neufs, témoigne le garde du camp d’Alto-Catumbela, un ancien centre industriel du plateau angolais ravagé par la guerre. Et puis, la semaine dernière, ils ont tout démonté, mangé leurs chiens et décampé.  » Au fond du vaste terrain, on devine encore l’emplacement des baraques. A Lobito, le directeur adjoint de la Compagnie du chemin de fer de Benguela, José Manuel M. Vas de Carvalho, croit savoir que le contrat de 2 milliards de dollars a été annulé.  » Mais je n’en sais pas plus, admet-il. Les négociations se déroulent à un très haut niveau. « 

 » Payez vos dettes et revenez nous voir « 

Le très haut niveau, du côté chinois, c’est un mystérieux holding de Hongkong, le China International Fund (Cif), chargé de coordonner les crédits et les travaux en Angola. Son site Internet présente une trentaine de projets colossaux, dont aucun n’est sorti de terre. Mais les indices d’une crise aiguë sont nombreux : à Lobito, un contrat de raffinerie chinoise de 3 milliards de dollars a été dénoncé, tandis que 2 milliards de dollars auraient disparu de la caisse des crédits chinois. Ce qui fait les délices d’une vingtaine d’ambassades occidentales à Luanda, promptes à envoyer des messages cryptés à leur capitale pour détailler la dispute sino-angolaise. Tous rêvent de reprendre la main dans un pays qu’ils croyaient perdu.  » Le seul qui pourrait comprendre quoi que ce soit aux relations entre le Cif et le Cabinet national de reconstruction, c’est le comptable d’Al Capone « , ironise un diplomate étranger, très satisfait de son trait d’humour. Une autre chancellerie enfonce le clou :  » A nos amis angolais nous disons ceci : C’est super, votre petite promenade avec les Chinois. Amusez-vous bien. Mais quand vous voudrez jouer dans la cour des grands, payez vos dettes et revenez nous voirà « 

L’Angola : un des taux de croissance les plus élevés

Malgré l’arrogance et le paternalisme que trahissent ces propos, c’est un peu ce qui est en train de se jouer. La tension avec Pékin s’explique notamment par l’incroyable enrichissement de l’Angola depuis l’octroi des premiers crédits chinois, en 2004. En cinq ans, grâce à la flambée du cours de l’or noir, le pays a engrangé 100 milliards de dollars et affiche l’un des taux de croissance les plus élevés du monde, estimé à 25 %. Luanda a donc les moyens de ne pas s’enfermer dans une relation exclusive avec un partenaire aussi vorace et exigeant. En Afrique, il arrive fréquemment que, passé l’effet d’annonce, des contrats faramineux passent discrètement à la trappe. Au Nigeria, un accord d’avril 2006 prévoyait 2 milliards de dollars d’investissement de la compagnie pétrolière chinoise CNPC dans la raffinerie décrépite de Kaduna. Annulé. Dans certains cas, il s’agit de la part des dirigeants africains d’une stratégie délibérée. Le dévoilement de pactes mirifiques a le mérite d’alarmer les partenaires occidentaux, histoire de leur arracher de meilleures modalités.  » Ecrivez bien dans votre journal que les Chinois n’ont pas le monopole, et que nous serions ravis de faire travailler les Européens, si leurs offres s’avèrent compétitives « , entend-on souvent dans les ministères africains. Tel fut le cas au Niger, où le français Areva, n° 1 mondial du nucléaire civil, a quasi doublé le prix d’achat de l’uranium, pour s’adjuger voilà peu le gisement d’Imouraren.

 » Ils nous prennent pour des demeurés « 

Lorsqu’elle se sent ainsi  » lâchée « , la Chine peut difficilement en appeler aux opinions publiques. En dépit de leur discours sur la fraternité des peuples et leur absence de passé colonial, les nouveaux conquérants asiatiques demeurent impopulaires. Les relations sont sans doute trop récentes – et trop formelles – pour que se nouent suffisamment de liens personnels. Il est ainsi très rare de voir des ouvriers chinois et africains employés sur le même chantier aller boire une bière ensemble à la fin de la journée.

Un autre exemple ? La scène se joue près de Benguela, dans le sud de l’Angola, avec un petit groupe d’ouvriers angolais chargés de creuser une tranchée dans laquelle le géant chinois des télécoms, Huawei, s’apprête à poser un câble à fibre optique. L’équipe semble désemparée : un collègue venu d’Asie a péri le matin même en sautant sur une mine antipersonnel. Mais ce drame ne les dissuade pas de se plaindre :  » Les Chinois mesurent la tranchée tous les soirs, dit l’un d’eux. Si on ne fait pas 5 mètres de long par 1 mètre de fond, ils ne paient pas nos 5 dollars quotidiens. Eux ne connaissent que deux mots en portugais : « Cava, cava » [Creuse, creuse]. Ils nous prennent pour des demeurés et l’envie de nous frapper les démange dès que quelque chose ne va pas. « 

Autre indice, la rareté des couples mixtes afro-chinois. Un seul recensé officiellement en Algérie – où la télé nationale a consacré un reportage à la naissance de son premier-né – et quelques dizaines sur le reste du continent.  » Les Africains et les Chinois pensent de manière différente, explique Xia Yi Hua, patron de la société China Jiangsu dans le sud de l’Angola. Si un de nos employés a une relation avec une femme locale, il est renvoyé au pays. « 

Ici ou là sont apparus des mouvements de résistance aux  » envahisseurs « . A Dakar, le puissant lobby des commerçants libano-sénégalais a organisé dès juillet 2004 plusieurs manifestations contre les boutiques chinoises, accusées de casser les prix. A la clef, des échoppes incendiées et un ultimatum lancé au président Abdoulaye Wade, sommé d’expulser tous les Chinois du pays. S’il n’a pas obtempéré, le chef de l’Etat a obtenu le verrouillage des visas délivrés par son ambassade à Pékin. Quant à  » ses  » négociants, ils obtiennent désormais plus aisément leur sésame pour l’empire du Milieu. Ce qui leur permet de remonter les filières jusqu’à la source et d’arrondir leurs marges sur les produits importés.

C’est en Zambie que les sentiments antichinois semblent les plus vivaces. En avril 2005, un accident dans la mine de cuivre de Chambishi, où les normes de sécurité sont bafouées, fait 45 morts. Aussitôt, les mineurs manifestent contre leur employeur et trouvent un écho dans la capitale, Lusaka. Là, le leader de l’opposition, Michael Sata, dirige l’année suivante sa campagne présidentielle contre les Chinois, accusés de ruiner le pays. Cinq mois plus tard, en février 2007, le président chinois, Hu Jintao, doit renoncer en pleine tournée africaine à visiter la  » ceinture de cuivre « , région des mines, par crainte d’une nouvelle révolte des ouvriers. Jamais un leader chinois n’avait subi pareil affront en Afrique. L' » ogre  » chinois peine à man£uvrer dans des pays plus démocratiques que lui. Il a ainsi semblé décontenancé lorsque des dockers sud-africains syndiqués ont refusé, en avril dernier, de décharger un cargo qui devait livrer des armes à un Zimbabwe en plein chaos, au lendemain d’élections perdues par le dictateur Robert Mugabe et sa clique. Les protestations chinoises ont alors déclenché une cascade de réactions hostiles de la part des autorités judiciaires et religieuses sud-africaines, mais aussi du président zambien, pourtant allié de Pékin. Et finalement de toutes les opinions publiques d’Afrique australe.

Le Soudan, seul vrai succès pétrolier chinois en Afrique

L’intérêt pour le pétrole africain est une des clefs de la stratégie chinoise sur le continent noir. Pas tant pour celui que Pékin achète au prix du marché, et qui représente environ 20 % du montant de ses importations, mais pour celui que les sociétés chinoises parviennent à produire elles-mêmes. Les pays pétroliers africains sont ceux qui ont attiré le plus d’investissements chinois. Reste que la récolte est maigre. Au Nigeria, la compagnie Cnooc a acheté 45 % du champ offshore d’Akpo, opéré par les Français de Total, pour 2,3 milliards de dollars en janvier 2006. Mais Akpo avait précédemment été proposé pour 2 milliards de dollars à la compagnie nationale indienne, qui l’a jugé non rentable. Le manque de maîtrise de l’exploitation en eaux profondes est un handicap majeur pour les compagnies chinoises, évincées de la plupart des offres alléchantes du golfe de Guinée. Elles se sont rabattues sur la côte orientale de l’Afrique, dont les réserves prouvées sont bien moindres. Dès lors, le seul vrai succès pétrolier chinois en Afrique, c’est le Soudan. Voilà un pays dont les compagnies internationales ont dû se retirer dans les années 1980, en raison de la guerre civile et des sanctions américaines. La CNPC en a profité pour investir massivement, construisant les puits mais aussi deux raffineries et un immense oléoduc vers Port-Soudan. Si le pays a pu devenir exportateur de pétrole en 1999 et si Khartoum connaît aujourd’hui un boom économique, c’est grâce à la Chine.

La realpolitik a remplacé l’amitié entre les peuples

Cette primauté est pourtant plus fragile qu’il n’y paraît. Car le régime d’Omar el-Bechir souhaite diversifier ses partenaires pétroliers, plaçant Pékin devant un dilemme épineux. D’un côté, la Chine a intérêt à ce que Khartoum mette un terme définitif aux massacres du Darfour, pour ne pas entacher davantage sa réputation de  » puissance pacifique « . De l’autre, elle a besoin que le niveau de risque politique reste significatif afin de s’assurer que Chevron, Total ou Shell ne remettent pas les pieds trop tôt au Soudan. Entre la Chine et l’Afrique, la realpolitik a déjà remplacé l’amitié entre les peuples. Ce n’est pas encore l’échec, mais au moins la fin d’un éphémère  » miracle « . l

l Serge Michel. Reportage photo : paolo woods; S. M.

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