Chère Marie-Dominique Simonet,

J’ai été ravi d’apprendre, tout récemment, vos projets visant à instituer une collaboration entre l’université de Liège et la FN pour le développement des armes moins létales.

 » Armes moins létales  » ! Comment ne pas se réjouir face à un paradoxe aussi merveilleux dissimulé derrière une expression faisant preuve d’une surdose de créativité entièrement au service de notre Belle Langue Française ?

On imagine la réunion chez les Board Directors et autres CEO de la FN :  » Messieurs, l’heure est grave ! Certes, nous vendons toujours aussi bien. Mais notre image est déplorable. Nous sommes vus comme des méchants marchands de mort, sous prétexte que ceux qui se trouvent du mauvais côté de nos produits n’ont que rarement droit à une deuxième chance. Quelqu’un a une idée pour améliorer notre brand profiling auprès du grand public ? » Du fond de la salle, une petite voix se lève :  » Si j’ai bien compris, le problème, c’est que nos armes sont mortelles. Pour améliorer notre popularité, il suffit de créer des armes moins mortelles .  »

Malgré les lazzis et les rires gras de ses collègues, notre inventeur n’abandonne pas l’idée. La retravaille. Evidemment,  » arme moins mortelle « , ça fait un peu tarte. Alors, il prend un dictionnaire et, bingo !, il découvre qu’un des synonymes de  » mortel « , c’est  » létal « . C’est joli, létal ! Ça fait chic, technologique, anglo-saxon. Et, en plus, à part les médecins, personne ne sait ce que ça veut dire. Reste encore à trouver ce que c’est, exactement, qu’une arme moins létale. Mais bon, ça, ce sera pour demain, à chaque jour suffit sa peine.

Je vous l’avoue, cette idée d’une arme qui ne tirerait qu’un coup sur deux, ou qui tirerait systématiquement en l’air, ou qui ne tirerait que des cartouches qui font  » pouêt  » me laisse songeur. Imaginez, chère Marie-Dominique, comme notre société serait plus belle si les choses ne faisaient pas systématiquement ce qu’on attend d’elles. Place donc à ces nouveaux concepts paradoxaux, promis, forcément, à un grand avenir pour peu qu’on leur trouve un nom qui fasse anglais :

Les armes de destruction moins massive. Notre pays est trop petit pour produire des Armes de Destruction Massive ? Pas de problème, il suffit de se spécialiser dans l’extrême opposé : des armes qui laissent civils, combattants et immeubles intacts. En pratique, il suffira de racheter un stock de pétards et de le refiler à une quelconque dictature exotique qui n’y verra, c’est logique, que du feu.

Le GP de formule 1 moins expensive. Il suffirait de remplacer Bernie Ecclestone par Bertrand Gachot. Comme Ecclestone, Gachot ne ferait rien. Mais il a promis qu’il demanderait moitié moins cher pour le faire.

Le beaujolais nouveau moins disgusting. Moi non plus, je ne vois pas très bien comment on pourrait faire, mais demandez à vos amis de l’ULg : des types capables de créer des armes moins létales peuvent bien réaliser d’autres prodiges.

Le CDH moins useless. Oui, bon, on peut toujours rêver…

Marc Oschinsky

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