Cher Rik Daems,

Au début, je n’y ai pas cru. Quoi ? Vous vous apprêtiez à vous retirer de l’avant-scène ? Mais de quoi allaient bien pouvoir vivre les satiristes, ceux qui, dès qu’ils entendaient votre nom, savaient que leur semaine était faite ? Puis je me suis fait une raison : l’amour est le plus fort. Et pourtant, Rik, laissez-moi vous dire que vous allez nous manquer.

Comment oublier votre déclaration, faite devant l’une ou l’autre commission parlementaire ? Vous savez, celle où vous aviez déclaré, en regardant vos interlocuteurs dans le blanc des yeux, que,  » sincèrement, je crois que notre gestion a été bonne « . La gestion en question étant celle de la Sabena, vous aviez forcé certains à se dire que si, en Belgique, une bonne gestion se terminait par une faillite retentissante, ils étaient curieux de voir à quoi pouvait bien ressembler une mauvaise. D’autres, cependant, avaient reconnu la grandeur de votre travail : grâce à vous, les nuisances sonores aux alentours de Zaventem avaient diminué.

Et la fois où vous avez pris la défense des fraudeurs fiscaux ! Vous étiez apparu dans un magazine flamand pour expliquer que si certains trichaient avec les impôts, c’est qu’ils avaient de l’argent, et que, s’ils avaient de l’argent, c’est qu’ils avaient travaillé dur pour le gagner, pas comme ces fraudeurs sociaux. Une déclaration tout en finesse, devant votre riante villa bâtie dans ce délicat style post-kitsch tendance Hollywood-sur-Dyle.

Très vite, une salve d’applaudissements avait suivi : il y avait ceux qui estimaient vos paroles  » pas très intelligentes  » et ceux qui les trouvaient  » trop bêtes pour en parler « . Et un homme qui suscite une telle unanimité chaque fois qu’il ouvre la bouche ne peut pas être entièrement mauvais.

Oui, Rik, en quelques années, vous avez réussi à vous propulser au firmament des stars médiatiques de ce pays. Bon, c’est vrai, ces derniers temps, la concurrence s’est faite rude, Karel De Gucht faisant ce qu’il pouvait pour tenter de vous égaler. Mais il a pas mal déçu lors de son récent voyage aux USA : pas la moindre phrase commençant par  » Comme me le disait encore l’autre jour mon ami Ben Laden… « . Vous voyez, Rik, personne ne vous arrive à la cheville.

Et maintenant, qu’allez-vous faire ? Prendre des nouvelles de vos amis de la Swissair que vous avez perdus de vue depuis quelques années ? Lancer la section locale du PS pour Leuven et le Vlaams-Brabant ? Vous présenter aux prochaines communales à Schaerbeek, sur une liste commune avec Daniel Ducarme ? Allez Rik, ne décevez pas vos innombrables admirateurs, the show must go on, et sans vous, ce n’est plus tout à fait pareil.

Marc Oschinsky

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