Chantage sur la ville

Lapierre et Collins se retrouvent pour imaginer le pire : une bombe atomique sur New York

New York brûle-t-il ?, par Dominique Lapierre et Larry Collins. Laffont, 297 p

En matière de terrorisme, le mélange entre réalité et fiction n’est pas toujours heureux. La preuve avec ce nouveau roman de Dominique Lapierre et Larry Collins. Après plus de vingt ans de séparation littéraire, ils ont écrit à quatre mains ce thriller qui n’est pas sans rappeler leur ancien best-seller Le Cinquième Cavalier. Les auteurs, après deux ans d’enquête au Rajasthan, en Israël et aux Etats-Unis, ont en effet acquis la conviction qu’Al-Qaeda, si elle le désirait, pouvait poser une bombe atomique au c£ur de Manhattan. Et le démontrent.

L’histoire commence juste avant la guerre d’Irak, lorsque Saddam, pressentant sa fin prochaine, confie à un certain Imad Mugnieh une valise avec la recette de la bombe atomique. Mugnieh file chez Ben Laden, réfugié dans une grotte, où il convainc Abdul Sharif Ahmad, le père de l’atome pakistanais, et Habib Bol, un ancien des services secrets, d’opérer ce chantage : si Israël ne retire pas ses colons de Cisjordanie, New York sera rayée de la carte. Les terroristes dérobent donc de l’uranium enrichi au Pakistan, le font transiter par l’Inde puis parvenir par bateau à New York. Trois fous de Dieu installent l’engin dans un appartement de la 7e Avenue. Et le chantage commence, en pleine campagne présidentielle. Tandis que les services secrets cherchent la bombe, George Bush tente en vain d’amener Sharon à céder. Condoleezza Rice, elle, fait un numéro de charme à Ahmad. Selon le rituel de tout scénario catastrophe, 1 million de New-Yorkais sont sauvés in extremis après la traditionnelle scène de désamorçage de l’engin.

Malgré la démonstration convaincante des failles de la sécurité américaine, d’où vient le malaise à cette lecture ? Des raccourcis saisissants sur le montage d’une opération si complexe ? Des portraits caricaturaux des grands de ce monde ? De leurs dialogues frisant parfois le ridicule ? Parce que ce roman flirte avec l’actualité brûlante, parce que chacun sait que, hélas ! l’extrême terrorisme n’a plus rien d’un scénario hollywoodien, parce que, en Irak, à Madrid, à New York, la peur n’est plus un jeu avec happy end à la clef, on a envie de dire stop. Comme si un vieux filon littéraire, soudain, commençait à s’épuiser.

Olivier Le Naire

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire