Championne toutes catégories ?

Quadruple lauréate à Roland-Garros, Justine Henin court après un premier succès à Wimbledon. Dès cette année ? De Wulf et Hoferlin y croient.

La terre est battue. Justine est bien la reine de Paris. Sa quatrième victoire à Roland-Garros, remportée haut la main, fait d’elle une championne d’exception. La plus grande sportive belge de tous les temps ? Sans doute. A juste 25 ans. Un titre olympique, six trophées et quatre finales perdues en grand chelem. Il sera difficile de faire mieux. Mais la championne n’a pas gagné Wimbledon. Un trou dans son palmarès. Des puristes en sont verts. Roger Federer court après Roland-Garros, Justine après un succès à l’Old England. Entrera-t-elle cette année dans la légende ?

 » Il ne lui manque vraiment pas grand-chose, estime Filip De Wulf, l’un des pionniers du tennis belge qui gagne. L’année dernière, Justine est passée tout près. Battue en finale, en 3 sets, par Amélie Mauresmo. Ce qui lui manque ? Un peu de lucidité.  » Le demi-finaliste de Roland-Garros en 1997, reconverti en journaliste pour Het Laatste Nieuws , est persuadé que la n° 1 mondiale va remporter Wimbledon. Tôt ou tard…  » Justine acquiert une expérience précieuse au fil des années. Cela va lui servir « , prévoit-il.

Mais le jeu de Justine, si dévastateur sur la brique pilée, peut-il faire autant de dégâts sur gazon ? Dewulf n’en doute pas un instant.  » Sur la terre battue, les qualités d’endurance sont déterminantes. Sur le gazon, on joue avec moins d’effet et davantage de  » slice ». Il faut s’appliquer. Bien descendre sur les jambes. Il s’agit surtout de bien servir et de bien retourner. Et Justine a tout ce bagage technique ! Et même une excellente volée. Si elle est physiquement au point, elle pourra exploiter parfaitement toutes ses armes.  »

La transition terre-gazon n’est toutefois pas facile à digérer. Il n’est pas donné au premier champion venu de pouvoir à la fois maîtriser le jeu sur brique et celui sur herbe. Roger Federer en sait d’ailleurs quelque chose, lui qui éc£ure ses adversaires avant, après, mais jamais pendant les Internationaux de France…

Julien Hoferlin, capitaine de l’équipe belge de Coupe Davis, estime que trois critères doivent être remplis avant de voir Henin s’offrir Londres.  » Primo, il y a la récupération physique et mentale après sa victoire à Paris, succès qui lui a coûté beaucoup d’énergie. Trois ou quatre jours, au moins, sont nécessaires avant de repartir sur une autre surface. Secundo, il y aura son programme d’entraînement sur gazon. Fera-t-elle l’impasse sur certains rendez-vous ? Tertio, si elle n’a pas trop l’occasion de jouer sur gazon, il lui faudra éviter les matchs pièges lors de ses premiers tours. Même à Roland-Garros, où elle est montée en puissance, il lui a fallu effectuer quelques réglages au cours de la première semaine.  »

Justine n’a pas peur d’échouer

Le mental d’acier de la joueuse belge constitue également un fameux atout. Justine ne connaît pas vraiment la peur d’échouer. Dans les moments importants, elle répond présent à presque tous les coups…  » Elle est super bien dans sa tête et, croyez-moi, ses adversaires le savent , soutient Hoferlin. Elle a à nouveau remporté Roland-Garros dans la peau d’une favorite. Cela force le respect. En plus, elle a le jeu pour s’imposer sur le gazon et possède surtout une volonté farouche de remporter Wimbledon. Elle a l’expérience des deux finales qu’elle a perdues.  »

Alors, plus de gazon maudit pour Henin en 2007 ? Julien Hoferlin et Filip De Wulf seraient prêts à le parier. Mais même en cas d’échec à Wimbledon cette année, Justine Henin ne se serait pas définitivement mis la légende à dos.  » En prenant confiance dans sa volée et avec le fruit de son expérience, je suis certain qu’à l’avenir cela ira très bien pour elle à Londres « , assure De Wulf. Pour rappel, Martina Navratilova, recordwoman des titres à Wimbledon, a remporté son 9e trophée en 1987, à 30 ans, alors qu’en 1908 Charlotte Reinagle Cooper Sterry surprenait tout le monde du haut de ses 37 printemps et 282 jours ! Cool, Justine, t’as le temps… l

Alexandre Charlier