Ces Bruxellois qui font le buzz

Ils sont des milliers à Bruxelles à relever le défi de l’innovation, de la créativité, de l’originalité pour mener à bien leur entreprise, leur commerce, leur projet social ou culturel. Bien ancrés dans leur époque, les yeux rivés sur l’avenir, indifférents à la morosité ambiante, certains émergent et leur aventure peut avoir valeur d’exemple. Voici quelques perles qui font briller la capitale. Ou le feront bientôt.

1. Dans l’économie partagée Färm, Bees Coop… Le supermarché écoresponsable

Sortir des sentiers traditionnels de la distribution. Et favoriser une alimentation locale et les circuits courts. Les Bruxellois souhaitent de plus en plus se réapproprier leur assiette. A côté des supermarchés et autres épiceries bio fleurissent donc d’autres modèles d’achat. Plus participatifs, plus coopératifs et davantage sensibles aux filières locales.

Avec Färm, la ferme débarque en quelque sorte en ville. Cette coopérative vient d’ouvrir sa troisième grande surface entièrement bio à Auderghem, après Etterbeek et la place Sainte-Catherine au centre-ville. Produits bio et de saison, circuits courts et développement durable sont mis à l’honneur. Tandem fondateur, Baptiste Bataille et Alexis Descampe ont déniché des produits issus d’agriculteurs établis dans un rayon de 80 kilomètres maximum des magasins.  » Nous nous inscrivons dans un modèle économique, contrairement à d’autres coopératives, explique Alexis Descampe, qui compte 183 coopérateurs et une quinzaine de fournisseurs. Mais le bénéficie commercial est ouvert à tous les coopérateurs.  »

L’autre initiative dont on parle beaucoup est précisément une coopérative aussi, mais participative et sans but lucratif. Bees Coop, qui ouvrira en septembre prochain, rue Van Hove à Schaerbeek, sera le premier supermarché belge du genre. L’enseigne proposera des produits sains, écoresponsables et à un prix abordable.  » Il s’agit d’un projet d’économie sociale et solidaire, précise Quentin Crespel, l’un des coordinateurs. Ce qui signifie qu’il ne sera ouvert qu’aux coopérateurs. On en vise 500 d’ici l’ouverture. L’autre condition est que les coopérateurs donnent trois heures de leur temps par mois pour participer à la gestion du magasin.  » Une manière de réduire les coûts et donc les prix. Le projet suscite déjà un certain enthousiasme. Cent personnes en font déjà partie. Elles ont sélectionné une quinzaine de producteurs ou fournisseurs selon plusieurs critères (produits bio, locaux, issus du commerce équitable, emballages limités).  » Nous voulons démocratiser l’alimentation saine et durable à Bruxelles.  » Un modèle appelé à se reproduire puisque Bees Coop veut favoriser l’économie de partage. Une préouverture a eu lieu début février.

En cours de constitution, Recup’Kitchen, de son côté, récupère des invendus alimentaires provenant des marchés bruxellois et des produits issus du potager Latinis, à Schaerbeek. Une cuisine mobile (une caravane), installée sur le site de l’ancienne gare Josaphat, proposera des plats à petits prix. Financement en cours sur Growfunding.be. X. A.

Betacowork, The Mug, La Récré… La capitale du coworking

Le coworking est une façon de travailler basée sur l’échange : on partage des espaces (salles de travail, de réunion, de détente, cuisine) et des équipements (mobilier, Internet, imprimante) avec des personnes qui travaillent sur d’autres projets, n’ont pas les mêmes objectifs ou les mêmes compétences. La fin de l’isolement professionnel pour de nombreux entrepreneurs en herbe. Le phénomène a le vent en poupe dans la capitale. L’indépendant ou l’entrepreneur qui souhaite tester la formule visant à partager un espace de travail a aujourd’hui l’embarras du choix.

Une vingtaine de lieux sont aujourd’hui accessibles à Bruxelles et il y en a pour tous les goûts. Des grosses machines comme Betacowork (Auderghem) ou Factory Forty (Forest). Des plus cosy comme The Mug (Etterbeek), The Library (Etterbeek) ou encore La Récré (Ixelles), l’un des petits derniers.  » Il faut bien différencier les espaces de coworking qui mettent en relation des personnes et organisent une communauté et ceux qui n’offrent que du café et des services, souligne Ramon Suarez, fondateur de Betacowork et pape du coworking à Bruxelles. Ce n’est pas la même chose.  »

En cinq ans, le nombre d’espaces de coworking s’est nettement développé, même si la croissance est un peu plus lente que prévu.  » Il pourrait y en avoir encore plus, vu la quantité d’entrepreneurs et de freelances à Bruxelles, jubile celui qui est également président de la European Coworking Assembly. Ce n’est certes pas un business florissant : nous ne sommes pas dans l’immobilier mais bien dans le relationnel. Il est nécessaire d’avoir au moins trente places pour être rentable et créer une communauté.  »

Parmi les prochaines ouvertures, notons celle de l’ex-roi du porno, l’Allemand Fabian Thylmann, qui inaugurera très bientôt un espace de coworking de 1 000 m2 aux Quatre Bras de Tervuren.  » De nouveaux lieux vont ouvrir à l’avenir, conclut Ramon Suarez. De plus en plus d’indépendants auront besoin de soutien. Ce modèle a un bel avenir devant lui.  » X. A.

SERGE LITVINE, LE COLLECTIONNEUR D’ÉTOILES

Entrepreneur à succès, gastronome averti et homme de goût. Rien ne semble résister à Serge Litvine. Cet homme d’affaires qui partage son temps entre Luxembourg, Paris et Bruxelles a la tête dans les étoiles. Cinq pour être précis : une à la Villa Lorraine, deux à la Villa in the Sky et deux au Seagrill (propriétaire à 50 %). Sans oublier la Villa Emily, qu’il vient de racheter, et la brasserie Classico. Ce qui en fait le seul Bruxellois à diriger au moins deux restaurants étoilés.  » Les étoiles ne sont pas une fin en soi, se défend l’ex-patron des Gaufres Milcamps. Ce qui m’intéresse, c’est que le restaurant soit plein et que les gens y passent un bon moment.  »

A 60 ans, cet amateur d’art moderne (Dubuffet, Vasarely, Poliakoff), collectionneur d’anciennes Rolex, est arrivé dans le petit monde de la gastronomie par hasard. S’il aime cuisiner et est un grand épicurien, il n’a pas l’âme d’un grand chef.  » La passion a davantage guidé mes investissements que le rendement. Ce sont des circonstances particulières qui m’ont permis d’acquérir ces établissements. Une opportunité (Villa in the Sky), le soutien d’un ami (Seagrill)… ou une volonté délibérée (Villa Lorraine).  »

Ce père de quatre enfants, dont deux travaillent dans ce segment – sa fille Tatiana dirige le pôle restaurant, son fils Vladimir gère la branche traiteur -, n’entend pas s’arrêter là.  » Je n’ai pas l’ambition de racheter d’autres restaurants pour devenir l’ogre de la restauration bruxelloise. Mais cela dépendra des opportunités.  » X. A.

STÉPHANIE MANASSEH, LA PASSEUSE D’ART CONTEMPORAIN

E lle est sans doute la plus bruxelloise des Canadiennes. Voici vingt ans que Stephanie Manasseh s’est installée en Belgique et bientôt dix qu’elle organise l’Accessible Art Fair Brussels dont elle a inventé le concept.  » L’idée est de permettre aux artistes émergents de rencontrer le public et à celui-ci d’accéder à des oeuvres abordables, précise- t-elle. L’accessibilité fonctionne dans les deux sens.  » Neuf artistes multidisciplinaires – peintres, photographes, sculpteurs… – étaient réunis la première fois, chaque édition en expose désormais une soixantaine, dûment choisis par un comité de sélection professionnel.  » On privilégie toujours la qualité à la quantité.  »

Le prix des oeuvres ne dépasse pas la dizaine de milliers d’euros. Et le public suit puisque la foire attire plus de 5 000 visiteurs en quatre jours, un chiffre très honorable pour une expo-vente d’art contemporain. Longtemps hébergée dans les salons chics de l’ex-hôtel Conrad, l’AAFB fêtera ses 10 ans en septembre prochain au Musée juif de Belgique. Une façon pour Stephanie Manasseh de célébrer le brassage culturel qu’elle affectionne dans sa ville d’adoption. Et qu’elle veille à préserver avec des artistes de toutes origines. Pour cette autodidacte devenue experte, consultante et commissaire d’exposition (pour les Art & Design Sessions de BMW, notamment), 2016 sera l’année de l’expansion internationale. Pas n’importe où : en novembre, l’AAF établira pour un mois ses quartiers à New York ! Avec des artistes bien de chez nous, à savoir d’Europe et de sa capitale. Ph. B.

Coucou, Tale Me, Meet my closet… Des vêtements chics à la portée de tous

Trois initiatives qui se ressemblent, trois start-up qui proposent des locations de vêtements pour courte ou longue durée. Marie Berlier et Donatienne Gérard ont lancé Coucou l’été dernier. Sans business plan, dans les caves du domicile de la première. Succès immédiat.  » Il y avait un réel besoin de pouvoir mettre la main sur des robes de soirée ou des tenues de créateurs, à prix démocratiques, explique Marie Berlier. Nous sommes dans l’économie de partage et visons à diminuer la consommation. Cela permet également de dépenser davantage d’argent pour les vêtements de tous les jours.  » La location varie de 10 à 45 euros. Le stock se compose d’un tiers de nouvelles pièces, d’un tiers de dépôts et d’un tiers de créations. Soucieuses de professionnaliser leur activité, les deux comparses sont en quête d’un local à Saint-Gilles. Ce qui leur permettra de fragmenter leur offre : coin mariage, femme enceinte, accessoires, etc. D’autres ouvertures sont prévues à Bruxelles et dans le Brabant wallon.

Conçue par Anna Balez et Catherine Lambert, Tale Me permet de louer des tenues originales pour enfants (0-3 ans), dessinées par de jeunes créateurs belges. Il faut s’abonner (29 euros/mois) pour recevoir cinq tenues, préalablement choisies dans les collections de couturiers. Les vêtements peuvent être échangés tous les deux mois. Enfin, Meet my closet est un système participatif de location de vêtements et d’accessoires entre particuliers, pour des occasions spéciales. Cette plate-forme activée il y a quelques semaines par Arthur Spaey et Imène Harrabi favorise les rencontres entre les personnes qui mettent en location leurs vêtements. X. A.

Tout le monde se lève pour MyMicroInvest

La plate-forme de financement participatif (crowdfunding) MyMicroInvest, fondée en 2011 par José Zurstrassen, Olivier de Duve, Guillaume Desclée et Charles-Albert de Radzitzky, est l’une des plus belles success stories bruxelloises de ces dernières années. Ce mode de financement offre un moyen intéressant d’accompagner le développement de start-up. Concrètement, la première phase consiste à soumettre les projets aux votes et commentaires de la communauté MMi. La seconde suggère de trouver un investisseur professionnel qui accepte de mettre 50 % du montant requis sur la table. La communauté finance ensuite le solde. MyMicroInvest domine aujourd’hui le marché belge. Elle a déjà effectué 52 campagnes de financement, qui ont permis de rassembler plus de 10 millions d’euros par 29 000 membres. L’avenir se conjuguera à l’international : 1,6 million d’euros ont été levés il y a peu en une heure pour assouvir ces besoins d’expansion. La start-up ambitionne de s’ouvrir au marché européen en 2016. Cinq pays sont ciblés dans un premier temps : France, Pays-Bas, Italie, Suisse et Pologne. X. A.

2. Dans les rangs des entrepreneurs Productize connecte les objets du futur

C’est un peu le nouvel eldorado de l’innovation. L’Internet des objets devrait exploser d’ici à 2020 et connecter entre 5 et 20 milliards d’objets. Soit une cinquantaine par personne. La troisième (r)évolution du Web est en marche. Et elle passe par Bruxelles.  » Nous avons connecté les gens par le biais des réseaux sociaux, explique le directeur général de la start-up bruxelloise Productize, Harold Grondel. On passe maintenant à la vitesse supérieure en connectant la ville, les transports en commun ou le secteur de la santé.  » C’est le règne de la maison intelligente dont le thermostat, l’alarme et les appareils électriques peuvent être réglés depuis son téléphone, du réfrigérateur qui fournit la liste des courses au supermarché, du tapis de yoga qui conseille, à l’aide de capteurs, la bonne façon de corriger sa posture…  » Un segment qui va exploser c’est celui de l’automobile, poursuit Harold Grondel. La voiture connectée permettra de réduire les accidents, les embouteillages, de partager son véhicule… Et au-delà : si la connexion permet de mesurer la façon dont on se déplace, on peut aussi l’assurer différemment, selon son utilisation. Le partage de l’information est un enjeu clé.  »

Productize est la première agence belge spécialisée dans l’Internet des objets. Installée dans l’écosystème d’entreprises Co.station, au coeur de Bruxelles, cette  » agence de prototypage et fabrication  » vient de remporter le prix Rise qui récompense les start-up innovantes. A la clé, un subside de 500 000 euros qui lui permettra de se professionnaliser davantage.  » Productize est un laboratoire avec une expertise unique en développement de produits, en ingénierie électronique et en prototypage rapide, pour aider les entreprises à bénéficier des opportunités de l’Internet des objets, résume Harold Grondel. Nous travaillons actuellement sur des prototypes de machines à laver connectées, des éléments de drones, de systèmes de télésurveillance, etc. Sans oublier l’OTA keys, une clé de voiture virtuelle intégrée à un smartphone, pour le compte de Continental et D’Ieteren.  » L’avenir s’annonce très prometteur.  » La plupart des gens ne comprennent pas le concept mais en font déjà usage. Les possibilités sont énormes.  » X. A.

SoftKinetic obéit au doigt et à l’oeil

Casque sur le nez, les yeux dans un autre univers. En voiture, monter le son de sa chaîne stéréo sans un clic. Voire se laisser conduire, sans dégât, par son bolide autonome. C’est là que SoftKinetic veut nous transporter. Basée à deux pas de la gare d’Etterbeek, l’entreprise développe des logiciels, des capteurs et des caméras de reconnaissance gestuelle qui équipent aujourd’hui consoles, casques de réalité virtuelle et voitures dans le monde entier. Cette référence de la reconnaissance 3D est tellement courtisée qu’elle a fini par céder aux avances du géant Sony en octobre 2015. Preuve, s’il en fallait, de l’expertise des Bruxellois. Qui profiteront de ce rachat pour accélérer leur développement.  » Le but, c’est d’intégrer nos technologies dans le plus d’objets possible « , confie Eric Krzeslo, cofondateur de SoftKinetic. Elles équipent déjà des stars comme la PlayStation 4 ou la nouvelle BMW Série 7, par exemple.

Au dernier CES de Las Vegas, SoftKinetic a présenté des caméras capables de reconnaître des objets, d’évaluer leur distance pour les éviter. Des domaines porteurs dans lesquels les Bruxellois veulent continuer à s’imposer. Pour en arriver là, Eric Krzeslo a mûri son projet pendant plusieurs années. Dès 2001 avec la société  » 72dpi  » où il entame un programme de recherche et de développement dans la reconnaissance des mouvements. Ce programme se concrétise en 2007 avec la création de SoftKinetic. En 2010, il s’associe à Daniel van Nieuwenhove, le fondateur d’Optrima. Cette spin-off de la VUB développe les caméras 3D qui utiliseront les logiciels de la start-up. Environ 85 personnes travaillent aujourd’hui à Bruxelles pour SoftKinetic. Et d’autres engagements devraient suivre en 2016. Le deal conclu avec Sony n’a pas remis en cause cet ancrage. Au coeur de l’Europe, un parfum de Silicon Valley. B. P.

Velofabrik : des vélos made in Brussels

Construire des vélos de qualité au coeur de Bruxelles avec des pièces essentiellement  » made in EU « , c’est le défi que s’est lancé Jean-Philippe Gerkens, mécanicien vélo agréé et sociologue de formation. Pour corser un peu les choses mais aussi et surtout pour donner plus de sens à sa démarche, l’entrepreneur a décidé de faire de sa marque une initiative véritablement sociétale. En plus de promouvoir la mobilité douce avec ses produits, Velofabrik entend prendre sa place dans le marché très concurrentiel du vélo en fonctionnant en coopérative.

 » Comme la plupart des entreprises cyclistes belges sont des sociétés commerciales et ne s’en sortent pas trop, on s’est dit qu’on aurait peut-être plus de chances en fonctionnant comme cela, confie Jean-Philippe Gerkens. Le choix d’une coopérative a aussi, et surtout, été réalisé dans une perspective de développement de l’emploi et de fabrication d’un produit de qualité. Nos coopérateurs sont tous des cyclistes, ce qui assure que Velofabrik évolue dans leur intérêt.  »

Lorsque les finances le permettront, Velofabrik entend aussi promouvoir plus largement la mobilité à vélo en récompensant des travaux universitaires sur ce thème, et en soutenant le développement et l’organisation des ateliers de quartier apportant un service vélo de proximité. Depuis son lancement en 2015, le projet a rassemblé 110 coopérateurs, créé un emploi et 70 vélos. Cette année, la coopérative entend tripler chacune de ces statistiques. M.-E. R.

3. Dans l’optique du développement durable Sumy promeut le transport durable et la logistique écologique

Démarrage en trombe pour Sumy (Sustainable Urban Mobility). Cette entreprises spécialisée dans la logistique écologique et le transport durable créée il y a un an et demi emploie déjà une vingtaine de collaborateurs.  » Sumy veut répondre à une demande, précise sa fondatrice, Hinde Boulbayem. Nous arrivons à effectuer, à Bruxelles, des livraisons dans les délais impartis tout en respectant l’environnement et en diminuant de 39 % les émissions de CO2. Chose que des entreprises traditionnelles ne peuvent assurer. Nous proposons un meilleur modèle, plus efficient puisqu’aucun trajet ne se fait à vide. Ce modèle a un impact économique positif et réduit la congestion automobile.  » Basée à Neder-over-Heembeek, Sumy est spécialisée dans le transport alimentaire et pharmaceutique. Elle dispose de six camionnettes écoréfrigérantes qui roulent au gaz naturel.  » Une porte ouverte vers le biogaz dès que la capitale disposera de sa première pompe.  »

Comment Sumy est-elle capable de passer à travers les embouteillages ? Les livraisons s’effectuent de minuit à 11 heures. Des accords existent avec les entreprises en matière de sécurité pour s’assurer que la marchandise soit livrée dans les locaux.  » Leur satisfaction de ne pas devoir attendre la marchandise dépasse les hésitations en matière de sécurité. Nos véhicules sont silencieux, ce qui est idéal pour les transports de nuit. Nous ne connaissons aucune difficulté pour recruter du personnel.  » Et en plus, Sumy est saluée pour la diversité de son personnel. X. A.

Rotor construit son succès sur la déconstruction

Nul n’est prophète en son pays ! Avant de s’imposer comme un acteur central du réemploi des matériaux de construction en Belgique, l’asbl bruxelloise Rotor était davantage (re)connue à l’étranger. Et c’est encore le cas aujourd’hui puisqu’en plus d’être invitée comme conférencière aux Etats-Unis, elle a reçu, en 2015, le prix Rotterdam Maaskant et le Global Award for Sustainable Architecture – un prix international récompensant les architectes oeuvrant pour le développement durable.

Tout a démarré en 2005 à l’initiative de Maarten Gielen, Tristan Boniver et Lionel Devlieger avec un objectif : identifier les matériaux issus de grandes productions industrielles intéressants à réutiliser. Très vite, l’activité du réemploi des matériaux de construction a pris de l’ampleur au sein des activités de Rotor.  » Aujourd’hui, on peut dire que notre objectif est de favoriser cette démarche à grande échelle et de fédérer le secteur, précise Lionel Devlieger. Pour cela, nous faisons presque un travail de lobbying en essayant que les réglementations soient réécrites pour favoriser le réemploi dans la construction. Nous communiquons aussi au travers d’expositions, de projets exemplaires, d’un site – Opalis.be – qui recense les revendeurs…  »

Via sa spin-off Déconstruction, Rotor met aussi la main à la pâte en proposant un service de démantèlement des bâtiments, de reconditionnement et de revente des matériaux. Une activité simple a priori, mais avec un réel impact sur la société.  » La réutilisation des matériaux de construction a des bénéfices sur l’environnement – on ne puise pas de nouvelles matières premières -, permet d’acquérir des matériaux moins chers ou, à prix égal, de meilleure qualité et stimule l’économie locale « , observe Lionel Devlieger.  » Nous sommes convaincus que c’est une démarche architecturale au moins aussi fertile que de construire avec du neuf.  » Autant d’éléments qui font que les autorités publiques sont séduites par le réemploi, mais pas seulement. Actuellement, l’équipe de Rotor étudie les possibilités de démantèlement du siège du Comité international olympique à Lausanne. M.-E. R.

Une ferme high-tech en germe dans la ville

Aujourd’hui, le citadin parcourt une jungle de béton, de verre et d’acier plutôt qu’un parc d’immeubles verts et luxuriants. C’est peut-être en passe de changer. De New York à Tokyo, en passant par Berlin ou Paris, des agriculteurs high-tech tentent d’ancrer des fermes dans nos villes. Matthieu Bonin en fait partie. C’est lui qui supervise la construction de la première ferme du futur qui permettra à Bruxelles de rejoindre les pionniers de l’agriculture urbaine. Avant de conquérir d’autres cités européennes.

Ce Bruxellois s’est associé en 2011 à Steven Beckers et Michael Moradiellos au sein de Lateral Thinking Factory, une agence de consultants qui veulent promouvoir l’économie circulaire. Pour matérialiser cette économie, ils décident de se lancer dans les fermes urbaines et s’associent avec l’Allemand ECF pour créer la société  » Building Integrated GreenHouses  » (BIGH), en charge du projet. La ferme prendra place sur le toit du Foodmet, un marché couvert inauguré en mai 2015 sur le site des anciens abattoirs d’Anderlecht. Une serre, un jardin, un restaurant et une terrasse germeront dans les prochains mois sur 4 500 m2. Coût de l’opération : 2,5 millions d’euros. A terme, Matthieu Bonin espère récolter 30 à 40 tonnes de fruits et légumes par an. Et pêcher jusqu’à 30 tonnes de poissons.  » On mixe, dans un même endroit, des poissons, des fruits et des légumes « , explique l’entrepreneur. C’est ce qu’on appelle l’aquaponie.

Dans la serre, pas de terre à désherber. Les racines plongeront dans de l’eau riche en excréments des poissons et en éléments nutritifs. La serre récupérera aussi une partie de la chaleur dégagée par les frigos du bâtiment et le CO2 produit par ses occupants. Fruits, légumes et poissons grandiront 365 jours par an et seront ensuite vendus au rez-de-chaussée ou dans des supermarchés de la capitale. La production puis la commercialisation des produits débutera progressivement à l’automne 2016. BIGH espère implanter une deuxième ferme prochainement à Uccle, avant Paris, Lyon ou Marseille. La révolution verte dans nos cités de béton, Matthieu Bonin y croit. Prochaine étape : des tours dotées de fermes verticales. Au Japon, ils s’y attellent déjà. B. P.

NAWELL MADANI, C’EST ELLE LA PLUS BELGE

L‘an dernier, elle s’est offert trois dates à l’Olympia, à Paris, au milieu d’une tournée triomphale en France. Révélée par le Jamel Comedy Club, Nawell Madani sera aussi la première humoriste féminine belge à se produire seule sur la scène de Forest National, en avril prochain. C’est moi la plus Belge raconte le parcours semé d’embûches d’une jeune comédienne belge qui part à la conquête de Paris. Tout sauf de la fiction ! Née à Boitsfort, il y a trente et un ans, elle fut d’abord danseuse et chorégraphe avant de se tourner vers la comédie. Son humour féroce fait d’autant plus mouche qu’il paraît en contradiction avec son physique, disons, plutôt avenant.  » Comme s’il fallait avoir un nez dans le dos pour faire rire « , se défendait-elle sur 20minutes.fr. Elle fut aussi chroniqueuse dans Le Grand Journal de Canal+ avant de se consacrer presqu’entièrement à la scène, qui le lui rend bien : ainsi décroche-t-elle en 2015 le Globe de cristal du meilleur One (wo)man show. Cerise sur le gâteau : elle entame ces jours-ci le tournage de son premier film aux côtés de l’acteur François Berléand. Une comédie dramatique qu’elle coproduit. Ph. B.

GUILLERMO GUIZ, LE KET QUI RÊVAIT D’ÊTRE FOOTBALLEUR

Peut-être l’avez-vous entendu servir un Café serré, dresser un Plan culte sur La Première ou chambrer l’invité de 69 minutes sans chichis. Mais c’est sur scène que Guillermo Guiz donne toute la mesure de ses talents d’humoriste. Dans un genre qui sied comme un jeans, un tee-shirt et des baskets à son humour punchy : le stand-up à l’américaine.  » En découvrant ce genre, j’ai compris qu’il ne fallait pas être un grand comédien ni déguisé pour faire rire. J’aime ce côté brut de décoffrage où il suffit d’une scène et d’un micro pour raconter des blagues qui tuent.  » Les siennes frappent souvent sous la ceinture mais avec un second, voire un troisième degré qui leur enlève toute vulgarité.  » Même quand je parle de bite, j’essaie de m’adresser à l’intelligence du public.  »

Celui qui s’appelle en réalité Guy Verstraeten est aussi journaliste, ex-acteur de la nuit bruxelloise et ancien espoir du foot. Bruxellois, ce ket l’est dans l’âme : Anderlecht, qui l’a vu grandir, est une composante vivante de son identité, dit-il, et donc de son spectacle. Tout comme Molenbeek… ou les quartiers bobos de Brugmann et du Châtelain. Même quand il se produit en France, il fait rire avec ça sans se perdre dans les explications oiseuses. Depuis qu’il a fait ses premières armes en 2013 sur les planches du Kings of Comedy Club, mythique café-théâtre et découvreur de talents, Guillermo Guiz a rempli plusieurs fois le théâtre de la Toison d’or et ramassé quelques prix outre-Quiévrain. Il y repart bientôt en tournée, avant de s’attaquer à la Wallonie. Ph. B.

Nos Pilifs : la permaculture à grande échelle

Entreprise de travail adapté, la ferme Nos Pilifs, qui occupe 140 personnes porteuses d’un handicap à Neder-over-Heembeek, vient d’ouvrir une nouvelle section dédiée à la production de fruits et légumes cultivés selon les principes de la permaculture. Une première de cette envergure (1 200 m2) en Région bruxelloise.  » Elle a pour objectif de tendre vers l’autosuffisance en fournissant l’épicerie, l’estaminet et même quelques chefs bruxellois « , expliquent les responsables du projet Jérémy Hermant et Valérie Guillier. Des légumes anciens sont remis au goût du jour. La production, très variée, dépasse les espérances. Notons qu’un cursus de formation sera organisé d’ici peu. X. A.

Parckfarm T&T, une ferme à Tour et Taxis

Au milieu du parc de Tour et Taxis se dresse une ferme pas comme les autres : la Parckfarm T&T, une  » ferme sociable « . Malgré la présence de quelques poules et moutons, ne vous attendez pas à trouver une ménagerie mais plutôt une  » farmhouse  » – en l’occurrence une serre revisitée – qui sert de point central à ce projet. Lieu de partage et de rencontre, la Parckfarm a été créée dans le cadre de Parckdesign 2014, un événement qui entend ouvrir la réflexion sur les manières de concevoir les nouveaux espaces publics en ville. Le projet a reçu le Prix de l’espace public 2015 et, vu son succès, des habitants du quartier ont pris le relais pour continuer à faire vivre Parckfarm au moyen de fêtes, de concerts, d’une cantine bioéthique et solidaire, d’un potager commun, d’ateliers d’échanges de savoir-faire, de groupes d’achats collectifs, etc. Ces activités ont toutes un point commun : leur lien avec la nature et leur volonté de rassembler des publics de tous horizons dans la convivialité. M.-E. R.

4. Dans le domaine social et de la diversité Duo for a job : en tandem sur la piste de l’emploi

Une belle initiative qui a démarré bien avant l’afflux de migrants en Belgique. L’asbl Duo for a job, installée à Ixelles, met en contact des jeunes issus de l’immigration en recherche active d’emploi avec des personnes de plus de 50 ans. L’idée est que ces  » mentors  » encadrent les plus jeunes dans leurs démarches. Un coaching intergénérationnel qui porte ses fruits depuis 2012 et connaît un réel engouement ces derniers mois. Il est parti d’un double constat : un, la Belgique est le pays industrialisé au sein duquel l’écart entre la mise à l’emploi des jeunes  » belgo-belges  » et des jeunes issus de l’immigration est le plus important. Deux, que notre pays est l’Etat européen où le taux d’activité des 55-64 ans est le plus faible (41 %).  » Nous contribuons à garantir à tous les mêmes opportunités d’accès à l’emploi, explique Matthieu Le Grelle, qui a fondé le projet en compagnie de Frédéric Simonart. Nous avons déjà créé 250 duos. Et une collaboration est en cours pour 88 d’entre eux. Les résultats sont indéniables. Nous avons obtenu 45 % de remise à l’emploi après six mois, ce qui est le double du degré moyen d’insertion professionnelle dans la capitale. Si on ajoute les 30 % qui ne trouvent pas d’emploi mais un stage ou une formation, on grimpe à 75 % de sorties positives.  »

Le profil des seniors est varié. Il s’agit d’anciens entrepreneurs, directeurs d’entreprise, employés spécialisés ou encore… chanteurs. Après des débuts compliqués, ils sont aujourd’hui 220. Chacun doit suivre une formation de quatre jours avant de pouvoir lancer ses conseils hebdomadaires. Et 97 % ont rempilé après leur première expérience.

 » Leur apport est indéniable, poursuit Matthieu Le Grelle. C’est pour eux une occasion de s’engager dans une action de citoyenneté, de rester actif tout en partageant leur expérience, de développer des compétences sociales. Leur coaching s’adapte aux besoins d’un réfugié. Un médecin aura besoin d’un encadrement différent qu’un boulanger. Les conseils se concentrent sur les démarches administratives, la lettre de motivation, voire d’autres besoins. Le coaching est aussi l’occasion d’échanger, de créer des liens intergénérationnels et interculturels, de renforcer la cohésion sociale à Bruxelles.  »

L’afflux de migrants ces derniers mois n’a pas encore entraîné de hausse fulgurante du nombre de réfugiés frappant à la porte de Duo for a job.  » Notre action arrive en second rideau, quand les migrants sont installés, relève Matthieu Le Grelle. Nous nous préparons donc à une hausse graduelle des demandes à l’avenir.  » M.-E. R.

Out of the box : une alternative au décrochage scolaire

Après avoir notamment dirigé l’Atomium, le Botanique ou la Fondation Boghossian, Diane Hennebert retourne sur les bancs de l’école. Ou, plus exactement, invite les jeunes qui n’y vont plus à y revenir. Regrettant qu’un tiers des élèves soient en décrochage scolaire à partir de 15 ans, l’hyperactive Bruxelloise a créé Out of the box.  » Aucune alternative n’est proposée par les pouvoirs publics à ces jeunes, regrette-t-elle. Ils ont la phobie de l’école. Leur rapport au savoir est très compliqué. Ils souhaitent une autre manière d’apprendre.  » Out of box peut accueillir vingt élèves pendant au moins trois mois (et maximum neuf). Cette école alternative située à Etterbeek fonctionne comme un établissement classique. Sauf que la vingtaine de professeurs – des professionnels qualifiés – a pour mission de leur redonner la soif d’apprendre.  » Les jeunes viennent de tous les milieux. La liste d’attente est de plus en plus longue. Les premiers résultats sont vraiment très encourageants et gratifiants.  » Les cours sont variés (atelier d’expression, d’éducation, d’écriture partagée, de hip-hop, de sport, de yoga, d’informatique ou encore d’expression informatique).  » Nous les obligeons à prendre un petit déjeuner sain le matin. Les parents sont également impliqués : ils doivent suivre un cours hebdomadaire d’éducation.  » L’inscription s’élève à 1 000 euros pour trois mois. Out of the box fonctionne aussi grâce à des soutiens tels que la Loterie nationale, la fondation Boghossian et Bulo, de même qu’un système de parrainage. Diane Hennebert envisage de modéliser sa première école pour en ouvrir d’autres d’ici deux à trois ans. X. A.

Communa invente le logement pour tous

Pas toujours facile de trouver un logement à vendre ou à louer correct et abordable à Bruxelles… C’est pourquoi, la vingtaine de membres de l’asbl Communa tente d’apporter des solutions concrètes aux problèmes de logement dans la capitale. Leur spécialité : l’occupation de bâtiments vides. Non pas en les squattant de manière illégale, mais en concluant un contrat avec le propriétaire qui, par la même occasion, évite de payer les taxes applicables aux bâtiments inoccupés.  » Nous ne sommes pas des anarchistes ni des étudiants en quête d’un bon plan pas cher, mais plutôt un groupe de personnes qui montent un laboratoire expérimental de la vie en communauté, s’enthousiasment-ils. On veut vivre dans une sobriété heureuse, en privilégiant les rapports humains.  » Certains sont arrivés là par obligation économique ou autres, mais tous adhèrent aux valeurs de l’asbl. En plus de privilégier la vie en communauté, les habitats de Communa s’ouvrent à leur quartier lors de soirées ciné-débats ou de tables d’hôtes à prix libres, accessibles à tous. L’alimentation est généralement issue d’une production maison, de récupérations sur les marchés ou encore de groupes d’achats solidaires, car l’association milite aussi pour la récupération, la consommation responsable et l’autogestion. Les démarches de Communa n’oublient pas non plus les artistes, à qui des espaces de création sont généralement réservés dans les bâtiments occupés. Ces réalisations peuvent ensuite donner lieu à des événements festifs, des expositions, etc. Actuellement, Communa héberge 25 personnes dans deux bâtiments, mais aide aussi les candidats à l’occupation lors de  » permanences squat « .  » Occuper un bâtiment n’est pas évident car il faut bien connaître la loi, et savoir parler aux propriétaires, signale le groupe. Parfois nous sommes très bien accueillis, mais en général notre démarche est mal vue, alors que les autorités sanctionnent l’inoccupation des bâtiments contre laquelle nous luttons aussi.  » M.-E. R.

Ras el Hanout : le théâtre pour lutter contre les préjugés

Depuis six ans, Ras el Hanout utilise la culture comme outil d’émancipation des jeunes, mais pas seulement.  » Nous créons nos propres pièces de théâtre avec des sujets qui nous parlent et qui sont liés à notre identité : jeunes, musulmans et Bruxellois. Nous avons aussi une académie de théâtre avec des ateliers aux quatre coins de Bruxelles et nous avons lancé il y a deux ans le festival En avant jeunesse, dépeint Salim Haouach, comédien et fondateur de l’asbl. On propose aux jeunes de faire du théâtre d’action ou d’intervention : on part de situations réelles, imaginées ou observées pour traiter des problématiques comme la discrimination, le racisme, le chômage, l’immigration, etc. Et on engage un dialogue avec le public pour poser des questions, trouver des solutions ensemble.  »

Aussi originale dans les thèmes qu’elle propose que dans la manière de les traiter, Ras el Hanout voit son succès se confirmer en multipliant les dates de représentation, en programmant ses créations aux Riches-Claires ou au Marni.  » On a fini par se faire une place dans l’offre culturelle bruxelloise, se réjouit Salim Haouach. Ce qu’on propose incite nos interlocuteurs à clarifier leurs positions : il y a d’un côté les gens avec qui c’est inutile de parler et il y a ceux qui ont certes des idées reçues, comme tout le monde, mais qui sont de bonne foi, curieux, qui essaient de comprendre et de désamorcer certains problèmes. C’est comme ça qu’on vient à bout des clichés.  »

Dernier projet du groupe d’amis passionnés de théâtre : ouvrir un centre culturel en bordure du canal, à Molenbeek.  » On a racheté un dépôt qui pourra accueillir nos nombreuses activités, enchaîne Salim Haouach. On se lance un peu à l’aventure et on recherche actuellement des financements. Preuve qu’avec peu de moyens, on peut quand même avoir un effet de levier important.  » A. D.

5. Dans les cuisines et dépendances Ces néocantines qui exaltent le manger mieux

Henri & Agnès, Mammouth, Ici épicerie fine, Prélude, Marché noir, Moon food… La liste pourrait être bien plus longue. Les cantines bio font une percée en force sur le front bruxellois du lunch. Des établissements qui mettent en avant l’amour du produit, le manger sain et les produits locaux. On y prend le temps de bien manger. Loin de l’agitation ambiante. Henri & Agnès, situé à Etterbeek à deux pas du Cinquantenaire, fait figure de pionnier dans le genre. Ouverte en janvier 2014 par Christelle Fosseprez, ex-architecte d’intérieur, l’adresse est un havre de paix, sa déco bardée de bois dessinée par Fréderic Nicolay entraîne les visiteurs dans une belle quiétude.  » L’idée est de produire des bonnes choses, lance Sarah Cisinski, l’une des trois jeunes femmes à la tête de l’endroit. Avec des produits issus, la plupart du temps, de l’agriculture bio. Ils sont locaux et de saison. Une de nos caractéristiques, c’est qu’on essaie d’être sincères dans ce que nous proposons.  » Les clients ne démentent pas. La mousse de betterave, l’assiette de légumes, la soupe de céleri-rave ou le cake aux poires pochées se partagent le tableau.  » Tous nos plats sont cuisinés tôt le matin, avec des produits issus du potager anderlechtois Vert d’Iris ou de la Chèverie du cadeau à Pont-à-Celles, entre autres. Il y a vraiment une vague du manger mieux à Bruxelles. Les Bruxellois ont envie de passer un bon moment et de se réapproprier leur assiette.  » X. A.

Dine with Us pour s’intégrer autour d’un dîner

Cette initiative lancée en septembre 2015 vise à réunir des Belges avec des nouveaux Belges (réfugiés, immigrants, expats). Les échanges se déroulent autour de petits dîners à la maison. L’idée est de favoriser les contacts et l’intégration. Une plate-forme fait office de mise en contact entre les deux parties. Les dîners se font à quatre ou plus. Une vingtaine ont déjà été orchestrés. L’association vient de recevoir un subside de la fondation Roi Baudouin, ce qui va lui permettre de se professionnaliser et d’engager un coordinateur.  » En fonction des demandes, nous nous occupons de faire correspondre les âges ou les positions géographiques avant de lancer l’organisation d’un dîner, détaille l’un des instigateurs de Dine with Us, Ruben Loodts. Les échos sont très positifs. L’idée est venue après une discussion entre amis pour voir comment nous pouvions favoriser l’intégration d’expatriés ou de réfugiés.  » X. A.

DAVID GHYSELS, THE SKY IS NOT THE LIMIT

E n juin prochain, 10 nacelles suspendues dans le vide à 50 m de hauteur accueilleront 10 chefs étoilés et leurs 250 convives pendant 5 jours autour de l’Atomium. C’est la façon spectaculaire dont Dinner in the Sky a choisi de célébrer ses 10 ans. Une décennie pendant laquelle le concept ne s’est pas seulement imposé dans le ciel bruxellois, mais aux quatre coins du monde : 56 pays l’ont déjà adopté, la Thaïlande, Malte et le Pérou suivront dans les prochaines semaines.

Au commencement était David Ghysels et son agence de communication spécialisée dans la gastronomie. C’est pour un événement dédié à l’association des Jeunes restaurateurs d’Europe qu’il a imaginé de dresser le couvert sur une plate-forme conçue par l’entrepreneur flamand Stefaan Kerkhofs et soulevée par une grue. Vingt-deux convives harnachés à table autour d’un chef qui cuisine sous leur nez, les toits de la capitale pour horizon.  » Une photo diffusée par Reuters a fait le buzz et les réseaux ont fait le reste, résume David Ghysels. Forbes nous a classés parmi les dix restaurants les plus originaux du monde, d’autres médias ont embrayé et les demandes n’ont plus cessé d’affluer.  »

Du coup, les deux hommes se sont associés pour créer Dinner in the Sky et les plus grands chefs étoilés se succèdent tous les ans, au mois de juin, au-dessus du palais royal ou du Cinquantenaire. Le concept se loue aux entreprises et aux clients privés – Albert de Monaco y a embarqué Joël Robuchon pour ses cinq ans de règne -, la marque se décline sous licence à l’étranger, et Bruxelles en a fait l’un de ses porte-drapeaux. Dire qu’il avait été conçu comme un one shot… Ph. B.

HAYATE EL AACHOUCHE, L’ÉGÉRIE DE LA DIVERSITÉ

Une tête bien faite. Et une ascension qui ne doit rien à personne. La petite quarantaine, Hayate El Aachouche, conseillère chez Beci, la Chambre de commerce et Union des entreprises de Bruxelles, est l’une des personnalités clés de la capitale sur les questions de diversité. Elle a récemment coordonné la publication d’un livre blanc qui dresse un état des lieux critique de la situation bruxelloise. Si cette Belgo-Marocaine est née à Namur, elle a Bruxelles dans le sang. Après un graduat d’assistante de direction, elle entre dans le monde professionnel pour assurer son indépendance financière. Avant de poursuivre sa formation en décrochant une licence en psychologie et en sociologie.

 » Une époque particulière, évoque cette passionnée de lecture et de jazz-dance. Je travaillais la journée, étudiais le soir et le week-end. J’avais envie de servir à quelque chose, de m’intéresser aux autres. Ces études m’ont permis de m’impliquer davantage dans l’associatif.  » Elle passe au CDH comme conseillère politique pour les questions sociales et de santé. Mais l’associatif reste au coeur de ses préoccupations. De même que son combat pour la valorisation de la diversité, entamé après avoir été confrontée à des cas de discrimination.  » Mon arrivée chez Beci il y a deux ans me permet d’être réellement active en la matière, note celle qui est aussi romancière et puise son inspiration dans son quotidien bruxellois. Lancer une politique de diversité et y sensibiliser le monde économique me motive pleinement.  » X. A.

Take Eat Easy révolutionne la livraison culinaire à domicile

A l’origine de ce projet original de livraison de repas à domicile et à vélo, un quatuor dont l’aventure a commencé il y a trois ans.  » On avait l’idée de révolutionner la livraison de nourriture à domicile sans savoir comment faire, développe Chloé Roose, cofondatrice. On s’est peu à peu rendu compte qu’il fallait travailler avec des restaurants de qualité qui ne proposaient pas de livraison à domicile.  » Depuis, le bébé a bien grandi.  » On tourne à 200-250 restaurants partenaires à Bruxelles. Nous ajoutons sans cesse de nouveaux points de vente pour proposer plus de choix à notre clientèle dans une zone de livraison de 3 kilomètres. Nos partenaires, qu’il soient restaurateurs ou coursiers, sont triés sur le volet. On cherche des restaurants de qualité, avec un bon rapport qualité/prix, de bons produits transportables et suffisamment connus pour susciter de l’intérêt.  » Né à Bruxelles, le concept Take Eat Easy s’est exporté à Paris à l’automne 2014 avant de conquérir Lyon, Lille, Bordeaux, Madrid, Barcelone, Londres et Toulouse.  » On souhaite encore s’étendre en Belgique, renforcer notre leadership en Europe et conseiller les mêmes restaurants qu’un Bruxellois recommanderait les yeux fermés « , conclut Chloé Roose. Le site www.takeeateasy.be offre une utilisation simple et intuitive. Après avoir encodé l’adresse de son domicile, l’internaute choisit un restaurant et passe commande. Le temps de préparation côté cuisine et de livraison à vélo s’affichent alors, sachant que les coursiers mettent en moyenne 8 minutes pour réaliser une course, selon Take Eat Easy. Ce qui n’est pas sans susciter certaines questions sur les conditions de travail offertes à ces derniers (lire notre enquête dans Le Vif/L’Express du 12 février). A. D.

Le carton plein du Jeudi Veggie

Chargée de projet pour l’association EVA (Ethisch Vegetarisch Alternatief), Annemarie Ijkema gère la campagne Jeudi Veggie, lancée en 2011 à Bruxelles. L’objectif ? Faire découvrir, une fois par semaine, des recettes végétariennes au grand public et le sensibiliser à une alimentation alternative, durable et saine.  » Notre initiative a vu le jour à Gand mais s’est très vite répandue à Bruxelles où l’engouement a été immédiat, notamment grâce au partenariat avec l’asbl Planète-Vie, le soutien de Bruxelles-Environnement et de la ministre de l’Environnement de l’époque, Evelyne Huytebroeck (Ecolo) « , explique la jeune femme. La liste des partenaires ne cesse d’ailleurs de s’allonger.  » De nombreux acteurs de l’Horeca comme Sodexo, des cuisines collectives et de grandes entreprises (Fortis, Toyota, ING…) proposent chaque semaine un plat Jeudi Veggie et nous entretenons de très bons contacts. Ainsi avons-nous conçu un guide à l’intention des chefs pour leur montrer la différence entre le veggie (pas de chair animale) et le végétalien (aucun dérivé animal) tout en les inspirant. Il existe bien d’autres recettes possibles que de servir un plat de pâtes quatre fromages. Les menus proposés doivent être appétissants, savoureux et consistants.  »

En 2015, les Jeudi Veggie ont rassemblé 52 partenaires, dont 15 cuisines collectives, 4 écoles et universités ainsi que 33 restaurants. Ce qui représente près de 370 000 plats servis tout au long de l’année.  » Un bon chiffre, commente Annemarie Ijkema, même si nous allons continuer à cibler les omnivores qui sont encore majoritaires (75 %) à Bruxelles.  » Pour 2016, la plate-forme ambitionne de conclure 15 nouveaux partenariats, de mettre sur pied une formation professionnelle végétarienne de haut niveau, sans parler de l’implantation du label  » Good Food  » pour un système alimentaire plus durable dans les écoles, crèches et maisons de repos de la Région bruxelloise. A. D.

UN QUATUOR DE FOLIE… BOURGEOISE

Ils sont quatre et ils ont injecté un grain de folie dans les nuits bruxelloises. Tout a démarré voici onze ans. Dans un paysage nocturne dominé par les DJ-stars et leurs shows électros et machos, Pierre Masse, Alain Dabi et Arnaud Leclercq, rejoints plus tard par Jean-Baptiste de Meester, ont inventé un concept  » où la star n’est pas la musique mais les gens, où l’atmosphère est festive, les femmes à l’honneur et le décorum décoiffant « . Ainsi sont nées les Folies bourgeoises, des soirées thématiques exclusives déclinées quatre ou cinq fois par an au Mirano puis aux Jeux d’hiver, en passant par d’autres hauts lieux ponctuels. Y compris à l’étranger, puisque leurs parties glamours se sont exportées à Paris, Londres, Milan pendant l’expo universelle et, bientôt, à New York (pour célébrer le 21 juillet) ! La consécration ?  » On s’est lancé là-dedans pour le plaisir, pour offrir aux autres les soirées dont nous rêvions et qui n’existaient pas. Mais on a tous un autre boulot. Le moment est peut-être venu de passer à la vitesse supérieure « , osent-ils. Chaque soirée rassemble 3 000 personnes mais la demande est bien supérieure. Pas si fou que ça, le quatuor. Ph. B.

Nicolas Decloedt, roi de la gastronomie végétale

Le végétarisme et le végétalisme essaiment dans la capitale. Nicolas Decloedt (38 ans) a, de son côté, décidé d’en faire sa marque de fabrique depuis près de vingt ans. Ce grand chef flamand (Eat love à Gand) a ouvert une table d’hôte à Jette, Humus Botanical, qui mêle gastronomie et végétalisme. Un vrai succès. Les portes de sa maison ne s’ouvrent toutefois que quelques jours par mois.  » Je préfère dire que je cuisine les légumes sans viande ni poisson, souligne-t-il. Je ne veux pas être comparé aux restaurants végétariens, pas assez gourmands.  » X. A.

Belgomarkt : une épicerie 100 % belge

La Belgitude a la cote. Des boutiques qui rassemblent les réalisations de créateurs noir-jaune-rouge ouvrent les unes après les autres (comme Bel’Arte et ses bijoux par exemple). Le concept a naturellement dévié vers l’alimentaire. Le premier supermarché urbain qui ne comprend que des produits belges ouvrira ses portes dans les prochaines semaines. Belgomarkt souhaite valoriser des produits divers (pâtes, quinoa, vin, charcuterie ou encore whisky) en mettant l’accent sur la traçabilité. Les produits artisanaux issus de PME belges sont privilégiés. On retrouvera également des aliments produits ou transformés entièrement en Belgique. Les trois instigateurs du projet, Mélanie, Stéphanie et Trésor, finalisent le lancement de Belgomarkt. L’ouverture est prévue en avril dans le quartier Saint-Boniface.  » Nous voulons proposer une alternative aux supermarchés de proximité, explique Mélanie Mikiels. Avec une alimentation responsable avant tout. Le bio n’est pas suffisant et n’est pas un gage de qualité.  » Près de 200 producteurs ont déjà été sélectionnés. X. A.

CORALIE BARBIER, LA MUSE DE STROMAE

Elle est soudain devenue célèbre en décembre dernier pour avoir épousé discrètement notre Stromae national. Originaire de Namur mais installée à Bruxelles, cette styliste de 30 ans a rencontré la star à ses débuts, peu après la sortie du planétaire Alors on danse.  » Il était en train d’écrire l’album Racine Carrée et m’a dit qu’il y avait beaucoup de sonorités africaines et qu’il avait envie de customiser ses vêtements avec des tissus africains « , a-t-elle raconté à RTL. Depuis, la jeune femme n’a plus quitté les coulisses du chanteur, avant de le rejoindre sous les feux de la rampe. Ensemble, ils ont créé le label Mosaert (autre anagramme de maestro) qui encadre l’univers musical et visuel de Stromae et décline une ligne de vêtements aux accents très graphiques, reconnaissable entre toutes. Pas seulement pour habiller sa vedette de mari, mais aussi disponibles en ligne et dans une boutique encore confidentielle du quartier Dansaert. Ph. B.

Un dossier de Philippe Berkenbaum, avec Xavier Attout, Annabelle Duaut, Bastien Péchon et Marie-Eve Rebts

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