Casanova est de retour

Barbara Witkowska Journaliste

Créé à Bruxelles, il y a dix ans, par le chorégraphe David Sonnenbluck, ce superbe spectacle revient au Cirque Royal dans une production signée Vanemuine Ballet Company, un must de la scène culturelle estonienne. Une première en Belgique.

 » Il y a quatre ans, quand la directrice de cette compagnie m’a téléphoné d’Estonie pour me dire qu’elle souhaitait acheter Casanova, j’ai dû regarder sur une carte la localisation de ce pays !  » dit en riant David Sonnenbluck. Petit rappel : l’Estonie forme avec la Lettonie et la Lituanie les trois pays Baltes. Situés au bord de la mer Baltique, ils font partie de l’Union européenne depuis 2004. Plus grande que la Belgique, l’Estonie compte 1 300 000 habitants. Fondé en 1870, le théâtre Vanemuine, lui, propose productions théâtrales, ballets et opéras de très haut niveau qui drainent chaque année un million de spectateurs.

David Sonnenbluck a créé Casanova avec sa compagnie Brussels Ballets. Grand succès, le spectacle a beaucoup tourné à l’étranger et, ces dernières années, en Estonie. Il revient à Bruxelles dans la chorégraphie de Sonnenbluck, accompagnée du même montage musical : un mix de Haendel, Mozart, Vivaldi, musique traditionnelle arabe et rock japonais ! Les nouveaux costumes, confectionnés en Estonie, s’inspirent de ceux d’origine prêtés, à l’époque, par la production du film Le roi danse de Gérard Corbiau.

 » Casanova a été à la recherche de l’amour toute sa vie, explique David Sonnenbluck. Dans la chorégraphie, je me suis focalisé sur ses états d’âme, sur le contraste entre le luxe incroyable dans lequel il a vécu et, parallèlement, son immense solitude. Ce qui change dans cette nouvelle production ? Il y aura 40 danseurs au lieu de 20 il y a dix ans ! Le spectacle est très coloré et entraînant, ça va bouger beaucoup sur scène !  »

L’histoire de David Sonnenbluck ressemble à celle du film La famille Bélier. Ses parents sont sourds-muets.  » A 8 ans, j’ai vu mon premier spectacle, la Neuvième symphonie de Beethoven chorégraphiée par Maurice Béjart, raconte-t-il. Dans ma tête, c’était très clair : ce serait la danse et rien d’autre !  » Accepté par Béjart à l’école de danse à La Monnaie, il poursuit la formation à l’école des Ballets des Flandres à Anvers puis à la prestigieuse école du Kirov à Saint-Pétersbourg d’où sont sortis Barychnikov et Noureev, notamment.  » L’école du Kirov est très dure, c’est une excellente référence et j’ai eu immédiatement des propositions à l’étranger, confie-t-il. Mais je n’avais que 17 ans et je voulais rester à Bruxelles, près de ma famille dont je suis très proche.  »

Un style néoclassique

David Sonnenbluck est engagé au Ballet royal de Wallonie. Dirigée à l’époque par Jorge Lefebre, cette grosse compagnie de 60 danseurs tourne dans le monde entier. Six ans plus tard, après un passage d’un an à la compagnie de Victor Ullate à Madrid, il rentre à Bruxelles et crée Brussels Ballets. Ses spectacles néoclassiques de grande qualité (une cinquantaine) se caractérisent par le même fil conducteur : des références très lisibles pour tous, comme Alice au Pays des Merveilles, Kamasutra, Diva ou Chopin.  » Toutes mes productions étaient autofinancées. Malgré de nombreuses demandes, je n’ai jamais reçu aucun subside des pouvoirs publics au motif que mes spectacles remplissaient les salles ! Mais je ne peux plus fonctionner tout seul.  » Il y a six ans, de guerre lasse, David Sonnenbluck prend le chemin de l’exil. Très sollicité à l’étranger, il travaille aux Etats-Unis, en Estonie et, depuis peu, en Turquie.

Casanova, les 26 et 27 mai, à 20 h, au Cirque Royal de Bruxelles, www.cirque-royal.org et www.ballets.be

Barbara Witkowska

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