Green Man, Lois Weinberger (2004). © Lois Weinberger

Bye Bye His-Story

Pour sa première exposition aux commandes du Centre de la gravure et de l’image imprimée, Emmanuel Lambion, le nouveau directeur, frappe un grand coup. Il signe une exposition agile, intelligente et baroque, à l’image de l’esprit panoramique qui est le sien. Cette programmation déroulant un casting varié d’une soixantaine de signatures, tant pointures confirmées que talents émergents, s’autorise des licences qui ne manqueront pas de secouer l’amateur en quête d’affiches tirées à quatre épingles. De façon symptomatique, le concepteur de Bye Bye His-Story a inversé le sens habituel de la marche: le parcours commence au deuxième étage… pour se terminer au rez-de-chaussée.

Une proposition à rebours? Il n’est pas interdit de le penser quand on sait que, passant sans transition du charnel au conceptuel, Emmanuel Lambion s’amuse à faire exploser le champ dûment cadastré de l’institution louviéroise. Gravure? Chez Léa Belooussovitch, elle se réduit à trois mots apposés sur un miroir suggérant le triangle de Karpman, du nom de ce scénario ciblant les jeux de rôle dont nous faisons notre ordinaire psychologique. Image imprimée? Chez Vittorio Santoro, encore faut-il le savoir, elle se dérobe au regard sous la forme d’un origami caché dans un jeu d’ échecs fixé à l’arrière d’un miroir.

Entre ces deux pôles, Emmanuel Lambion convoque un vaste nuancier de propositions plastiques décloisonnées qui tantôt flirtent avec le « dark Web » – les transpositions numériques de Basile Bruneau -, tantôt transgressent allègrement les règles de la bienséance – qu’il s’agisse d’ Aline Bouvy dont l’installation se penche sur les « soupeurs », club de gourmets aux passions boulangères peu ragoûtantes, ou de Serena Fineschi dont les oeuvres portent la trace de performances intimes.

Le propos est d’une telle générosité que rien ne manque des interrogations qui infusent la société actuelle: écologie (Lois Weinberger, Lise Duclaux ou Wesley Meuris, qui jette un regard inédit sur l’anthropocène), études de genre (Marianne Mispelaëre et ses révélatrices plaques de cuivre), postcolonialisme (les percutantes compositions à base de waxes d’Odilon Pain, les voiles de Jean Pierre Müller) et tant d’autres questionnements réjouissants.

Au Centre de la gravure, à La Louvière, jusqu’au 26 septembre.

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