Bulles de Noël

La bande dessinée a toujours su faire la fête. Sélection très subjective d’albums à (se faire) offrir sous prétexte d’hiver

Gaston Lagaffe

Le génial Gaston en très grand format noir et blanc (30 x 40), voilà qui ne va pas passer inaperçu. C’est, en effet, dans ce somptueux format, proche de l’original, que Marsu Productions poursuit la réédition de l’£uvre de Franquin, auteur capital dans l’histoire de la BD. On nous promet l’intégrale de tous les Gaston, et dans le bon ordre, s’il vous plaît. Cet album numéroté (2 000 exemplaires), qui porte sur les années 1957 et 1958, est complété par des similis couleur des Spirou de l’époque. Attachant et délicieusement rétro.

Hugo Pratt

Autant il est permis d’exprimer quelques réserves sur les innombrables rééditions posthumes et autres  » inédits  » d’Hugo Pratt, autant il sera difficile, pour tout  » prattien  » digne de ce nom, d’ignorer ce volume-ci. Il s’agit du catalogue de l’exposition, majeure, que la ville de Sienne vient de consacrer aux aquarelles du maître. Bilan : un très gros livre de 450 pages consacrées aux Périples imaginaires et débordant de couleurs, de poésie et de magie. Si l’art difficile de l’aquarelle tire sa force de sa spontanéité et de son apparente légèreté, seuls les plus grands ont pu la dompter. Pratt était de ceux-là, comme le confirme ce livre superbissime (en français chez Casterman, broché ou relié).

Yoko Tsuno

On ne présente plus la sympathique Japonaise. Son créateur, Roger Leloup, cache mal sa passion pour le dessin technique. A l’occasion du 24e Yoko, Le Septième Code, Dupuis propose un n° 24 bis de la même histoire, mais en grand format. Et offre en prime 32 pages d’esquisses. Un vrai supplément que ce cahier-là, qui sert à merveille le crayonné de l’auteur.

Pin-up

Même philosophie de l’album hors série chez Dargaud, qui double la sortie de la neuvième Pin-up, Venin, de Yann et Berthet, par un tirage en noir et blanc, accompagné de huit belles planches couleur inédites. L’occasion de mieux saisir l’évolution de la mise en page voulue par Berthet, plus spontané sans doute que dans les albums précédents. (Exposition des planches originales à La Main blanche, Waterloo, jusqu’au 31 décembre.)

Intégrales

Une vraie fausse bonne idée ? Les avis sont partagés sur la publication en  » intégrales  » des séries à succès, qui continuent à être éditées au numéro. Il est vrai que les éditeurs ne prennent pas de ris-ques. Il n’empêche que ces rééditions en un ou deux volumes ont une sacrée gueule. Le nec plus ultra, désormais, c’est de rassembler les histoires à l’affilée, sans leurs couvertures intermédiaires. Voilà donc, chez Dupuis, le premier cycle de L’Epervier (Pellerin) ou les quatre premiers Jeremiah (Hermann), qui nous proposent respectivement 288 pages et 192 pages à engloutir d’une traite. Grisant.

Chez Glénat, on retiendra tout particulièrement les sept volumes de Fox, repris en deux recueils. L’occasion de redécouvrir ce qui reste une très grande série de Charles et Dufaux, interrompue trop tôt pour cause de bisbrouille. Dargaud, qui ne compte pas louper Noël non plus, propose une série d’intégrales parmi lesquelles on élira sans hésiter Pampa, fascinant conte fantastique de Zentner et Nine. Mention  » excellent  » également pour Où le regard ne porte pas, ode poétique de 188 pages à l’enfance et à l’amitié signée par Abolin et Pont, que personne ne connaissait jusqu’alors.

Coffrets

Les intégrales, c’est bien mais, en coffret, c’est encore mieux. Impensable, évidemment, de rater Le Cri du peule, l’adaptation du roman de Vautrin sur la Commune de Paris par Tardi (Casterman). Cette grande fresque révolutionnaire et sanglante est accompagnée, pour l’occasion, d’un CD de chansons de l’époque, entonnées par Dominique Legrand sur les barricades, Mme Tardi à la ville.

A saluer aussi, chez Vents d’Ouest, le coffret Peter Pan (6 albums), le chef-d’£uvre de Loisel fourni avec un DVD consacré à l’auteur. Avouons encore un faible pour India Dreams, la saga indienne dessinée avec une rare élégance par Jean-Francois Charles. Casterman a eu le bon goût d’ajouter aux quatre tomes du coffret un cinquième volume de dessins et d’explications.

Stéphane Renard

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