Bientôt des bioplastiques dans votre supermarché ?

Du plastique à base de betterave, de pomme de terre ou de canne à sucre, une alternative viable au plastique  » pétrolier  » ? C’est possible. Mais attention aux effets pervers sur la production agricole.

Les premières expériences en matière d’emballage ont connu des succès mitigés. Mais le progrès technologique autant que la flambée des prix pétroliers suscitent un regain d’intérêt pour les plastiques à base végétale. En particulier du côté de Futerro, leader mondial belge en matière de R&D sur les biopolymères. D’ici à l’été, vous pourrez trouver dans votre supermarché des bouteilles de Coca-Cola en plastique bio-sourcé, à savoir que 30 % du PET (polyéthylène téréphtalate) utilisé pour ces bouteilles sont d’origine végétale et, donc, renouvelable. De la mélasse de canne à sucre pour être précis. Danone, à travers la marque Volvic, a également déjà lancé une bouteille semblable. Et d’autres vont sans doute suivre. Les départements marketing des multinationales concernées ne manqueront pas d’en répéter les avantages environnementaux : une recyclabilité accrue, une meilleure biodégradabilité (même si le recyclage restera toujours préférable au compostage) et une moindre dépendance à des ressources fossiles par nature limitées. Et on pourra difficilement leur donner tort, même s’il convient de rappeler que les plastiques n’absorbent qu’environ 5 % de la production de pétrole. Et qu’il faudra également être attentif à ce que cette nouvelle filière végétale n’ait pas d’effet pervers sur la production agricole, comme on a pu le dénoncer dans la première vague de biocarburants.

Made in Hainaut

L’un des principaux biopolymères est le PLA (acide polylactique), comparable visuellement au PET de nos bouteilles plastiques, à la différence notable qu’il est à base d’acide lactique. Le leader mondial en termes de production de PLA est la société américaine NatureWorks, suivie de la wallonne Galactic, qui fabrique ce biopolymère à partir de betteraves sucrières. L’entreprise basée à Escanaffles, dans le Hainaut, est appuyée par de gros actionnaires que sont la multinationale Finasucre et le holding financier Compagnie du Bois sauvage. Galactic a en outre formé avec Total Petrochemicals, son voisin hennuyer de Feluy, une coentreprise, Futerro, à la pointe en R&D sur les bioplastiques. Il y a un an, avec l’appui du gouvernement wallon, Futerro inaugurait un centre de démonstration. Avant de passer à la commercialisation ?  » Le potentiel technologique du PLA est plus élevé que ce que nous avions anticipé, explique Johan De Taeye, responsable pour les produits à base d’acide polylactique chez Total Petrochemicals. Le produit est véritablement entré dans sa phase de démarrage. Son utilisation est pour l’instant limitée aux emballages et aux films plastiques [NDLR : Delhaize ou Carrefour utilisent notamment du PLA pour l’emballage de plantes aromatiques, fruits et légumes ou pâtisseries], mais elle pourra être étendue à des produits plus durables et à plus haute valeur ajoutée. « 

Le Centre de recherche Materia Nova de l’université de Mons, spécialisé dans les nouveaux types de matériaux, observe également une montée en gamme des bioplastiques.  » La première vague de bioplastiques était en effet limitée à des matériaux de courte durée, essentiellement des emballages jetables (par exemple, des gobelets lors de festivals rock), voire certains textiles à usage unique (tabliers de chirurgien, tapis jetables, etc.). Avec des fortunes diverses. Le fait qu’il s’agissait d’applications à valeur ajoutée plutôt faible a empêché la pénétration à grande échelle d’un matériau relativement coûteux,  » explique le Pr Philippe Dubois. Mais le vent est en train de tourner, surtout au Japon : Fujitsu a lancé un ordinateur dont le caisson est fabriqué en bioplastique PLA (à base d’acide lactique). Toyota et Mazda ont présenté des véhicules dont les tableaux de bord, les sièges ou les carpettes de sol ont également une origine (partiellement) végétale. Des initiatives semblables ont vu le jour chez Samsung (GSM) ou chez NEC et Canon (photocopieurs). En attendant de débarquer dans nos magasins ?

Couches-culottes

Du côté de Futerro, on évoque des projets prometteurs dans le domaine des jouets, des vêtements ou même des couches-culottes, un produit pourtant extrêmement complexe.  » Alors que le prix du pétrole augmente, les coûts de production des bioplastiques vont devenir de plus en plus compétitifs, tout comme la qualité intrinsèque des produits,  » projette Johan De Taeye. Vu leur expérience concluante, Galactic et Total Petrochemicals pourraient décider prochainement de passer à la vitesse supérieure en se lançant dans la production massive de PLA. Si tel était le cas, il faudrait quatre ou cinq ans pour construire une usine synonyme de dizaines d’emplois. Dans le Hainaut ? No comment. Mais une chose est sûre : ce serait soit au milieu des champs de betteraves, soit dans un port.

OLIVIER FABES

 » LES COÛTS DE PRODUCTION DES BIOPLASTIQUES VONT DEVENIR DE PLUS EN PLUS COMPÉTITIFS « 

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