Bien investir selon son âge

La SA Votre Ménage est-elle rendable? Votre comptabilité familiale est-elle saine? Le Vif/L’Express propose quelques conseils adaptés à chaque classe d’âge. Faut-il acheter une habitation quand on a 20 ans ou en louer une sa vie durant? Et y a-t-il de s’inquiéter si, à 35 ans, on n’a pas encore pris de dispositions pour sa retraite? Ou si, à 60 ans, on n’a pas encore rédigé son testament?

Céline De Coster

Planifier rigoureusement les finances familiales sur une très longue période n’a pas beaucoup de sens. En quelques années, une série d’éléments peuvent changer la donne, surtout si vous vous êtes mis tout récemment à constituer votre patrimoine. C’est pourquoi il vaut mieux élaborer un projet sur dix ans, quitte à en corriger ensuite la trajectoire en fonction du cours de sa vie.

Nous nous proposons ici d’établir une distinction entre cinq classes d’âge ayant chacune ses propres préoccupations, en donnant des exemples de situations concrètes : 1. Moins de 30 ans ; 2. De 30 à 39 ans ; 3. De 40 à 49 ans ; 4. De 50 ans à la retraite ; 5. La retraite

Moins de 30 ans

Luc et Sabine, tous deux âgés de 26 ans, louent un appartement. Ils envisagent de se marier et, plus tard, d’avoir des enfants. Ils sont soulagés d’avoir trouvé, chacun, depuis peu, un emploi stable, avec un contrat à durée indéterminée à la clé. Auparavant, leurs contrats de travail étaient à durée déterminée et alternaient avec des périodes de chômage. Ils ne sont pas encore en mesure de se constituer un matelas, mais ils peuvent néanmoins, peu à peu, mettre une petite somme de côté tous les mois. C’est le début de leur patrimoine futur.

Mais combien exactement doivent-ils économiser ? Et dans quel but ?  » Avant 30 ans, la plupart des gens économisent avant tout pour s’acheter leur habitation, dit Johan Adriaens, gestionnaire de patrimoine indépendant chez Neven & Partners. Non dans le but de pouvoir tout payer en liquide naturellement, mais des économies de 30 000 euros peuvent couvrir les frais supplémentaires liés à l’achat d’une habitation. Tels les droits d’enregistrement et les frais de notaire : 11 % de la valeur d’un logement neuf. « 

Luc et Sabine ont déjà repéré le logis de leurs rêves : une maison mitoyenne à 200 000 euros dans un quartier agréable d’une ville moyenne. Ils décident de l’acquérir, ce qui signifie qu’ils doivent contracter un emprunt hypothécaire. Les Belges étalent généralement leur emprunt hypothécaire sur 20 ans, mais, depuis quelque temps déjà, des périodes de vingt-cinq ou même trente ans n’ont plus rien d’exceptionnel. Tout dépend en fait du montant qu’on peut rembourser par mois. Les banques évaluent l’importance de ce montant à un tiers, voire à la moitié, tout au plus, du budget mensuel du ménage. Pas le budget actuel, mais bien le budget futur. Celui dont un foyer disposera quand arrivent les enfants, et quand le coût de l’énergie aura encore augmenté.

De toute façon, un emprunt hypothécaire est une lourde charge financière. Luc et Sabine paieront 1 255 euros par mois s’ils empruntent sur 20 ans, à un taux de 4,5 %. S’ils empruntent sur 25 ans, ils paieront 1 101 euros par mois, et 1 002 euros, sur 30 ans. De plus, une grande partie des économies actuelles de Luc et Sabine seront affectées à la maison.

En fait, est-il raisonnable d’acquérir une habitation quand on n’a pas encore 30 ans ?  » Si vous louez, vous ne vous constituez naturellement pas de patrimoine, note Johan Adriaens. Mais, personnellement, je trouve que ce n’est pas une bonne idée d’acheter très tôt une maison. Tant de choses peuvent encore changer dans la vie de personnes qui n’ont pas 30 ans. Combien d’enfants auront-elles ? Continueront-elles à vivre dans le quartier où elles ont l’intention de s’installer ? De plus, si on achète son logement très tôt, on doit inévitablement contracter un emprunt sur trente ou trente-cinq ans. Si on attend un peu plus longtemps, il est peut-être possible d’emprunter sur 25 ans. Une différence de dix ans, cela compte. « 

Si Luc et Sabine décident d’acquérir la maison, ils bénéficieront naturellement de revenus alternatifs sous la forme d’un avantage fiscal lié à leur emprunt hypothécaire : l’application du bonus logement. La première année, celui-ci peut s’élever à plus de 2 500 euros. Mais Luc et Sabine ne doivent pas seulement considérer les frais de remboursement, mais aussi les frais d’entretien annuels de leur nouvelle habitation.

Après vingt ans, leur maison aura pris beaucoup de valeur. Cette augmentation va bien sûr accroître grandement leur patrimoine net. Celui-ci aurait été moins important s’ils avaient décidé de louer une maison pendant vingt ans en acquittant un loyer annuel de 12 000 euros. Même si leur portefeuille mobilier aurait été plus fourni grâce à leurs belles économies.

Ces cinquante dernières années, l’immobilier a rapporté en moyenne 6,4 % par an, affirme Johan Adriaens. Après vingt-cinq ans, votre maison vaut 4,5 fois son prix d’achat. Les pronostics pour les prochaines années sont légèrement revus à la baisse : on table sur une augmentation de 3 à 4 %. En tenant compte des frais d’entretien d’une habitation, le rendement réel fluctue autour de 3 %. « 

De 30 à 39 ans

Des études montrent que 35 ans est l’âge idéal pour commencer une épargne-pension. Vu que, dans vingt à trente ans, il est hautement probable que la population active devra travailler au moins cinq ans de plus, l’âge optimal pour commencer l’épargne-pension passe même à 40 ans. Il s’agit d’une nécessité. En moyenne, un salarié reçoit une pension légale d’un peu plus de 1 100 euros par mois pour un homme. Une femme doit se contenter de quelque 825 euros. La pension légale d’un indépendant est inférieure à celle d’un salarié. En moyenne, il s’agit de quelque 850 euros par mois pour un homme, et de 715 euros pour une femme. Les fonctionnaires sont des veinards, car ils touchent la pension légale la plus élevée. La retraite d’un fonctionnaire est en effet calculée sur la base du traitement des cinq dernières années, les mieux payées de la carrière. Alors que la pension d’un salarié et celle d’un travailleur indépendant sont calculées sur la base de la rémunération de toute une carrière.

Il n’est pas conseillé d’attendre longtemps avant de commencer à cotiser à l’épargne-pension, estime Johan Adriaens  » Il ne s’agit, tout compte fait, que de 70 euros par mois qu’on doit mettre de côté. Si on commence à 25 ans, on peut obtenir, par le biais d’un fonds d’épargne-pension, un capital de 171 998 euros à ses 65 ans. Si on ne commence qu’à 40 ans, on obtiendra seulement 54 493 euros. « 

L’épargne-pension présente un avantage supplémentaire : outre le fait d’être propriétaire de son habitation, le capital pension qu’on va obtenir forme le deuxième pilier de son patrimoine total. Et l’épargne-pension est fiscalement avantageuse. Le montant déductible auquel elle donne droit est augmenté chaque année et a été porté à 830 euros par personne (revenus de 2008). Dans la déclaration d’impôts, il y a lieu d’inscrire ce montant sous la rubrique Epargne-pension.

 » Le moment auquel on commence à constituer une épargne-pension varie selon qu’on a ou non une assurance de groupe, précise Adriaens. Car celle-ci produit un montant considérable quand l’heure de la retraite sonne. De plus en plus de gens bénéficient d’une telle assurance de groupe via leur employeur. Mais les indépendants aussi peuvent prendre une assurance de groupe s’ils ont formé une société. « 

Penser à son avenir est un must dans cette phase de la vie. Si vous avez des enfants, ils vous seront très reconnaissants plus tard si vous pensez – dès à présent – à leur avenir. Les comptes d’épargne  » Bébé  » et autres formules d’épargne pour tout petits connaissent un succès grandissant.  » C’est fort bien, dit Adriaens. Malheureusement, beaucoup de gens se font refiler une formule qui ne leur rapporte que 4 à 5 % par an. Ou encore moins, dans le cas d’un livret d’épargne. Les gens choisissent des formules d’investissement sûres, mais ils oublient que leur bébé ne fera usage de cette épargne que dix-huit ans plus tard, au plus tôt. Il s’agit là d’un horizon d’investissement lointain : il vaut mieux, dès lors, opter pour les actions, plus rentables sur le long terme. Plus tard, quand votre enfant aura 10 ou 15 ans, vous pourrez passer aux obligations, beaucoup plus sûres. « 

N’oubliez pas non plus, dans cette phase de la vie, de couvrir votre patrimoine croissant contre toutes sortes de malheurs. En souscrivant une assurance hospitalisation, par exemple, ou une assurance familiale.  » On ne sait jamais. Imaginez que votre enfant jette une grosse pierre sur un train qui passe sous un pont ou casse un précieux vase chinois chez des amis. C’est vous qui paierez la facture si vous n’êtes pas assuré. « 

De 40 à 49 ans

Marc (40 ans) et Sarah (38 ans) sont mariés et ont ensemble deux enfants de 16 et 14 ans. Le couple veut gérer valablement ses finances et décide d’établir (ou de faire établir) un bilan patrimonial personnel et un compte de résultats personnel (voir encadrés p.100 et 101). Marc et Sarah doivent d’abord dresser un inventaire de leurs avoirs et de leurs dettes.

Le ménage vit dans une maison à Bruxelles que Marc et Sarah ont achetée pour 175 000 euros il y a dix ans. Aujourd’hui, leur habitation familiale, très bien située, est estimée à 440 690 euros. C’est la valeur actuelle de la maison qu’on inscrira dans le bilan patrimonial de Marc et Sarah. Le couple possède aussi à Bruxelles un appartement qu’il donne en location. Ils l’ont acheté il y a deux ans au prix de 120 000 euros. Aujourd’hui, il en vaut 138 000.

Ils sont tous deux salariés et ils ont déjà constitué un petit capital pension. Chaque année, ils versent en effet 500 euros pour l’épargne- pension, ce qui leur a procuré jusqu’à présent 7 500 euros à chacun. Soit un montant cumulé de 15 000 euros, bien que le montant qui figure sur le bilan patrimonial soit de 13 500 euros seulement. Car ce bilan prend déjà en compte les 10 % d’impôts qui seront perçus plus tard sur le montant final de leur épargne-pension.

Comme salariés, Marc et Sarah ont aussi une assurance de groupe. Le montant assuré de Marc s’élève à 50 000 euros, celui de Sarah, à 35 000 euros. Pour calculer la valeur actuelle de l’assurance de groupe de Marc, nous devons en déduire 22,5 % d’impôts (11 250 euros), et y ajouter 20 % de participation au bénéfice estimée (10 000 euros). Résultat : 48 750 euros. L’assurance de groupe de Marc porte sur une période de trente-cinq ans, dont dix sont déjà passés. Actuellement, son assurance de groupe vaut donc 13 928,57 euros : 10/35 de 48 750 euros. Si nous calculons de la même manière la valeur actuelle de l’assurance de groupe de Sarah et additionnons le tout, nous arrivons à un montant de 21 728,57 euros pour les deux époux.

Marc et Sarah possèdent une BMW, achetée il y a trois ans pour 25 000 euros. Si nous tenons compte de la diminution de sa valeur suivant les taux du marché, la BMW vaut pour l’instant 10 977,35 euros. Ce montant figure dans le bilan patrimonial. Marc et Sarah estiment la valeur de leur mobilier à quelque 22 000 euros. Enfin, ils détiennent encore un portefeuille d’investissements de quelque 55 000 euros, et des économies s’élevant à 3 500 euros pour faire face à des circonstances imprévues.

Au passif du bilan, on retrouve les dettes de Marc et de Sarah. Pour la maison qu’ils occupent eux-mêmes, il leur faut encore rembourser 110 000 euros, et pour l’appartement qu’ils louent, 112 000 euros. L’emprunt pour leur logement court encore sur 10 ans et celui contracté pour l’appartement, sur 18 ans. Pour leur BMW, Marc et Sarah doivent encore payer 7 500 euros, étalés sur deux ans. Enfin, le couple doit aussi rembourser 5 000 euros d’un prêt personnel.

Après l’établissement de leur bilan patrimonial, ils mettent aussi leur compte de résultats personnel sur le papier. Il s’agit d’une analyse des revenus et des dépenses de leur ménage. Leurs salaires annuels s’élèvent, au total, à 61 248 euros. Leur appartement donné en location leur procure 6 000 euros par an, après déduction de tous les frais.

Côté dépenses, il y a d’abord et surtout les obligations financières – le remboursement des emprunts – à inscrire au poste des dépenses obligatoires. Marc et Sarah ne sont pas soumis à des contraintes légales telles que le paiement d’une rente alimentaire, mais ils ont des devoirs moraux à remplir. Les frais d’études de leurs enfants, par exemple, s’élèvent à 2 422 euros par an. Les dépenses fixes de Marc et Sarah incluent les assurances et les impôts, les frais d’entretien de leurs biens immobiliers, de leur voiture et de leur mobilier. Les dépenses qu’ils s’imposent librement ont surtout trait à leurs capitaux placés et investis. Le montant qu’ils versent pour leur épargne-pension, par exemple. Les dépenses courantes sont celles qui couvrent l’habillement, les soins de santé, l’électricité, l’alimentation, les vacances et les loisirs.

Que ressort-il de ce compte de résultats ? Les dépenses obligatoires et courantes de Marc et Sarah, difficiles à réduire, représentent 64 748 euros par an, soit 5 395,67 euros par mois. Ce sont les revenus nécessaires pour pourvoir à leurs besoins. Marc et Sarah sont donc tributaires des revenus produits par la location de leur appartement pour boucler leur budget. Une situation peu confortable. Le départ soudain du locataire pourrait les mettre sérieusement dans l’embarras. Mais tout n’est pas noir pour ce couple : il leur reste 1 865,58 euros dont ils peuvent disposer librement.

De 50 ans à la retraite

Quel sera le montant de votre pension légale ? C’est une question qui vous préoccupe déjà dès que vous atteignez la cinquantaine. Ai-je suffisamment économisé pendant ma carrière pour pouvoir garder mon niveau de vie actuel quand je serai à la retraite ?

Pour vous éclairer, vous pouvez consulter le site www.toutsurmapen sion.be. Ce site calcule assez exactement le montant de votre pension légale après que vous avez introduit les paramètres demandés. Le calcul n’est toutefois jamais parfait car, après votre 50e anniversaire – le moment où vous vous mettez à faire ce calcul – beaucoup de choses peuvent encore se passer sur le plan professionnel.

Un exemple : Eric et Iris ont 50 ans. En consultant le site mentionné ci-dessus, ils apprennent que la pension légale d’Eric s’élèvera à 1 300 euros et celle de son épouse, à 1 200 euros. Ils disposeront ensemble de 2 500 euros par mois dès qu’ils prendront leur retraite. Les calculs du couple leur révèlent cependant qu’ils doivent pouvoir disposer de 4 000 euros par mois pour s’en tirer. Il leur manquera donc 1 500 euros par mois.

Combien doivent-ils encore épargner à présent ? Selon Johan Adriaens,  » pour chaque tranche de 500 euros par mois qu’on veut obtenir en plus de sa pension légale, on doit épargner un capital de 100 000 euros pendant sa carrière. Selon cette règle, Eric et Iris ont donc besoin d’un capital de 300 000 euros. S’ils s’y sont pris intelligemment, ils peuvent facilement atteindre cet objectif – certainement s’ils bénéficient tous deux d’une assurance de groupe. « 

Quelles sont les possibilités d’épargne si le montant requis n’est pas encore en vue ?  » On doit tout d’abord décider si on veut cesser de travailler à 60 ou à 65 ans, précise Adriaens. Cela est essentiel. Par exemple, pour ce qui concerne l’assurance de groupe. Si on arrête de travailler à 60 ans, l’impôt final prélevé sur le montant versé s’élève à 16,5 %. Si on travaille jusqu’à 65 ans, l’impôt final est limité à 10 %. Il en va de même pour la pension libre complémentaire des indépendants, bien qu’il s’agisse là d’une formule un peu plus compliquée. « 

Par ailleurs, la règle fondamentale est la suivante : si on considère que l’on peut encore épargner pendant plus de dix ans jusqu’au moment de sa retraite, il vaut mieux opter pour un fonds d’épargne-pension qui investit surtout dans des actions. A long terme, les actions sont plus performantes que les formules d’épargne à taux fixe. Par contre, si on compte prendre sa retraite dans les dix ans et qu’on veut encore épargner, il est préférable de choisir une assurance épargne-pension.

Une seconde façon fiscalement intéressante de se constituer une épargne-pension individuelle est l’assurance-vie individuelle. Elle connaît de plus en plus de succès comme formule d’épargne à long terme. Le principe est simple. A des moments réguliers, on paie une prime qui rapporte des intérêts et, à l’échéance du contrat (quand on atteint ses 60 ou 65 ans), la totalité de la tirelire vous est versée.

L’avantage fiscal est calculé sur un montant maximal de 1 990 euros par an (année des revenus 2008). Cet avantage oscille entre 30 et 40 % des primes payées, comme pour l’épargne-pension fiscale. Quelle est la différence entre les deux formules ? Dans le cas d’une assurance-vie individuelle, le montant déductible autorisé dépend du revenu. On a donc intérêt à examiner quelle est l’option la plus rentable. On doit tenir compte du fait que les avantages fiscaux liés à une assurance-vie ne peuvent être combinés à ceux d’un emprunt hypothécaire contracté pour son habitation. Attendez donc jusqu’à ce que l’emprunt soit remboursé.

La pension

Enfin ! Vous avez donc dit adieu à votre bureau. Vous ne craignez pas le fameux trou noir. Au contraire. Il y a quelques années, vous avez hérité d’une coquette somme d’argent et vous voulez l’utiliser pour faire des choses qui vous plaisent véritablement, à présent que vous en avez le temps. Un second projet immobilier, par exemple, de préférence sous la forme d’une résidence secondaire à l’étranger, au soleil du Midi

Il faut savoir à ce propos que, si vous êtes installé et domicilié en France quand le montant de votre assurance de groupe vous est versée, cette somme ne sera pas ou quasi pas imposée.  » Grâce au traité préventif de la double imposition conclu entre la Belgique et la France, explique Adriaens. Si vous voulez profiter de cette aubaine, faites néanmoins attention, car le fisc belge vérifie soigneusement si vous habitez réellement en France au moment où votre assurance de groupe vient à échéance. Et c’est pas tout : il vous tiendra à l’£il pendant trois ans. Rentrer en Belgique, en toute hâte, une fois le versement effectué, n’est donc pas une option. « 

Supposons qu’à l’automne ensoleillé de votre vie vous souhaitiez encore accroître considérablement votre patrimoine en y incorporant de l’immobilier. Dans ce cas, il serait bon que vous songiez aussi à vos héritiers. Car, quand vous-même et votre partenaire décéderont, ils devront payer des droits de succession sur la partie de votre patrimoine dont ils hériteront. Or des maisons et des appartements peuvent faire grimper considérablement la note. L’acquisition scindée (scission du droit de propriété) constitue une solution classique à ce problème. Seul l’usufruit de votre seconde résidence est à votre nom et la nue-propriété est au nom de vos enfants. De cette manière, vous pouvez occuper votre nouvelle maison ou, si vous la louez, en percevoir le loyer et, plus tard, vos enfants n’auront pas à payer de droits de succession.

Très intéressant ? D’accord mais, ici aussi, il faut être vigilant. Le fisc belge ne veut jouer le jeu qu’à trois conditions. Tout d’abord, vos enfants doivent être en mesure de démontrer qu’ils disposent de suffisamment d’argent pour acquérir la nue-propriété. Cela n’est pas évident quand il s’agit d’enfants encore jeunes. Ensuite, vos enfants doivent aussi prouver qu’ils ont aussi utilisé cet argent pour supporter tous les frais d’acquisition, y compris les frais de notaire. Enfin, l’évaluation financière de l’usufruit et de la nue-propriété doit se faire de façon correcte. Fixer le prix de la nue-propriété à un niveau artificiellement bas ne fera pas l’affaire.

Et si vous ne voulez pas du tout prendre votre retraite ? Vous pouvez continuer à travailler au-delà de 65 ans, mais la somme d’argent que vous êtes autorisé à gagner est limitée. Auparavant, un pensionné ne pouvait pratiquement rien gagner en complément. Mais, ces dernières années, les choses ont changé. En 2006, les seuils des revenus autorisés après la mise à la retraite ont été majorés, mais cela reste bien maigre pour les plus de 65 ans fort motivés. Pis, dès qu’ils dépassent de 15 % le plafond légal de 17 000 euros brut, au maximum, ils perdent leur pension de l’année où ce dépassement s’est produit.

Il existe cependant une solution pour les seniors qui n’ont pas envie de mener une existence paisible ou de se consacrer au volontariat. Si, comme pensionné, vous fondez une société, vous pouvez continuer à travailler – sans devoir tenir compte des montants limites. C’est en effet votre société qui gagne de l’argent. De l’argent pour couvrir vos frais, comme votre voiture, par exemple. Le bénéfice éventuel peut aussi rester dans la société et y est imposé normalement.

Comment allez-vous procéder ? Vous pouvez choisir la SPRL classique pour laquelle un capital minimum de 18 550 euros est requis. Mais vous devez alors pouvoir tenir une comptabilité et établir des comptes annuels. Ou bien vous optez pour une société en nom collectif. La procédure est rapide et bon marché, mais vous êtes entièrement responsable en votre nom propre si quelque chose tourne mal. Recourir à un comptable n’est dès lors pas un luxe superflu. Si vous vous rémunérez vous-même en vous octroyant un salaire exagérément élevé, faites attention aux plafonds signalés ci-avant.

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