L'approche chromatique de Harry Gruyaert est toujours percutante. © Harry Gruyaert, Courtesy Gallery Fifty One

Between Worlds

Le Vif

Ce n’est pas rien. Gallery Fifty One organise pour la quatrième fois de son histoire une exposition solo consacrée à un géant belge de la photographie: Harry Gruyaert (1941). Quelques éléments biographiques ne sont pas inutiles pour comprendre l’imagerie qui lui est propre.

Retour en arrière. En 1962 – un temps fort de son parcours personnel –, le natif d’ Anvers quitte la ville de Silvius Brabo pour s’installer à Paris. Il est appelé par les sirènes de la Ville lumière selon une trame connue, celle d’un jeune adulte rêvant d’échapper à la médiocrité de son quotidien. La Nouvelle Vague cinématographique agit alors sur lui comme un déclic. En 1959 sort Les Quatre Cents Coups, Harry a tout juste 18 ans. Au vu de son œuvre, le jeune Flamand ne peut pas être passé à côté de ce poignant manifeste adressé par Truffaut à tous les laissés-pour-compte de l’affection. Ils sont nombreux à avoir eu envie de glisser leurs pas dans ceux du jeune Antoine Doinel. Cette invitation à une vie buissonnière, autre que celle que les parents et les maîtres destinent à leurs enfants, a forcément fait forte impression à Gruyaert. Il nous semble d’ailleurs que cette nostalgie d’une vie autre que ce qu’elle serait infuse sa photographie intuitive. Avec leur goût pour les seuils et les juxtapositions de différents plans de réalité, les clichés diachroniques et nomades de Between Worlds transpirent cette dichotomie entre existence rêvée et existence vécue. Sans oublier cette approche chromatique percutante. «La couleur est plus physique que le noir et blanc, plus intellectuel et abstrait. Devant une photo en noir et blanc, on a davantage envie de comprendre ce qui se passe entre les personnages. Avec la couleur, on doit être immédiatement affecté par les différents tons qui expriment une situation.»

Telle est l’une des clés de l’univers de ce regard unique sur le monde qui entend faire de la photographie «une expérience physique», selon les mots de l’ancien directeur de l’agence Magnum, François Hébel.

A la Gallery Fifty One, à Anvers, jusqu’au 29 octobre.

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