Berlusconi, le petit

Quel rôle joue Paolo, le frère cadet de Silvio, à la tête du quotidien familial ?Lui aussi aime les jolies femmes et son nom a été mêlé à la chronique judiciaire.

A l’ombre du grand frère, il y a toujours eu le petit :  » Berluschino « , comme on l’appelle. Paolo B. n’a jamais supporté ce sobriquet, lui qui est né treize ans après Silvio et n’a jamais répugné, par sale temps, à faire office de paratonnerre. Ces jours-ci, à l’étranger, on découvre ce frère méconnu, depuis que le quotidien familial Il Giornale a déclenché, de manière inédite et boueuse, une attaque en piqué sur l’Eglise, indignée après le feuilleton estival des frasques charnelles de Silvio. Paolo est, en effet, le propriétaire d’ Il Giornale. Mais l’est-il vraiment ?

Ce n’est pas lui mais bien Silvio qui a nommé au poste de directeur de la rédaction, cet été, le polémiste Vittorio Feltri, pour lancer sa guerre totale contre la presse, contre l’Eglise, contre tous. Silvio avait vendu le journal à son frère en 1992, afin d’échapper à la loi Mammi, qui interdisait qu’un propriétaire de chaînes télévisées contrôle, en plus, des journauxà  » A la rédaction, personne ne savait que l’éditeur était Paolo Berlusconi et personne ne s’est jamais rendu compte de sa présence !  » témoignait, avant sa mort, le grand journaliste Indro Montanelli, qui, en 1994, lors de l’entrée de Berlusconi en politique, préféra quitter Il Giornale, qu’il avait dirigé pendant vingt ans. C’est à Montanelli que Paolo avait un jour confié l’impitoyable trame de son destin. Au retour d’une visite à sa mère, malade, il avait croisé la gardienne de l’immeuble, qui lui avait lancé :  » Ah, monsieur Paolo ! Comment va la maman de votre frère ?  » Et Paolo de s’avouer :  » C’est là que je me suis rendu compte que je ne comptais pour rien !  »

Au seuil de sa soixantième année, Paolo, qui ne parle pas à la presse et a refusé de recevoir Le Vif/L’Express, n’a donc jamais quitté le bas de l’affiche. On sait qu’il aime les jolies femmes et le Milan AC. Et qu’il a, pendant des années, pris les coups à la place du grand frère. Alors Paolo, l’homme de paille de Silvio ?  » Même pas, car Silvio et Paolo sont, d’une certaine façon, la même personne, observe Peter Gomez, journaliste à L’Espresso. Plus d’une fois, quand le groupe Fininvest de Silvio s’est trouvé dans le collimateur des juges, Paolo était en première ligne. Poursuivi à plusieurs reprises, une fois acquitté et trois fois condamné pour corruption et financements illicites de partis, il a reconnu avoir arrosé des membres de la Démocratie chrétienne pour l’équivalent de 75 000 euros en pots-de-vin, dans le scandale de la décharge de Cerro Maggiore [Lombardie].  » Une affaire qui lui aura coûté encore bien plus cher : en 2002, il verse à la suite d’une transaction la somme de 50 millions d’euros afin d’échapper à la prison. Paolo a aussi fait parler de lui lors de l’affaire Solari : il avait acheté en Chine un stock de décodeurs qu’il a ensuite maquillés comme des produits italiens. Silvio étant président du Conseil, il décroche même des aides de l’Etat, qui subventionne alors le passage de la télévision analogique à la TNT. Un beau conflit d’intérêts pour les Berlusconi ! S’il n’y avait que çaà Car Paolo aurait aussi été victime d’une extorsion manigancée par son associé, lequel a échappé à une tentative d’enlèvement de Cosa Nostra, ordonné par sa propre épouse. Avec les frères Berlusconi, le rocambolesque n’est jamais loin.

VANJA LUKSIC ET DELPHINE SAUBABER

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