Manama, la sérénité apparente, les tensions sous-jacentes. © getty images

Bahreïn, où la force n’empêche pas la fragilité

Le Vif

Dans Une datcha dans le Golfe , Emilio Sánchez Mediavilla raconte la répression du « printemps arabe » bahreïnien par le pouvoir sunnite en 2011 vue par les insurgés chiites.

Moins connu que l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et le Qatar, le Bahreïn est le plus petit, en superficie, des Etats du Conseil de coopération du Golfe (qui compte encore le Koweït et Oman). Il a la particularité, sensible dans cette région voisine de l’Iran, d’être dirigé par une monarchie sunnite alors qu’une majorité de sa population est chiite. Cette situation est source de tensions. Elles expliquent que la dynastie bahreïnie et l’Arabie saoudite ont étouffé dans l’œuf la déclinaison locale des «printemps arabes», en 2011. Pour Riyad, le danger de contagion du mouvement à la minorité chiite d’Arabie saoudite était trop grand.

Ce contexte est au cœur du passionnant récit du journaliste espagnol Emilio Sánchez Mediavilla, Une datcha dans le Golfe (1). Un des principaux intérêts du livre réside dans la proximité de l’auteur avec la population chiite défavorisée de certains quartiers de Manama, la capitale. Elle permet un regard distancié de celui des riches Bahreïniens, sunnites et chiites, et des expatriés occidentaux.

Emilio Sánchez Mediavilla pointe habilement la fragilité d’une élite dirigeante fondée sur une minorité et dépendante du travail de communautés étrangères, y compris dans des domaines régaliens. Une situation que résume la blague rapportée par l’auteur: «Tu peux t’attendre à être arrêté par un Pakistanais, interrogé par un Jordanien, torturé par un Yéménite et jugé par un Egyptien. Mais au moins, tu peux t’attendre à ce que tes camarades de cellule soient des Bahreïniens», surtout si tu es chiite… Une situation qui risque de perdurer tant l’Occident préfère dans cette région la stabilité à l’incertitude. «Toute barbarie peut se justifier au Moyen-Orient par cette théorie du moindre mal.»

(1) Une datcha dans le Golfe, par Emilio Sánchez Mediavilla, Métailié, 208 p.
(1) Une datcha dans le Golfe, par Emilio Sánchez Mediavilla, Métailié, 208 p. © National

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