Axel Poels  » Superflic  » de l’art

 » On retrouve plus facilement les ouvres que les receleurs « , explique le  » Monsieur Ouvres d’art  » de la police fédérale. En cause, la structure du marché : il y a beaucoup d’intermédiaires.

Depuis une dizaine d’années, Axel Poels est le  » Monsieur îuvres d’art  » de la police fédérale. Spécialiste de la criminalité liée aux biens culturels, il enquête sur tous les délits touchant de près ou de loin à l’art et aux antiquités : vol, falsification et contrefaçon, recel, fraude et extorsion… Il centralise et diffuse les informations relatives au commerce illégal des £uvres et joue un rôle actif de prévention auprès des professionnels et des particuliers. Un job qui fait rêver !

Le Vif/L’Express : Comment retrouvez-vous une £uvre volée, de quels moyens disposez-vous ?

Axel Poels : Dans notre section, nous sommes spécialisés en £uvres d’art et avons suivi un cours d’antiquariat… Il n’empêche que nous restons d’abord des policiers qui usons de tous les moyens classiques : audition, perquisition, témoignage… Parfois, une enquête peut progresser grâce à l’intervention d’un indic. Pour un vrai bon tuyau, celui-ci peut recevoir une prime de la part de la police ou des assurances. Nous disposons également d’une vaste banque de données ( » ARTIST « ) signalant approximativement 20 000 objets volés. Nous souhaitons maintenant pouvoir ouvrir cette précieuse source d’informations au grand public et aux professionnels (celle d’Interpol étant accessible à quiconque accepte de s’enregistrer). La réserver à la police n’a pas de sens. Les pièces volées doivent pouvoir être observées par les collectionneurs et les marchands. Des adjuvants essentiels pour pouvoir contrôler le marché.

Que se passe-t-il lorsqu’une £uvre recelée est découverte chez un particulier ?

Trois principaux cas de figure se présentent. Le plus simple : si l’objet appartient à l’Etat, peu importe le temps qui s’est écoulé entre le vol et la saisie, il est automatiquement restitué. Ces biens-là sont inaliénables, ils restent propriété de l’Etat ad vitam aeternam. Deuxième possibilité : la personne qui possède l’£uvre recelée en a fait l’acquisition de mauvaise foi (elle connaissait l’origine frauduleuse du bien convoité et on peut le prouver) : l’objet sera simplement restitué à la victime. Le troisième cas est plus compliqué : la personne qui possède l’£uvre recelée en a fait l’acquisition de bonne foi (dans une salle de vente ou chez un antiquaire réputé). Dans ce cas, deux options. Si l’£uvre est retrouvée endéans les trois ans après le vol, il y a obligation de restituer l’objet à la victime mais la personne flouée est en droit de réclamer à la première victime une indemnisation, comptabilisant tous les frais encourus (prix d’achat, frais de la salle de vente, restauration éventuelle…). Autrement dit, la victime doit racheter son £uvre. Enfin, si l’£uvre est retrouvée après trois ans, le second propriétaire n’est pas tenu de rendre l’objet à la victime. Le drame !

A choisir, préféreriez-vous retrouver l’£uvre d’art ou l’auteur du délit ?

Voilà un choix cornélien. En tant que policier, on veut toujours arrêter les coupables. C’est pour cette raison que l’on a choisi ce métier. Mais dans notre section, le plus important est de retrouver les objets, car ce sont des pièces uniques du patrimoine. Dans les faits, on retrouve plus facilement les £uvres que les receleurs. Cela tient à la structure caractéristique du marché de l’art : il y a beaucoup d’intermédiaires. Entre le moment où l’objet est volé et l’instant où il est retrouvé, on compte souvent 5 ou 6 étapes. La plupart du temps, c’est à la charnière entre le marché illicite et le marché licite que l’on va buter.

ENTRETIEN : GWENNAËLLE GRIBAUMONT

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