Avec les Gurkhas en Afghanistan

La réputation des Gurkhas n’est plus à faire. Ce régiment d’élite formé de volontaires népalais est l’un des fers de lance de la guerre contre les taliban. Le voici en opération.

l Reportage photo : Kris Pannecoucke

Le prince Harry, au repos, entouré de soldats gurkhas, dans un poste d’observation dans le sud de l’Afghanistan. La photo a fait le tour du monde, le 1er mars dernier. Le battage médiatique autour de la présence du fils cadet du prince Charles sur le front contre les taliban a d’ailleurs précipité le retour du jeune homme au bercail. Mais l’image a aussi rappelé au grand public la présence, en Afghanistan, du prestigieux régiment des Gurkhas. Ceux qui ont combattu aux côtés de ces volontaires népalais des forces britanniques les décrivent comme  » les plus braves d’entre les braves « , redoutables dans les montagnes et la jungle. Ils sont particulièrement efficaces en Afghanistan, grâce à leur compréhension des cultures et des langues locales : la plupart des Gurkhas s’expriment en hindi, une langue proche de l’ourdou parlé par beaucoup d’Afghans.

Un soir de février, 150 Gurkhas sont embarqués à bord d’hélicoptères Chinook néerlandais. Direction : un village du district de Ghowrak, à 90 kilomètres de Kandahar. Des taliban s’y seraient installés. Exceptionnellement, notre photographe est autorisé à assister à l’opération. Débarqués de nuit, dans la neige, à une dizaine de kilomètres du village, les Népalais dorment sur place pendant quelques heures, emmitouflés dans leurs sacs de couchage imperméables, avant de se lancer, vers 5 heures du matin, à l’assaut du village. Les maisons sont fouillées une à une, tandis que les villageois, rassemblés sur la place, sont interrogés. Mais les taliban ont eu le temps de disparaître. Le seul coup de feu tiré a abattu un chien. Les Gurkhas discutent avec les habitants pour gagner leur confiance…

La Grande-Bretagne recrute des soldats népalais depuis le xixe siècle. Ils n’ont cessé de combattre au sein des troupes de Sa Majesté, de la révolte des Cipayes (1857), en Inde, aux guerres du Golfe, du Kosovo, d’Irak et d’Afghanistan. Lors de la guerre des Malouines (1982), des soldats argentins auraient déserté leurs tranchées en entendant, à quelques mètres d’eux, les Gurkhas aiguiser leur kukri, couteau traditionnel recourbé, objet fétiche du soldat népalais.  » Plutôt mourir que vivre comme un lâche « , dit leur devise. En Afghanistan, les Gurkhas, allergiques à la cuisine de l’armée britannique, cherchent à améliorer leur ordinaire en achetant poulets et chèvres dans les villages.  » Les taliban l’ont appris, signale notre photographe : pour démoraliser les Népalais, ils multiplient les razzias contre les troupeaux de chèvres !  »

En deux siècles d’existence, le régiment d’élite, qui compte actuellement quelque 3 600 soldats, a perdu 43 000 hommes pour la Couronne britannique. Chaque année, 28 000 candidats âgés de 17 à 22 ans se présentent pour 200 places à pourvoir. Le régiment est basé à Catterick (Grande-Bretagne) et au Brunei. En mars 2007, 2 500 ex-Gurkhas ont manifesté pour réclamer une revalorisation de leur retraite : pour beaucoup, elle ne dépasse pas 200 euros par mois. Dès 2009, le régiment vivra une petite révolution : l’état-major prévoit de recruter de jeunes Népalaises !

O.R. avec K.P.

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