Aubry-Hollande Le duel inattendu

La chute de DSK bouleverse la donne de la primaire au PS. Un parti traumatisé, que la perspective d’une compétition serrée peut inquiéter encore plus.

La chute de Dominique rebat les cartesà pour tout le monde « , commente une secrétaire nationale du Parti socialiste français. Le parti est sonné. L’onde de choc n’a pas fini de provoquer des remous. Côté prétendants à l’investiture, un espace s’ouvre d’abord pour une candidature que l’on n’attendait plus : celle de Martine Aubry. Liée à Dominique Strauss-Kahn par un accord de désistement réciproque, la première secrétaire se retrouve mécaniquement relancée.

Mais, sûr de lui, son prédécesseur à la tête du PS, François Hollande, se voit déjà en vainqueur de la compétition interne. A ses experts, il a demandé expressément des  » notes valables pour la présidentielle et pas juste pour la primaire, car les Français ne comprendraient pas qu’on tienne deux discours « . Il veut des précisions sur la fiscalité (son dada), l’international (son point faible), la jeunesse (son leitmotiv). Avec Aubry, le débat va mettre en évidence deux lignes politiques distinctes. Une approche réformiste, assumant son caractère social-démocrate. Et, du côté de la première secrétaire, un discours plus à gauche, prônant davantage d’intervention de l’Etat et des sanctions contre les dérives libérales.

C’est aussi une opposition entre deux personnalités en tous points éloignées qui se profile.  » Martine ne tambourine pas, elle a une psychologie qui peut étonner car elle se prépare sans bruit « , assure un proche. Entre l’un et l’autre, une animosité ancienne envenime les relations.

 » Elle considère qu’il cherche juste à faire des coups, qu’il ne travaille pas « , explique un député. Aubry raille son changement de look, ses leçons de morale en matière budgétaire. Lui décrit à son entourage une femme à  » deux visages  » et une vraie langue de vipère.

La compétition s’annonce ouverte – et ce n’est pas forcément une bonne nouvelle pour le PS, parti hanté par les accusations de fraudes lancées lors de son congrès de Reims : un résultat suscite d’autant plus de suspicions qu’il est serré. Martine Aubry va devoir s’organiser – monter un organigramme de campagne, quitter temporairement la tête du PS, démontrer sa détermination. François Hollande aussi.  » On change de statut, on va être classés comme les favoris, ça met la pression « , entend-on désormais dans son camp. Son écurie fonctionne de façon artisanale. Le slogan de campagne ( » La France en avant « ) est né, un peu par hasard, lors d’une rencontre à Tulle (Corrèze). Hollande prépare un jour un voyage en Grèce, qu’il annule, avant de préparer un autre déplacement – de quelques heures – en Tunisie, le 23 mai. Il ira peut-être aux Etats-Unis en juin.  » On pilote à vue « , résume un pilier de l’équipe. Les petites chapelles partent en guerre – le retrait de DSK entraîne la dissolution de la seule grosse machine de la galaxie socialiste. Une nouvelle primaire, où tout est possible, commence.

MARCELO WESFREID

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