Architecture

Fanny Bouvry

Voilà un domaine où, loin d’être flamboyante à domicile, la Belgique fait parler d’elle hors de ses frontières. Prix, projets, expos, le bilan 2015 est plus que satisfaisant.

 » On ressent un engouement récent pour notre architecture qu’on pourrait décrire comme une envie de s’affranchir du côté bling-bling et spectaculaire de la discipline « , se réjouissait au printemps dernier François Lichtle, de la coopérative bruxelloise L’Escaut, cette dernière venant de terminer un pôle culturel à Reims. Sur la même longueur d’onde, sa consoeur anversoise Christine Conix, qui érige actuellement quatre tours en Pologne et a déjà bâti de par le monde, renchérit :  » Les concepteurs belges donnent une grande importance au contexte. Nous ne concevons pas de bâtiments qu’on peut dropper çà et là avec un hélicoptère. Il y a plus de sensibilité.  »

Et cette patte semble faire de plus en plus d’émules à l’international. Pour preuve, le nombre d’expos consacrées à nos compatriotes en Europe ces derniers mois. Des plans de Philippe Samyn montrés au Victoria and Albert Museum de Londres ; des planches du Liégeois Pierre Hebbelinck présentées à Amiens ; un accrochage dédié à Lucien Kroll au palais de Chaillot à Paris ; un autre à Xaveer De Geyter à Rome… Côté récompenses, un Building of the Year Award a été décerné par le site Archidaily au Bruxellois Julien De Smedt pour son complexe de logements The Iceberg, au Danemark. Et le collectif Rotor, qui a fait de la récupération de matériaux de construction sa raison d’être, s’est vu remettre le prestigieux Global Award for Sustainable Architecture, qui soutient des créateurs contribuant à un développement plus durable de notre société.

De l’idée à la réalisation

Une kyrielle de buildings pensés dans notre royaume ont par ailleurs vu le jour (ou sont en passe de le voir) aux quatre coins de l’Europe, voire de la planète. On citera l’hôpital de Nantes, un colossal édifice de quelque 240 000 m² signé Art & Build ; ou la tour Spire, en cours d’érection à Varsovie et dessinée par Jaspers-Eyers. Et ce ne sont là que quelques exemples à grande échelle… Au sein de Wallonie-Bruxelles Architecture, qui a pour mission de soutenir et promouvoir ce secteur à l’export, et qui vient de se livrer à une enquête sur le sujet, on confirme cet enthousiasme :  » Selon l’étude, trois quarts des professionnels sondés ont le souhait de travailler à l’étranger, résume Aurore Boraczek, directrice de WBA. Certes, ceux qui le font déjà sont plutôt de grosses structures. Mais les beaux projets réalisés ailleurs par de petits bureaux commencent à se multiplier. Les freins ? Notamment un complexe d’ambition, le savoir-faire est là mais pas encore la manière de le faire savoir !  »

De là à voir l’architecture belge érigée en valeur sûre de notre plat pays, il reste donc encore un pas. 60 % des personnes interrogées par WBA estiment d’ailleurs que les pouvoirs publics ont un rôle à jouer pour aider l’art de bâtir noir-jaune-rouge à élargir son horizon… Pas évident quand on voit que, chez nous, beaucoup de maîtres d’ouvrage, privés et publics, continuent à faire appel, pour leurs projets phares, à des architectes stars, venus de l’étranger !

Fanny Bouvry

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