Michel Rostain se laisse surprendre par ce qui advient sous sa plume. © PASCALE

Apprendre à finir

Le vieux a septante-huit ans. Metteur en scène retraité, il rencontre Simon lors d’un enterrement où tous deux cherchent à fuir toute compagnie. Le jeune comédien est en train d’écouter une émission sur la mort volontaire: « Normalement, la mort, ça calme et, après pareille info, n’importe quel importun devrait s’éloigner. » Mais le sujet les rapproche, ils font connaissance. Quelques mois plus tard, lors d’une autre cérémonie, rebelote: manières d’alcoolique précoce et lectures sombres, derrière un monument funéraire, le narrateur reconnaît le jeune homme tourmenté. Puis le hasard frappe son troisième coup lorsqu’il apprend que Simon sera l’assistant du prochain spectacle de Camille, sa « quasi-fille », cette Flûte enchantée que le vieux avait tant rêvé de mettre en scène… Soudain, le drame survient: un corps tombe et s’écrase devant le Grand Théâtre. Simon s’est suicidé. Comme le suggèrent son prologue et son dernier acte – baptisé Une dernière impro -, Michel Rostain (Goncourt du premier roman pour Le Fils) se laisse surprendre par ce qui advient sous sa plume. Stage d’impro en miroir, geste sacralisé, concierge « sorcière » qui applaudit les nuages, le texte fait feu de tout bois pour capturer le rituel de moments « magiques », où le metteur en scène d’opéras clame son amour du théâtre lyrique. « Il suffit de fermer les yeux et d’écouter: les Théâtres palpitent tout le temps de milliers d’émotions. » Voilà le lecteur prévenu: s’il évite avec bonheur le dolorisme pour évoquer la question de la fin de vie, le style Rostain ne ménage pas ses effets. « […] les divinités du théâtre venaient de débarquer sur scène et répandaient leurs spores sacrées. » Tardivement, quand le couple d’amoureux formé par le vieux et son Aimée se prépare à quitter ce monde ensemble, abordant la question du droit à mourir dans la dignité, ce dernier acte plein de tendresse semble flotter comme détaché du livre.

Le Vieux, par Michel Rostain, Calmann-Lévy, 232 p.
Le Vieux, par Michel Rostain, Calmann-Lévy, 232 p.

Le Vieux, par Michel Rostain, Calmann-Lévy, 232 p.

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