Amin Maalouf :  » La folie du monde me désespère « 

Après trois ans d’isolement, l’auteur de Léon l’Africain, de Samarcande et de tant d’autres merveilles est de retour, enrichi par la recherche de ses  » Origines  » (1). Mais aussi effrayé par le fossé qui s’élargit entre l’Occident et le monde arabe

(1) Sur le nouveau livre d’Amin Maalouf, Origines (Grasset), voir aussi, en p.80, un face-à-face avec l’écrivain J.M.G. Le Clézio.

Le Vif/L’Express : Partir à la découverte de ses ancêtres, comme vous l’avez fait ces dernières années, est-ce une façon de tourner le dos à un monde qui s’embrase ?

: Je ne l’ai pas vu comme cela mais, maintenant que vous le dites, je réalise que j’ai eu, en effet, un réflexe de protection pour m’éloigner d’une actualité qui m’irrite profondément et me déprime. Replonger dans l’époque de mes grands-parents et arrière-grands-parents relève de la thérapie. Outre le fait qu’être un migrant, un Libanais installé en France depuis 1976, aiguise le désir de retrouver ses origines. Quand je prépare un livre, je n’ai plus aucune vie sociale, je n’interviens pas en public et j’observe un rituel immuable : je m’installe à ma table de travail tous les matins vers 9 heures et j’écris jusqu’au milieu de l’après-midi, avant de me promener au bord de l’eau ou dans les sentiers de l’île d’Yeu, en Vendée, où j’ai coutume d’écrire.

Que vous inspirent les attentats islamistes à Madrid, la violence en Irak et au Proche-Orient ?

, se déroule dans l’Andalousie du xve siècle, où cohabitaient juifs, chrétiens et musulmans. Les justifications avancées par les terroristes islamistes sont nulles et non avenues. Ils utilisent des méthodes inhumaines qu’aucun croyant ne peut accepter, quelle que soit sa religion.

Ambassadeur de la culture franco-arabe, vous estimiez naguère que le choc des civilisations pouvait être évité. Est-ce toujours votre avis ?

, mais je suis souvent intervenu pour affirmer que le pire n’était pas inéluctable. Hélas, on est arrivé au pire et je ne vois pas comment on peut arrêter la marche suicidaire du monde.

Quel pessimisme !

, croyait profondément à la nécessité de moderniser les pays d’Orient. Mais Botros a perdu ses illusions. Voilà pourquoi je me sens si proche de lui.

L’Europe peut-elle jouer un rôle stabilisateur à l’est et au sud de la Méditerranée ?

Entretien: Olivier Rogeau

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