Affaire Wagner Il y aura un procès en appel

Fin de première partie dans l’  » affaire Wagner « . En correctionnelle, l’homme d’affaires carolo a été blanchi de toutes les préventions. Mais le parquet et la Région wallonne font appel.

Acquitté sur toute la ligne. Le tribunal correctionnel de Charleroi a balayé les préventions retenues par le ministère public contre l’industriel Robert Wagner, dans le dossier des subsides accordés à sa société Charleroi-Découpe. Le vieil ami de Jean-Claude Van Cauwenberghe avait la larme à l’£il en sortant de la 10e chambre. Et pour cause. En espérait-il tant ? La juge Séverine Lecollier a estimé que l’aide wallonne de 855 000 euros, censée favoriser la création de douze emplois, n’avait pas été conservée de manière frauduleuse par l’homme d’affaires.

En effet, deux ans après avoir empoché l’argent public, Wagner, propriétaire d’une dizaine d’entreprises, avait fusionné Charleroi-Découpe, la société bénéficiaire du subside, et une autre de ses firmes, Charleroi-Construction. Raison officielle : la première avait perdu son principal client, le sidérurgiste Fafer. Elle fermera définitivement ses portes, à Marcinelle, en juin 2000. Or, selon la convention, l’activité et les emplois devaient être maintenus durant quatre ans, dans l’entreprise.

Pour le parquet, il s’agit, dès le départ, d’un montage. De faux contrats de travail auraient été rédigés pour atteindre le nombre d’emplois requis. En outre, Wagner aurait transféré des ouvriers d’une firme à l’autre, via une société d’intérim, pour donner l’illusion d’engager du nouveau personnel. Mais, dans tout cela, le tribunal, lui, ne voit pas d’infraction. Par ailleurs, il considère que Wagner ne pouvait prévoir la défection de la Fafer ni ses conséquences, justifiant la fusion de ses deux sociétés. Pour la juge, on ne peut non plus lui reprocher d’avoir omis de signaler la fusion, puisqu’une réunion a bien eu lieu, en 2001, dans le bureau de Serge Kubla (MR), alors ministre wallon de l’Economie dans le gouvernement Van Cauwenberghe. Quant à la corruption de Bernard Wang, le  » monsieur subsides  » de l’administration, le tribunal estime que les invitations réciproques (notamment à des fêtes d’anniversaire) entre Wagner et lui n’étaient que  » politesse « . Wang est donc également blanchi.

Tant du côté du parquet de Charleroi, qui avait requis deux ans de prison contre Wagner, que de la Région wallonne, on cache mal son étonnement. Les deux feront appel de la décision rendue en première instance. Une décision tranchée qui est fort peu motivée, estime-t-on à la Région. L’arrêt du tribunal omet plusieurs griefs. Notamment celui du transfert illégal des remorques, achetées grâce aux subsides wallons, vers une autre société du groupe Wagner, spécialisée dans le transport. Or l’accusation se demande si, depuis le début, Wagner ne cherchait pas à obtenir, de manière détournée, de l’argent public pour ses activités de transport, non subsidiables.

La procédure n’est donc pas close. Un procès en appel aura bien lieu. Le ministère public pourrait limiter ses préventions, en laissant tomber la corruption, une infraction difficile à établir, pour laquelle la jurisprudence s’avère d’ailleurs fort maigre. L’enjeu est d’autant plus important pour le parquet que celui-ci a d’autres enquêtes sur le feu concernant Robert Wagner.

A l’issue de ce premier procès, une question essentielle demeure : pourquoi aucune décision ferme de remboursement des subsides n’a été prise à la Région wallonne ? Aujourd’hui, Serge Kubla et l’administration se renvoient la balle… ( Le Vif/L’Express du 2 février 2006). Le premier n’a jamais été entendu par la justice. Cette question permet sans doute de comprendre la décision de Séverine Lecollier qui, dans une partie de son jugement, renvoie les autorités publiques à leurs responsabilités.

THIERRY DENOËL

La région wallonne renvoyée à ses responsabilités

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