Vincent Glowinski, croquis préparatoires pour le spectacle Die Bakchen - lasst uns tanzen mis en scène par Wim Vandekeybus. © SILVIA CAPELLARI

Adrien Grimmeau

Directeur de l’Iselp, Adrien Grimmeau assure le commissariat de Magma, la 10e Triennale d’art contemporain d’Ottignies-Louvain-la-Neuve. Fruit d’un dialogue avec Muriel Andrin, chargée de cours en écriture et analyse cinématographiques à l’ULB, la proposition s’ancre dans trois lieux: le centre culturel d’Ottignies, le Musée L et le parking des Sciences à Louvain-la-Neuve.

Quelle est la question qui traverse Magma?

Celle de la fluidité. Aujourd’hui, la société entière nous oblige à être fluide, même si de nombreuses personnes résistent en s’accrochant à des identités meurtrières. Notre point de départ a été d’examiner le concept de « vie liquide » tel qu’il a été développé par Zygmunt Bauman, même si pour ce sociologue il n’est pas souhaitable. Nous réexaminons cela en nous inspirant des théories féministes. A nos yeux, cette « liquidité », une sorte de souplesse philosophique et existentielle, pourrait être envisagée, presque paradoxalement, comme une source de stabilité et de nouveaux fondements. S’ensuit une série de positions: privilégier le chaos comme source d’énergie nouvelle, séparer les frontières entre l’art majeur et l’art mineur, s’intéresser aux matériaux mous, sélectionner des oeuvres qui mettent le genre en question…

Il s’agit également de se défaire des modes d’exposition attendus…

Absolument. C’est pour cela que nous avons cherché à investir des espaces périphériques. Je pense, par exemple, aux coulisses du théâtre du centre culturel d’Ottignies. Grâce à Magma, le public a accès aux loges, un lieu déterminant puisqu’il est celui du travestissement. Nous avons procédé de cette même façon avec le Musée L, dans lequel les oeuvres sont disséminées au sein de la collection permanente. De cette manière, elles nous échappent, elles résistent à notre regard. Il apparaît que ce sont les représentations se refusant à nous qui sont les seules à nous transformer réellement. Enfin, le troisième volet du propos se donne dans un parking où une fresque de Stephan Balleux se déploie sur soixante mètres de long.

Les hiérarchies qui traversent le monde de l’art sont mises à mal?

Oui. Pour ne citer que ces deux exemples, nous avons demandé à Kitty Crowther, que l’on connaît comme illustratrice, et à Vincent Glowinski, dont le travail a longtemps été urbain, d’intervenir au sein de la proposition.

A Ottignies et Louvain-la-Neuve, jusqu’au 28 novembre.

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