» A mort, l’arbitre ! « 

Alexandre Charlier
Alexandre Charlier Journaliste sportif

Il ne se passe pas un week-end sans que le corps arbitral soit critiqué, parfois violemment. Le Championnat de Belgique de football souffre de toutes ces polémiques.

Même le Norvégien Trond Sollied en a perdu son flegme nordique.  » Ce soir, il y avait un shérif sur le terrain et un entraîneur ne peut rien contre un shérif « , a soupiré le coach de Gand, à l’issue de la rencontre entre le Germinal Beerschot et La Gantoise, le dimanche 30 septembre. La source de son exaspération : l’arbitre Gaëtan Simon.

Car, ces derniers temps, chaque match de football amène son cortège de colères, de déceptions et de réactions fracassantes. Tout le monde, en Division 1, incrimine les carences, répétées, du corps arbitral. Pis : l’autre week-end, Mogi Bayat a franchi les limites de la décence en qualifiant les arbitres belges de  » guignols « , de  » clowns  » et de gens  » incompétents « . Le manager et fieffé provocateur du Sporting de Charleroi visait Luc Wouters, coupable, à ses yeux, d’avoir favorisé le Club de Bruges.

C’est que le torchon brûle entre les meilleurs  » sifflets  » et les dirigeants des clubs de D1. La multiplication des incidents de jeu, encore grossis par la loupe des médias, ne laisse plus aucun doute. Mais ne nous voilons pas la face : c’est le fantôme de la corruption qui sous-tend les déclarations incendiaires des uns et les attaques en règle des autres. Dans ce climat de suspicion générale, rappelons que les arbitres sont des êtres humains et qu’ils peuvent donc se tromper.  » On l’oublie parfois mais un arbitre donne son interprétation d’une phase de jeu, à un moment donné. Ses yeux ne peuvent être partout, souligne le Pr Werner Helsen (Katholieke Universiteit Leuven), qui encadre le corps arbitral à l’Union belge. Prenons les phases de hors-jeu que j’ai analysées pour la Fifa lors de la Coupe du monde 2006. C’est d’une extraordinaire complexité, même si les images vidéo nous laissent croire le contraire. En réalité, tout est une question de perception visuelle. On ne peut oublier qu’un arbitre anticipe une phase de jeu. Il n’a que deux yeux pour observer, à la fois, un attaquant courant à vive allure, le ballon qui se trouve ailleurs sur le terrain et la position des autres joueurs au moment d’une passe… « 

Un arbitre gagne moins de 1 000 euros brut par match

Le recours à l’£il artificiel des caméras est donc loin de convaincre Werner Helsen. Certes, on évoque souvent les avantages qu’offre la vidéo pour déterminer, par exemple, si, oui ou non, un ballon a franchi la ligne de but.  » Même dans ce cas précis, il faut se montrer prudent, juge Helsen. Contrairement au tennis, où l’on est sûr à 100 % grâce à l’impact de la balle sur le sol, les choses sont plus compliquées au football : le ballon, aérien, doit avoir entièrement (!) franchi une ligne… Lors du Championnat du monde des moins de 17 ans au Pérou, en 2005, la Fifa avait testé un ballon intelligent, via une puce électronique. A l’époque, celui-ci avait nécessité plus d’un an et demi d’investissements, financés par l’équipementier Adidas. L’expérience s’est soldée par un échec. « 

La formation, l’encadrement et l’éducation constituent, en définitive, les meilleurs atouts pour mettre un terme aux critiques et aux attaques qui visent le corps arbitral belge. Qui ne compte d’ailleurs aucun arbitre professionnel, à l’inverse, par exemple, de l’Allemagne et de l’Italie. Par match en D1, un arbitre gagne moins de 1 000 euros brut. Suffisamment pour être couvert de reproches ?

Alexandre Charlier

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