A l’heure des gangs de montres

De mauvais bougres ont frappé fort en l’espace de quelques jours, à Anvers puis à Ostende. Deux hommes d’affaires flamands ont été pris pour cible et dépossédés sans crier gare, l’un de sa « Patek Philippe », l’autre de sa « Richard Mille ». L’ équivalent de 180 000 euros dérobés chez le premier agressé, 350 000 euros partis dans la nature dans le chef du second détroussé.

Il ne fait plus bon sortir avec sa fortune enroulée autour du poignet en ce moment en Flandre, depuis que des voleurs de montres de très grand luxe y rôdent.

Le phénomène, déjà éprouvé par des célébrités ou des fortunés aux Pays-Bas, s’invite au nord du pays. L’une de ces deux victimes, promoteur immobilier de son état, a conté sa mésaventure: deux hommes armés ont fait irruption à la sortie de son travail alors qu’il montait dans sa voiture, l’ont aveuglé à l’aide d’un spray au poivre, plaqué au sol pour lui dérober son précieux bijou avant de prendre aussitôt le large. « Je ne la porterais jamais dans une ville comme Londres ou Paris. Mais à Ostende, dans ma propre entreprise? Je m’y sentais en sécurité. Comment ont-ils su que je portais ma montre ce soir-là est pour moi un mystère ». Il appartient à la justice de tenter de l’éclaircir, alors que la police est aux trousses des bandits qui, aux dernières nouvelles, courent toujours.

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La piste de l’amateurisme est écartée au profit de l’hypothèse de malfrats organisés qui maîtrisent leur sujet. Des gens de préférence connus ou qui affichent un peu trop leur train de vie sur les réseaux sociaux sont repérés ; localisée à son domicile, sur son lieu de travail, à la sortie d’une boîte de nuit, la proie est suivie, dévalisée après avoir été molestée. Façon brutale, expéditive mais plutôt efficace de mettre la main sur un pactole à la vitesse de l’éclair.

Emoi et indignation sur les réseaux sociaux au nord du pays. Un peu en raison des violences commises, surtout du fait que l’on puisse se payer de telles folies et ne pas craindre de se balader en portant sur soi la valeur d’une jolie baraque. La presse flamande s’est donc précipitée chez quelques horlogers de luxe pour se faire expliquer les ressorts d’un engouement très masculin qui n’a pas échappé aux amateurs de gros gains et de mauvais coups. Renseignements pris, l’achat et le port d’une montre de 50 000 euros n’est pas chose exceptionnelle et, sans en faire une généralité, il n’est pas rare que les prix s’envolent vers d’autres sommets.

Au placard, la gourmette, c’est la montre exclusive de grande marque qui est tendance, celle produite en quantités hyperlimitées et qu’on s’arrache à prix d’or en raison de sa rareté. Le monde du business, du foot ou du tennis professionnel (Ronaldo, Hazard, Nadal) donne l’exemple et l’on est prêt à casser des tirelires pour s’en porter acquéreur comme on s’offrirait la Ferrari dernier cri. Moins voyant et encombrant qu’un bolide, ce signe extérieur de richesse et de réussite professionnelle est aussi prisé comme investissement mais s’exhibe à ses risques et périls. Même si, de l’avis des experts, faire main basse sur ce genre de montre sans sa boîte et son attestation d’authenticité entraîne une solide baisse de valeur à la revente dans un circuit forcément illégal. Mais cela laisse encore un joli magot en poche.

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