A jeun pour le bébé

Grossesse, vins et alcool ne font pas bon ménage. La croissance des adolescents pourrait en être affectée

Réputée dangereuse, la consommation de boissons alcoolisées est déconseillée au cours de la grossesse. Ainsi, dans les cas sévères d’alcoolisme chez les femmes enceintes, on peut observer, peu de temps après la naissance, un retard de croissance caractéristique: le bébé présente une tête disproportionnée par rapport au reste de son corps, un faible poids et une plus petite taille que la normale. On parle alors du « syndrome alcoolo-foetal ».

De nombreuses futures mamans considèrent toutefois qu’un petit verre d’alcool durant le repas n’a rien de préoccupant. Pourtant, selon une équipe américaine, les messages concernant de telle pratiques méritent d’être revus. Suite à une étude, les chercheurs considèrent qu’il faudrait préconiser une abstinence presque totale durant la grossesse.

En fait, ils ont évalué la consommation d’alcool de femmes enceintes, du quatrième mois de grossesse jusqu’à l’accouchement. Ensuite, les enfants ont subi, à intervalles réguliers, jusqu’à la puberté, un contrôle effectué par une antenne médicale comprenant des médecins et des psychiatres. Résultats: une consommation modérée d’alcool (de 1 à 2 verres par jour), et même plus légère encore (moins de 1 verre par jour…), aurait des retentissements considérables sur le développement des enfants, non pas au début de la croissance mais lors de leur puberté. Ainsi, les jeunes de mères buvant presque quotidiennement un verre d’alcool seraient, à l’adolescence, plus petits et plus chétifs, avec une tête plus petite. Ils présenteraient également une plus faible épaisseur de l’épiderme. Les chercheurs ont également mis en évidence une relation dose-réponse entre la quantité d’alcool consommée durant la grossesse et l’importance du retard de croissance.

Par ailleurs, des travaux menés chez l’animal révèlent, pour une exposition alcoolique similaire de la mère, une moindre activité de l’hippocampe, la région du cerveau qui régit la mémoire dans l’espace et pour l’apprentissage. Le risque serait donc peut-être double: staturo-pondéral et cognitif. En revanche, il s’avère inutile d’alarmer sans raison les femmes: boire un (ou plusieurs) verre(s) d’alcool dans certaines occasions (anniversaires, fêtes…) n’a aucun effet négatif sur le développement harmonieux de l’enfant.

Nicolas Rousseau

diététicien nutritionniste

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