2017, une alléchante perspective

Guy Verstraeten
Guy Verstraeten Journaliste télé

L’organisation éventuelle de l’Expo internationale pourrait donner un sérieux coup de fouet à des infrastructures qui ne demandent qu’à être maximisées. Les retombées directes et indirectes, quant à elles, profiteraient à l’ensemble de la communauté.

A un jet de pierre du parc d’Avroy, la rue Sainte-Marie abrite probablement l’un des enjeux majeurs du futur liégeois. Les locaux de la coopérative Liège Expo 2017, dans leur coquille discrète, ne paient pas de mine. Pas encore. Tant que la candidature liégeoise, qui sera officiellement déposée début juin, ne sera pas adoubée par le Bureau international des expositions (BIE), on restera en comité restreint. Cinq temps pleins, pas plus, pour piloter trois missions principales de lobbying : déposer un dossier sérieux d’ici à la fin 2011, rallier un maximum de monde à la cause dans la région et dans le pays, mais également convaincre les autres nations que Liège a l’assise suffisamment solide pour accueillir cet événement. Un événement censé regrouper, dans un même site, la fleur du développement mondial. Ce qui n’est plus arrivé en Belgique depuis l’Expo universelle de 1958 à Bruxelles : le dernier événement du genre, à Liège, date, lui, de 1939 (après l’Universelle de 1905 et l’Internationale de 1930), et avait été interrompu par le second conflit mondial…

En concurrence, pour le moment, avec Astana, la capitale du Kazakhstan, Liège saura à la fin 2012 si elle a le privilège d’organiser l’Expo internationale et de succéder à Saragosse (5,7 millions de visiteurs en 2008) et Yeosu (Corée du Sud en 2012). Avec en toile de fond, on s’en doute, des perspectives économiques alléchantes. On imagine forcément que les hôteliers et tout le secteur horeca, pour ne prendre que cet exemple, se frotteraient les mains en voyant débarquer les appareils photo et les sac à dos par millions. Sur le site Web du projet (www.liege-expo2017.com), il est d’ailleurs question de 1 milliard d’euros (565 millions investis, 565 millions de recettes directes, 620 millions de recettes indirectes) de retombées, notamment drainés par les 8 millions de visiteurs attendus.

Doper les infrastructures existantes

 » Ces chiffres sont issus d’une première étude préalable : je ne dis pas que ces montants sont encore exacts, mais les principes sont les mêmes en termes de masse. Une exposition de ce type pourrait clairement drainer plus de 1 milliard d’euros en valeur ajoutée : l’objectif est de créer de la plus-value directe et indirecte, qui se traduira en recettes fiscales ou en pourcentage de PIB « , explique Jean-Christophe Peterkenne, haut fonctionnaire communal en charge de la stratégie de développement, et pour le coup véritable cheville ouvrière de ce projet.

Si le président de la coopérative Liège Expo 2017 n’est autre que Robert Tollet, c’est bien Jean-Christophe Peterkenne qui, au jour le jour, se démène pour faire atterrir à bon port la candidature de la Cité ardente. Soutenues par la Région wallonne et par le fédéral, les forces vives du bassin liégeois (notamment le GRE-Liège, Groupe de redéploiement économique) se sont donc unies pour ficeler un projet dit  » structurant « .

L’un des avantages de la ville, à cet égard, peut se déceler en ouvrant une carte des n£uds de communication : à proximité de plusieurs aéroports internationaux, desservie par le TGV dans une gare tout neuve et bientôt, en interne, par le tram (le gouvernement wallon a établi un calendrier lié à l’Expo 2017, mais le projet date d’avant la candidature et sera mené à terme même en cas d’échec en 2012), Liège pourra compter sur ces atouts logistiques au moment du choix du BIE. Les institutions culturelles (du Grand Curtius à l’Opéra, en passant par le CIAC, etc.) pourraient, elles aussi, profiter d’un tel coup de projecteur pour décoller encore davantage.  » Nous avons la volonté de mettre à profit les infrastructures existantes avec, comme objectif, de doper encore l’utilisation de ces infrastructures pour faire de Liège une véritable destination touristique. L’objectif n’est pas simplement de créer un événement en tant que tel : nous voulons vraiment atteindre un objectif structurant d’aménagement du territoire, qui serait profitable à tous. C’est un projet terriblement mobilisateur, conçu de manière saine et durable. Le vote a été unanime au conseil communal de Liège [NDLR : le 14 décembre 2009] « , ajoute Jean-Christophe Peterkenne, bien dans son rôle de vendeur. Ce qui, forcément, est de bonne guerre.

Difficile de nier que l’arrivée, sur trois mois, de plusieurs millions de visiteurs pourrait booster l’économie liégeoise. Reste à déterminer quel sera le tribut payé par le contribuable, local, régional ou belge, en vue d’attirer cette exposition. D’après Liège Expo 2017, le modèle serait auto-suffisant, même si des préfinancements classiques devraient être mis en place.  » On est parti, dans l’étude du dossier, sur la volonté d’avoir une approche équilibrée, que les recettes soient égales aux dépenses. L’opérationnel (la gestion du site pendant trois mois, les entréesà) et le volet immobilier doivent intervenir dans la réflexion. Le site en lui-même pourra faire l’objet d’un partenariat public-privé. Je ne dis pas qu’il n’y aura pas d’investissements publics, mais ils devront être utiles à la collectivité sur le long terme « , poursuit Jean-Christophe Peterkenne.

Coronmeuse vers un site durable

Le site de Coronmeuse, sur lequel devrait s’établir l’éventuelle exposition, pourrait ainsi bénéficier d’investissements immobiliers privés. On y construirait en dur des bâtiments-cadres, en gros £uvre fermé, dans lesquels les pavillons internationaux se glisseraient. Par la suite, une fois l’exposition terminée, les bâtiments seraient alors transformés en immobilier résidentiel et tertiaire. Ce qui permettrait au privé de récupérer et de faire fructifier ses investissements.  » Ce devra être un site durable, un modèle d’éco-quartier qui prendra le relais par la suite. Saragosse avait construit deux ensembles pas très hauts, et chaque nation venait y installer son pavillon, de 1 000 mètres carrés, au maximum. On est parti de ce cahier des charges pour imaginer le projet, en faisant donc appel au secteur privé.  » Le thème de l’Expo, comme il est de coutume depuis une grosse décennie, sera d’ailleurs lié au développement durable. Rendez-vous donc fin 2012 pour savoir si la Cité ardente pourra renouer avec les grandes manifestations d’avant-guerre. Il reste du pain sur la planche, mais on y travaille, rue Sainte-Marie.

GUY VERSTRAETEN

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