2003: un grand cru ?

Avec le retour de la sauvagerie rock’n’roll, de Londres et de New York, ainsi qu’une scène belge offensive, 2003 s’annonce aussi comme l’année du come-back… d’Adamo? embarqué dans un nouveau style musical avec Burgalat !

Alors que 2002 s’est brutalement achevée sur la mort brutale de Joe Strummer, c’est un autre ex-Clash, qui préside à l’une des opérations rock’n’roll les plus excitantes du moment. Mick Jones, ex-guitariste du célèbre quarteron punk londonien, a en effet produit The Libertines, petite machine carnassière qui bouffe des chansons rapides comme d’autres respirent l’air ambiant. Sur leur premier album Up the Bracket, qui ne fait pas quarante minutes, The Libertines semblent répondre à l’offensive d’Outre-Atlantique entamée il y a moins de deux ans par The Strokes, soit un retour aux riffs basiques et au plaisir énergétique qui ont, de tout temps, animé la notion même de rock. Notons quand même que l’affaire a déjà des allures mondialistes, puisque The Datsuns (Nouvelle-Zélande), The Hives (Suède), The Vines (Australie) portent également la bonne parole binaire. Trente-six ans après l’ « hiver du punk » – l’anti-été de l’amour de 1967 – le business de la musique, saturé de produits manufacturés et d’une electro en perte de vitesse, s’apprêterait à embrasser massivement un retour plus ou moins puriste aux thèses d’Elvis écrites il y a pratiquement un demi-siècle ! Un quart de siècle après avoir offert au monde Television, Ramones, Blondie et Talking Heads, New York (re)bouge énormément et lance une poignée de jeunes prétendants mus par le désir commun de vivre vite. Et d’oublier la paranoïa d’une société américaine engoncée dans ses cauchemars anti-Saddam. Les petites pépites se nomment Radio 4, The Liars, sans oublier les déjà connus The White Stripes – de Detroit – annonçant leur Elephant pour avril. Du côté des (glorieux) aînés, 2003 pourrait aussi être une année américaine, nous rappelant que l’essentiel de la culture des USA se cantonne toujours dans la musique et, dans une moindre mesure, dans les films qui échappent au garot réducteur d’Hollywood. Le festival de Werchter en sera le témoin privilégié puisqu’il a d’ores et déjà programmé REM et Metallica. Deux acteurs importants de la musique depuis les années 1980 qui annoncent une nouvelle sortie discographique d’ici l’été. Si ceux-là sont toujours prétendants au titre de plus grand groupe du monde, n’oublions pas que les Anglais, habitués à leur damer le pion, pourraient bien chiper la couronne. Les Irlandais de U2 en studio, la place est laissée aux brontosaures Rolling Stones et à leurs jeunes compatriotes Coldplay. Pressentis pour un concert -non-encore confirmé- au Stade Roi Baudouin (en août ?), les Stones continuent tranquillement une tournée mondiale qui est déjà l’un des triomphes commerciaux des dix dernières années. D’autre part, après un concert forestois bourré, il est pratiquement sûr que Coldplay repassera par la Belgique et continuera à vendre son second disque, qui pourrait dépasser les 10 millions d’exemplaires sur le marché international. A moins que Radiohead – annoncé avec un disque plus  » immédiat » que les deux précédents à paraître dans les prochaines semaines – n’enlève le morceau !

Et Adamo dans tout cela?

Côté belge, le jeune Jeronimo devrait continuer à gagner du terrain : son disque sortira en France et le Québec commence également à bouger. Si l’on croit toujours en l’avenir de Philmarie – qui rentre en studio en février -, la grosse surprise musicale de l’année pourrait peut-être venir de celui qu’on n’attendait plus qu’en acteur revival de ses propres tubes : Adamo. Au moment d’écrire ces lignes, le crooner sicilo-belge est en studio à Paris pour enregistrer un nouvel album, à paraître en mai, et qui rompt brutalement avec les vingt-cinq dernières années de production discoraphique aux arrangements « variétés » ruinant le plus souvent une véritable inspiration mélodique. Finie la production démodée, Adamo travaille, depuis plusieurs semaines, avec deux des réalisateurs musicaux les plus doués du moment. Deux titres ont été mis en boîte par Renaud Letang (coresponsable du carton mondial de Manu Chao) et six autres par Bertrand Burgalat, entrepreneur musical très doué et très culotté. Plusieurs chansons ont également été bouclées avec les musiciens d’Arno ! Il semble que la confrontation d’Adamo et de ces nouveaux mondes enfante dans la douleur, mais que les bébés (« Je reviens », « Mon amie la lune ») ont, selon une source très proche de l’enregistrement, « un potentiel commercial gigantesque et une magnifique qualité mélodique ». S’il n’a pas atteint l’âge vénérable du glorieux Henri Salvador, Adamo -60 ans en novembre 2003 – pourrait bien connaître, lui aussi, une nouvelle carrière complètement inattendue.

Philippe Cornet

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