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USA : libéré après 29 ans dans le couloir de la mort

Stagiaire Le Vif

En 1984, Glenn Ford fut condamné à la peine capitale pour le meurtre d’un bijoutier en Louisiane. 29 ans plus tard, un témoignage inédit prouve son innocence, il est libéré à l’âge de 64 ans.

Il s’agit de la plus longue détention dans le couloir de la mort. Afin de l’aider reprendre le cours de sa vie, injustement interrompue, la loi de Louisiane lui permet de demander une compensation de 25 000 dollars pour chaque année perdue en détention, mais la compensation maximale est limitée à 250 000 dollars. Glenn Ford est le 144e condamné à mort à être libéré aux États-Unis depuis quarante ans.

Malgré cette nouvelle libération, certains États comme l’Alabama, la Californie ou la Floride, ont pris de récentes dispositions pour accélérer le processus d’exécution et réduire les possibilités d’appel.

Un système judiciaire biaisé et injuste Selon le « Guardian« , le procès de Ford présente toutes les aberrations, les injustices et les incohérences du système judiciaire américain relatif à la peine de mort.

En effet, lors du procès de Ford, aucune preuve irréfutable n’avait été mise en avant par l’accusation, ce qui n’a pas empêché sa condamnation.

De plus, de nombreux vices de procédures avaient parsemé le procès. Le plus choquant étant le choix du procureur de sélectionner un jury composé uniquement de blancs qui à l’époque, étaient plus facilement enclins à condamner un Afro-Américain.

Une autre anomalie, les deux avocats de Ford étaient inexpérimentés dans le domaine pénal. C’est d’ailleurs l’une des grandes problématiques liées à l’application de la peine de mort : les avocats commis d’office ne sont pas familiarisés au pénal et certains sont même encore étudiants. De plus, la majorité des circonstances atténuantes, telles que les troubles mentaux, ne sont pas prises en compte.

Enfin, sans témoin oculaire ou arme du crime, l’État n’a jamais pu prouver la culpabilité de Ford. Le jury s’était simplement appuyé sur le témoignage de la petite amie d’un autre homme soupçonné dans l’affaire alors qu’elle n’était même pas présente sur les lieux du crime.

Législation et chiffres de la peine de mort aux États-Unis

Aux États-Unis, chaque État décide d’appliquer ou non la peine de mort. Le 5e Amendement de la Constitution interdit toutefois la peine de capitale sans garantie d’un procès équitable. 26 États sur 50 ont continué de la pratiquer durant ces 10 dernières années, 16 États sont abolitionnistes de droit et 8 abolitionnistes de fait.

Depuis 1999 – année record, avec 98 exécutions -, le nombre d’exécutions aurait baissé de 60 %, selon les chiffres avancés par l’organisation francophone de référence de lutte contre la peine capitale dans le monde (ECPM).

En 2009, 52 exécutions, 46 en 2010, 43 en 2012 et 39 en 2013.Aujourd’hui, 3329 prisonniers attendent dans les couloirs de la mort.

Aucun chiffre ne révèle le nombre d’innocents exécutés. Mais il existe plusieurs cas avérés où une justice pressée et peu rigoureuse a donné la mort à des personnes dont la culpabilité n’avait pas été formellement prouvée.

Troy Anthony Davis Exécuté en septembre 2011, Troy Davis était accusé du meurtre de Mark Allen MacPhail, un policier de 27 ans en 1989. L’accusation s’était uniquement basée sur un témoignage. Aucune preuve tangible ne reliait Troy Davis à l’affaire. L’arme du crime n’a d’ailleurs jamais été retrouvée.

Gary Graham ??

Exécuté le 23 juin 2000, au Texas, pour le meurtre de Bobby Lambert, le 13 mai 1981. Gary Graham, adolescent noir accusé d’avoir tué un homme blanc, a été jugé par un jury composé de 11 Blancs et d’un Noir. Jamais ses avocats n’ont porté à la connaissance du jury que le revolver qui avait été trouvé sur Gary Graham au moment de son arrestation n’était pas celui qui avait tiré le coup fatal.

Charles Munsey

En septembre 1999, Charles Munsey était exécuté en Caroline du Nord, après 6 ans d’attente. Il est mort pour un crime qu’un autre homme a plus tard confessé.

George Stinney

En 1994 à 14 ans, il est le plus jeune condamné à mort des États-Unis. Ce jeune garçon afro-américain a été condamné pour le double meurtre de deux jeunes filles blanches, Betty June Binnicker, 11 ans, et Mary Emma Thames, 8 ans en Caroline du Sud. Rien ne lie le garçon à l’affaire à part son propre témoignage, il est le dernier à les avoir vues vivantes. Ce n’est qu’en 2005 que trois avocats de Caroline du Sud, après des recherches approfondies, déclarent que l’innocence du garçon était une certitude.

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