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USA: 50 ans après l’assassinat de JFK, Dallas se fige dans une minute de silence

Le Vif

Cinquante ans jour pour jour après son assassinat, la ville de Dallas s’est figée vendredi pour rendre hommage à John F. Kennedy, à l’instant précis où cette figure mythique de l’histoire contemporaine est tombée.

La foule compacte, rassemblée sous une petite bruine, s’est tue à 12H30 (19H30 HB) et les cloches de la ville ont sonné en mémoire du plus jeune président jamais élu à la Maison Blanche, abattu sur Dealey Plaza le 22 novembre 1963. Dans tout le pays, messes, minutes de silence ou lectures étaient organisées pour se recueillir et célébrer la mémoire de JFK –dont le 50e anniversaire de l’assassinat était même célébré à Berlin, où un dépôt de gerbe était prévu devant la mairie de quartier de Schöneberg, où Kennedy avait prononcé son fameux discours à Berlin-ouest: « Ich bin ein Berliner ».

A Londres aussi, le musée d’art moderne Tate Modern expose l’unique peinture contemporaine connue de l’assassinat de JFK à Dallas. Une gerbe de fleurs a été déposée sur la tombe du 35e président américain, dans le cimetière militaire d’Arlington, près de Washington. Sur cette tombe brûle en permanence une flamme allumée par Jackie Kennedy le jour de l’enterrement de son mari. Un demi-siècle plus tard, l’assassinat de JFK fascine toujours autant: si la commission Warren a conclu que le tireur, Lee Harvey Oswald, avait agi seul, les théories alternatives agitant le spectre toujours populaire du complot ont toujours le vent en poupe. Les soupçons portent surtout sur la manière dont Oswald, un ancien transfuge de l’Union soviétique à la vie mouvementée, a pu tirer seul contre l’homme le plus puissant du monde, depuis le bâtiment du dépôt de livres scolaires, le Texas School Book Depository.

Et les chances pour Oswald de s’expliquer publiquement ont été réduites à néant, puisqu’il a été lui-même assassiné deux jours plus tard, le 24 novembre 1963, par un ancien gérant de boîte de nuit, Jack Ruby. « Faisons fructifier son héritage, aujourd’hui et dans les décennies à venir », a exhorté Barack Obama dans une proclamation ordonnant que les drapeaux soient mis en berne. « Affrontons les épreuves actuelles dans l’esprit qu’il incarnait: ce caractère courageux et résistant, si typiquement américain, qui a toujours conduit notre pays à braver l’adversité, à écrire notre propre destin et à construire un monde nouveau ».

Le « mythe Kennedy », à jamais jeune, beau et le premier président de plain-pied dans la modernité, est intact un demi-siècle plus tard dans le coeur des Américains: les trois quarts d’entre eux placent JFK en tête de la liste des dirigeants américains modernes qui resteront dans l’Histoire comme « remarquables », devant Ronald Reagan et Bill Clinton. Né dans une famille riche et influente de Boston, John F. Kennedy a été le plus jeune président élu et le premier président catholique, incarnant une ère pleine d’espoir pour la génération du baby-boom. De son mandat, l’Histoire se souvient de sa partie de bras de fer avec l’Union soviétique pendant la « crise des missiles », la déroute de la Baie des Cochons, débarquement raté des anticastristes à Cuba et le lancement du programme Apollo pour envoyer un Américain sur la Lune. Son « Ich bin ein Berliner » dans Berlin divisé entre Est et Ouest et le « Ne demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, mais demandez-vous ce que vous pouvez faire pour votre pays », lancé le jour de son investiture, sont inscrits dans la mémoire mondiale. Le moment de l’annonce de la mort du président et les images de son assassinat dans une limousine décapotable, Jackie en tailleur Chanel rose à ses côtés, font toujours partie de la mémoire collective.

Séducteur impénitent au bilan présidentiel relativement limité, JFK est également la figure majeure d’une famille –les Kennedy– au coeur du pouvoir américain depuis des décennies, et à l’histoire souvent dramatique. Depuis l’assassinat de JFK, le clan a dû faire face au meurtre de son frère Bobby en 1968, au décès par overdose de David, fils de ce même Bobby, en 1984, ou encore à la mort dans un accident de ski de Michael, autre fils de Bobby, en 1997. En 1999, la mort de John John, le fils de JFK et Jackie, achève de donner corps au mythe de la malédiction.

Autant d’événements qui ont profondément ancré la famille dans son ensemble dans l’esprit des gens en Amérique, et même au-delà, sans doute plus encore que le destin politique des membres du clan –dont la fille de John Kennedy, Caroline, devenue récemment ambassadrice américaine au Japon et absente lors des cérémonies de vendredi.

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