Le mouvement MeToo ou la parole libérée. © belga image

Un rapport au corps trop aseptisé?

Gérald Papy
Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

David Haziza explore un large champ d’étude, enrichi de références à l’art et à la littérature: rapport entre chair et violence, influence des réseaux sociaux, revendication de la neutralité par les femmes, débat sur la circoncision…

C’est à une attaque en règle de tous les puritanismes à laquelle se livre David Haziza, doctorant en littérature française à l’université Columbia de New York, dans son essai Le Procès de la chair (1). Dans ce cadre, la connaissance des sociétés américaine et française de l’auteur est tout sauf anodine. Elle explique ses craintes concernant l’influence que pourraient exercer en Europe des puritains conservateurs comme des puritains « libéraux », à travers notamment l’importation de la cancel culture.

David Haziza explore un large champ d’étude, enrichi de références à l’art et à la littérature: rapport entre chair et violence, influence des réseaux sociaux, revendication de la neutralité par les femmes, débat sur la circoncision… « L’hygiénisme combiné à la surveillance, puis aux réseaux sociaux, a créé une nouvelle espèce d’êtres, aussi indifférente à la liberté qu’à la pudeur, hostile au secret comme au risque », soutient notamment l’auteur.

C’est cependant à propos de MeToo et de ses développements que David Haziza se montre le plus virulent. Si sa dénonciation de l’hypocrisie de certains hommes qui s’y sont ralliés est pertinente – « J’en sais tant […] qui n’ont pris fait et cause pour ce mouvement que parce qu’il leur inspirait la peur veule de voir un jour leur propre nom traîné dans la boue » -, son jugement général l’est beaucoup moins. « En dépit de l’ignominie incontestable de trop nombreux hommes, [le mouvement MeToo] aura surtout été une nouvelle forme de discipline, le procès en règle de l’amour et de la chair, la consécration du plastique. » Un propos difficilement audible pour les victimes d’agression.

(1) Le Procès de la chair. Essai contre les nouveaux puritains, par David Haziza, Grasset, 256 p.

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