Gudni Johannesson © AFP

Un historien ‘politiquement vierge’ favori des élections islandaises

Le Vif

Gudni Johannesson a passé l’essentiel de sa vie à observer et commenter l’histoire politique de son pays, l’Islande. Puis, à 47 ans, l’universitaire a décidé d’écrire l’avenir, en se présentant sans étiquette ni casseroles à la présidentielle.

Cet intellectuel est le grand favori d’une élection qui se joue en un seul tour, samedi. Depuis l’annonce de sa candidature début mai, tous les sondeurs le voient très loin devant ses huit rivaux, à plus de 50% des suffrages.

Il n’avait pas commencé sa campagne qu’il apparaissait déjà comme le mieux placé pour succéder à Olafur Ragnar Grimsson, 73 ans, dont 20 comme chef d’État.

Parti sur les routes fort de cette avance, pour, comme le veut la tradition politique islandaise, rencontrer des citoyens en journée sur le lieu de travail ou de vie, l’universitaire a appris sur le tas.

« Ç’a été amusant, exigeant et intéressant, exactement comme devrait l’être une campagne. J’ai été agréablement surpris de voir combien j’aime rencontrer les gens, leur parler », raconte-t-il à l’AFP.

Son avantage : ne pas être homme politique. Ils sont vus avec la plus grande méfiance depuis la publication début avril des « Panama Papers », documents montrant que de nombreux Islandais avaient détenu des avoirs dans les paradis fiscaux, dont le Premier ministre, contraint de démissionner.

Dans des registres différents, Pablo Iglesias en Espagne (également universitaire), Beppe Grillo en Italie (humoriste), Donald Trump aux États-Unis ou le Premier ministre Juha Sipilä en Finlande (hommes d’affaires), ont bénéficié comme lui de cette désaffection pour les responsables politiques de carrière.

Un profil sans aspérités

Gudni Johannesson offre un style plus lisse qu’eux, consensuel et non populiste. Après avoir étudié à Oxford et obtenu un doctorat à la Queen Mary University of London, il a passé la majeure partie de sa vie professionnelle dans les amphithéâtres et les bibliothèques.

Dans la vie quotidienne, il se veut un père ordinaire amateur de lecture, de course à pied et de football. Après avoir eu une fille d’un premier mariage, il élève quatre enfants de moins de 10 ans avec sa deuxième épouse, l’historienne canadienne Eliza Reid. Il a la particularité d’avoir traduit en islandais quatre livres de Stephen King.

L’atout de ce candidat, c’est de n’avoir jamais révélé sa préférence partisane. Est-il de centre-gauche, de centre-droit, écologiste, pro-Union européenne? Au-dessus des partis, répond-il.

Aux Islandais il se présente comme « objectif, optimiste », et promet, s’il est élu, « conformément à [sa] connaissance de la fonction et la conviction que le président doit rester éloigné des partis et alliances politiques, d’unir le peuple plutôt que de le diviser ».

Sa campagne n’a pas forcément été un succès dans les sondages. Les intentions de vote ont baissé, probablement parce qu’elles partaient de hauteurs intenables, avec un pic à 69% dans les premiers jours.

« Les sondages montrent qu’il est loin devant, donc il a tout à perdre et il doit se concentrer sur l’idée d’éviter de dire des choses prêtant à controverse », d’après Gretar Eythorsson, professeur de science politique à l’université d’Akureyri.

C’est ce qu’a fait l’historien. Son programme, axé sur la modernisation de la vie politique, le dit même: « Le président doit rester en dehors des débats de la société ».

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