Combattants auprès des séparatistes autoproclamés de la République de Donetsk, Nikishine près de Debaltseve © REUTERS/Baz Ratner

Ukraine:Kiev réclame une réponse sévère de l’Occident après l’entrée des rebelles dans Debaltseve

Les autorités ukrainiennes ont demandé mardi à l’Occident d’infliger une réponse « sévère » à l’égard de Moscou après l’entrée des rebelles prorusses dans la ville stratégique de Debaltseve, dont ils occupent une partie au prix de violents combats.

A l’occasion d’un entretien téléphonique avec la chancelière allemande Angela Merkel, le président ukrainien Petro Porochenko a dénoncé une « attaque cynique contre les accords de Minsk » et le cessez-le-feu censé être en vigueur depuis dimanche, demandant à l’Occident une réponse « sévère » pour « arrêter l’agresseur » selon un communiqué diffusé par ses services. M. Porochenko, qui doit s’entretenir dans la soirée avec le président américain Barack Obama, a par ailleurs exhorté le Conseil de sécurité de l’ONU, qui se réunit mardi soir, à « ne pas permettre » l’éclatement d’un conflit « de grande envergure » aux portes de l’Union européenne.

« J’espère que les autorités ukrainiennes ne vont pas empêcher les soldats ukrainiens de déposer leurs armes » ou les poursuivre en justice pour cette raison, a pour sa part déclaré le président russe Vladimir Poutine au cours d’une conférence de presse avec le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, affirmant qu’il n’y avait pas de « solution militaire » au conflit en Ukraine. Car pour la première fois, l’armée ukrainienne a reconnu que les séparatistes étaient entrés dans Debaltseve, une ville stratégique pour le contrôle de l’Est de l’Ukraine qui était ces dernières semaines le point plus chaud de la ligne du front. Des combats acharnés se poursuivaient dans la soirée, l’armée reconnaissant que certaines de ses unités étaient encerclées. Le ministère de la Défense a même annoncé que des soldats de la 101e brigade et du 8e régiment avaient été capturés, sans toutefois préciser le nombre de ces prisonniers ni la date précise de leur capture.

Les séparatistes revendiquent le contrôle de 80% de la ville. Kiev assurant pour sa part qu’une « partie » seulement de Debaltseve échappe à son autorité. « Ces prochains jours, voire aujourd’hui, Debaltseve sera nettoyé » par les séparatistes, a soutenu le responsable militaire rebelle, Vladimir Kononov. Si l’accès à la ville était bloqué par les affrontements en cours, des journalistes de l’AFP ont été témoins de combats rapprochés à Tchornoukhine, un village situé à quatre kilomètres de Debaltseve quasiment détruit à la suite du conflit. « Les combats des derniers jours pour prendre Tchornoukhine et avancer sur Debaltseve ont été très meurtriers, y compris pour nous », a déclaré un commandant séparatiste à Tchornoukhine. Les séparatistes exerçaient également une pression psychologique sur les soldats ukrainiens en leur envoyant une avalanche de textos les appelant à se rendre.

« Les généraux vous ont trahis », indiquait par exemple un de ces messages montré à l’AFP par une journaliste ukrainienne près de Debaltseve. Des milliers de civils avaient fui ces dernières semaines Debaltseve mais jusqu’à 5.000 y sont toujours bloqués sans eau ni nourriture, selon la mairie. Une adjointe au maire déjà évacuée, Tetiana Ogdanska, a déclaré recevoir des appels de détresse des habitants restés sur place.

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