L'entrée du 'PMC Wagner Centre', à Saint-Pétersbourg. © getty

Wagner contre l’armée russe: la saga interne qui pourrait tout changer

Noé Spies
Noé Spies Journaliste au Vif

Le groupe paramilitaire Wagner, qui ne cesse de vanter son efficacité dans la guerre en Ukraine, se démarque dès que possible d’une armée russe défaillante. Evguéni Prigojine, chef de la milice, regrette « des tentatives permanentes de voler les victoires » de son groupe. Malgré l’évidence, le Kremlin nie toute tension interne.

Indépendantes et soumises à une discipline féroce »: le chef du groupe paramilitaire Wagner a une nouvelle fois vanté l’efficacité de ses troupes en Ukraine, où elles sont souvent considérées comme étant en rivalité avec celles de l’armée russe ‘régulière’.

Dans une vidéo publiée par son service de presse, Evguéni Prigojine, patron de Wagner, évoque avec une fierté non dissimulée les raisons pour lesquelles ses combattants ont réussi à capturer la ville de Soledar, dans l’est de l’Ukraine, une annonce toujours démentie par Kiev. Prigojine affirme ainsi que ses hommes sont très expérimentés et « remplissent tous leurs objectifs de façon indépendante » car ils possèdent leurs propres avions, pièces d’artillerie et véhicules blindés.

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« Le plus important, c’est le système de commandement, qui a été parfaitement perfectionné. Le groupe Wagner écoute tout le monde, chacun peut dire son avis« , assure le chef de Wagner. « Après la prise d’une décision, toutes les missions sont exécutées, personne ne peut revenir en arrière. C’est la discipline la plus féroce qui nous donne cette possibilité », a-t-il poursuivi, vêtu d’une tenue de camouflage à côté d’un homme qu’il présente comme le commandant de Wagner dans la bataille de Soledar.

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Ces commentaires d’Evguéni Prigojine apparaissent comme une nouvelle critique voilée du haut commandement militaire russe, accusé, même par certains partisans de Vladimir Poutine, de manquer de coordination et d’être éloigné des réalités du terrain.

Ces derniers mois, Evguéni Prigojine a critiqué à plusieurs reprises les commandants des troupes russes, notamment lors des succès militaires ukrainiens cet automne dans les régions de Kharkhiv (est) et Kherson (sud).

La semaine dernière, l’armée russe a annoncé la prise de Soledar sans mentionner initialement les combattants de Wagner. Evguéni Prigojine avait alors regretté « des tentatives permanentes de voler les victoires » de son groupe. Fait rare pour être souligné, le ministère russe de la Défense a ensuite publié un communiqué saluant le « courage » des hommes de Wagner à Soledar.

Le Kremlin nie toute tension entre l’armée et les mercenaires de Wagner

« Une manipulation »: le Kremlin a nié toute tension entre l’armée russe et le groupe paramilitaire Wagner, dont les forces apparaissent de plus en plus en concurrence en Ukraine.

« Ce conflit n’existe que dans l’espace informationnel », a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. La Russie « doit et sait reconnaître ses héros. Elle reconnaît les héros qui servent dans les forces armées (…) et ceux qui viennent du groupe paramilitaire Wagner », a-t-il ajouté. « Tous se battent pour leur patrie. »

Pourtant, les divisions entre l’armée russe et le groupe Wagner, relevées par de nombreux observateurs, ont éclaté au grand jour la semaine dernière lors de la bataille pour la petite ville de Soledar, dans l’Est de l’Ukraine. Le dirigeant du groupe Wagner, l’homme d’affaires Evguéni Prigojine, a plusieurs fois affirmé que seuls ses hommes combattaient les forces ukrainiennes dans cette ville.

Et lorsque Prigojine a revendiqué la prise de Soledar, il a rapidement été contredit par le ministère russe de la Défense, qui a lui-même annoncé la prise de la ville deux jours plus tard, ce que Kiev a démenti.

Cette saga a été amplement couverte et commentée par les blogueurs militaires russes, y compris par ceux qui soutiennent l’offensive contre l’Ukraine, qui sont nombreux à critiquer la façon dont l’opération est menée.

Les informations sur les tensions entre l’armée et Wagner sont « le produit de manipulations de l’information, qui sont parfois le fait de nos adversaires et parfois de nos propres amis qui agissent de manière telle que nous n’avons pas besoin d’ennemi », a estimé Dmitri Peskov, dans une critique voilée de ces blogueurs.

wagner
Evguéni Prigojine

Un déserteur fuit en Norvège

Un Russe se présentant comme un ex-mercenaire du groupe paramilitaire Wagner est parvenu à s’enfuir en traversant la frontière russo-norvégienne dans l’Arctique et va demander l’asile à la Norvège.

Andreï Medvedev, 26 ans, a été arrêté après avoir illégalement franchi la frontière dans la nuit de jeudi à vendredi, a expliqué à l’AFP son avocat norvégien. « Il est prêt à parler de son expérience au sein du groupe Wagner aux gens qui enquêtent sur des crimes de guerre« , a-t-il dit.

Dans une interview diffusée par l’ONG Gulagu, celui qui affirme être un déserteur explique que son contrat a été prorogé contre son gré, après plusieurs mois de combats en Ukraine au service de cette organisation russe.

« Mes anciens employeurs ont essayé de me retrouver, la société Wagner, Prigojine et sa bande, le FSB (la Sécurité d’Etat russe, ndlr). Ils ont émis un avis de recherche pour crime (contre moi) via le ministère russe de l’Intérieur », a-t-il expliqué. « J’étais sous la menace d’être enlevé, d’être assassiné, d’être descendu, voire même pire d’être condamné à la masse comme Noujine », un ex-détenu et déserteur de Wagner dont l’effroyable exécution avec une masse avait été filmée et rendue publique mi-novembre.

Assurant avoir été le chef d’une section d’une dizaine d’hommes, il raconte avoir traversé une rivière gelée, la Pasvik, qui sépare la Russie de la Norvège dans le grand Nord, avec une patrouille russe à ses trousses. « J’ai entendu des aboiements de chiens, je me suis retourné, j’ai vu des gens avec des lampes torches, à environ 150 mètres, qui couraient dans ma direction », a-t-il dit. « J’ai entendu deux tirs, les balles ont sifflé par très loin (…) J’ai couru sur la glace en m’aidant de la lumière de maisons, sur environ deux kilomètres », a-t-il poursuivi.

Il avait décidé de ne pas reconduire son contrat avec Wagner après avoir vécu « quelque chose de complètement différent de ce qu’il attendait ». L’AFP n’a pas été en mesure de confirmer de façon indépendante que le jeune Russe avait combattu au sein de Wagner.

Le groupe Wagner, fondé en 2014, a recruté des milliers de détenus pour combattre en Ukraine en échange de réductions de peine. Signe d’une montée en puissance, Evguéni Prigojine, 61 ans, a reconnu en septembre avoir fondé Wagner après des années de déni. Il se rend désormais régulièrement sur le front ukrainien et s’exprime activement via son service de presse.

Avec AFP

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