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Nicolas Gosset: « Les Ukrainiens cibleront ces deux régions pour leur contre-offensive »

Noé Spies
Noé Spies Journaliste au Vif

L’Ukraine sème le trouble quant au début de sa contre-offensive. Si le gouvernement affirme qu’elle est en cours « depuis plusieurs jours », les signes sur le terrain sont encore timides. Et pour cause. « Cela fait partie de leur stratégie. Ils vont taper à plusieurs endroits pour laisser les Russes en plein doute et éviter les regroupements de troupes », analyse le chercheur Nicolas Gosset (IRSD), qui pointe tout de même deux cibles majeures.

C’est une guerre intense qui s’étend le long d’une ligne de front de 1.500 kilomètres », a déclaré un conseiller de Zelensky, soulignant que la contre-offensive ne prendrait pas la forme d’un événement isolé, mais de « dizaines d’actions distinctes contre la Russie ».

« L’Ukraine sème le trouble. Ça fait partie de leur stratégie, commente Nicolas Gosset, chercheur à l’Institut royal supérieur de défense (IRSD). « J’ai toujours été convaincu que la contre-offensive débuterait durant la première partie du mois de mai. C’est désormais passé. J’imagine mal qu’elle n’ait pas lieu d’ici le début du mois de juin. L’Etat-major ukrainien a récemment communiqué en disant qu’ils attendaient encore une partie des munitions. C’est surtout une manière de souffler le chaud et le froid et de laisser la partie russe en plein doute. Maintenant, la météo est meilleure et le terrain est moins boueux pour débuter les opérations », analyse-t-il.

Contre-offensive : d’abord la déstabilisation

La forme que prendra cette contre-offensive reste un mystère bien gardé par les forces ukrainiennes. Si l’équipement lourd occidental arrive petit à petit (les chars Leopards 2 ne sont pas encore sur le terrain), les forces russes restent massives en nombre.  « Au bas mot, on a une base de 250.000 hommes russes sur 900km de ligne de front », estime Nicolas Gosset.

C’est pour déstabiliser cette masse que les Ukrainiens restent flous. « Je crois qu’ils vont et doivent taper à plusieurs endroits pour éviter qu’il y ait des regroupements de forces et pour générer un effet de surprise », prédit l’expert.

Les Ukrainiens vont et doivent taper à plusieurs endroits pour éviter qu’il y ait des regroupements de forces et pour générer un effet de surprise. 

Nicolas Gosset

Selon le spécialiste, les Ukrainiens vont « déstabiliser les défenses russes, qui ne sauront pas où l’ennemi va chercher à percer. Dans les endroits où les troupes de Zelensky réaliseront que ça passe davantage, elles mettront le paquet », ajoute-t-il.

Deux zones-clé ?

Si on doit donc s’attendre à une période de déstabilisation, les Ukrainiens ont tout de même des objectifs finaux précis. « Je pense que nécessairement, il y aura une zone dans le Louhansk. Autour de Kreminna, Svatove, qui est l’endroit où les coups de sonde ukrainiens ont été les plus soutenus ces deux derniers mois », avance Nicolas Gosset.

L’expert cite une autre cible, dans le sud. « Je ne crois pas qu’ils vont frapper sur Melitopol et ses alentours. Comme leurre, peut-être, mais pas comme objectif principal. Car ils sont très attendus dans cette région. Par contre, je pressens une tentative de percée en direction Marioupol. »

« Les Ukrainiens vont tabler sur un effondrement du dispositif de défense russe dans le sud, prolonge Nicolas Gosset, car c’est à cet endroit que les troupes sont les moins aguerries. Les débats y ont été moins intenses au cours des derniers mois. Dans l’absolu, il faut toujours essayer de percer dans des troupes qui sont moins aguerries que dans les zones les plus actives », précise-t-il.

« Nonobstant ce fait là, les Ukrainiens essaieront de frapper sur plusieurs endroits, et je pressens que la zone de Bakhmout restera un de ces endroits », conclut-il.

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