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Ukraine: réunion d’urgence du Conseil de sécurité

Le Vif

Le Conseil de sécurité des Nations unies se réunira en urgence à huis clos pour évoquer la situation dans l’Est de l’Ukraine, a annoncé l’ONU. Ces « consultations informelles » avaient été demandées un peu plus tôt par la Russie.

La Russie a appelé dimanche les autorités de Kiev à cesser « la guerre contre leur propre peuple », se déclarant indignée par les menaces du gouvernement de recourir à l’armée pour mettre fin aux troubles dans l’est de l’Ukraine. « Nous exigeons des hommes de main de Maïdan, qui ont renversé le président légitime d’Ukraine, de cesser immédiatement la guerre contre leur propre peuple », a déclaré le porte-parole de la diplomatie russe Alexandre Loukachevitch, selon des images de la chaîne de télévision russe Rossia 24. « L’ordre criminel d'(Olexandre, ndlr) Tourtchinov de recourir à l’armée pour réprimer les protestations provoque l’indignation », a-t-il poursuivi, réagissant à l’annonce du président par intérim ukrainien du lancement d’une « opération antiterroriste de grande envergure » pour mettre fin aux troubles dans l’est de l’Ukraine. « Nous condamnons vivement les tentatives de recours à la force contre les manifestants et les militants avec l’aide de combattants du (parti nationaliste, ndlr) Secteur Droit et d’autres groupes armés illégitimes », a-t-il ajouté. La Russie appelle à la tenue « urgente » d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU sur la crise en Ukraine. « La partie russe va porter la situation de crise dans le sud-est de l’Ukraine en urgence devant le Conseil de sécurité de l’ONU et auprès de l’OSCE », l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, a ainsi indiqué M. Loukachevitch. « Actuellement, c’est de l’Occident que dépend la possibilité d’éviter une guerre civile en Ukraine », a poursuivi le porte-parole.

La Russie « mène une guerre contre l’Ukraine »

Le président ukrainien par intérim, Olexandre Tourtchinov, a accusé dimanche la Russie de « mener une guerre contre l’Ukraine », dans une adresse à la nation au lendemain d’une série d’attaques de groupes armés pro-russes dans l’est du pays.

« Le sang a été versé dans la guerre que la Russie mène contre l’Ukraine », a-t-il dit, ajoutant avoir lancé « une opération antiterroriste de grande envergure » pour mettre fin à ces troubles. « L’agresseur ne s’arrête pas et continue d’organiser des troubles dans l’est du pays », a-t-il ajouté. « Nous ne laisserons pas la Russie répéter le scénario de la Crimée dans les régions de l’Est », a martelé M. Tourtchinov, en référence au rattachement en mars de la péninsule ukrainienne de la mer Noire à la Russie.

« Tous ceux qui soutiennent les agresseurs et les occupants, qui mènent la lutte armée contre notre patrie, n’échapperont pas au châtiment et à leur responsabilité », a-t-il ajouté. Le président a toutefois réitéré son offre d’amnistie pour les assaillants qui déposeraient les armes « avant lundi matin ».

Tous les « signes d’une implication de Moscou » à l’Est

Les attaques de groupes armés pro-russes dans des villes de l’Est de l’Ukraine portent les « signes d’une implication de Moscou », a jugé dimanche l’ambassadrice américaine à l’ONU Samantha Power, menaçant de nouvelles sanctions si celles-ci continuaient.
« Cela porte tous les signes de ce que nous avons vu en Crimée, c’est professionnel, c’est coordonné. Rien de local là-dedans. Dans chacune des six ou sept villes où elles sont actives, ces forces font exactement la même chose. Donc sans aucun doute, cela porte les signes d’une implication de Moscou », a affirmé Mme Power sur la chaîne ABC. Les sanctions déjà mises en place par Washington à l’encontre de certaines sociétés et responsables russes, ont « amené le rouble à un plus bas historique », à une chute de la bourse russe « de 20% » et à une fuite des investisseurs, a-t-elle observé. « On a vu que les sanctions peuvent faire mal. Et si ces actions continuent, nous verrons un durcissement de ces sanctions », a mis en garde l’ambassadrice.

Lors d’une conversation téléphonique samedi avec son homologue russe Sergueï Lavrov, le chef de la diplomatie américaine John Kerry avait déjà exprimé sa « profonde inquiétude » face aux attaques de militants armés, selon lui « orchestrées et synchronisées, de la même manière que les précédentes attaques dans l’Est de l’Ukraine et en Crimée », a rapporté le département d’Etat. Tout au long de la journée de samedi, des militants pro-russes se sont emparés de bâtiments publics dans l’Est russophone, frontalier de la Russie. Ces assaillants, bien équipés et organisés mais ne portant aucun insigne et présentés comme des milices locales, ont notamment pris le contrôle des bâtiments de la police et des services de sécurité de la ville de Slaviansk. Dimanche, le gouvernement ukrainien a dit avoir lancé une opération « antiterroriste » dans la ville pour reprendre ces bâtiments, selon un ministre ukrainien, qui a fait état de « morts et blessés des deux côtés ».

Moscou dément toute responsabilité dans les troubles et M. Lavrov a de nouveau affirmé samedi que son pays n’avait aucune intention de rattacher à la Russie les régions orientales de l’Ukraine. Le

Conseil de l’Europe appelle « toutes les parties » à ne pas recourir à la violence

Le Conseil de l’Europe, dont sont membres la Russie et l’Ukraine, s’est dit dimanche « profondément préoccupé » par l’escalade des tensions en Ukraine, et a appelé « toutes les parties » à s’abstenir de toute violence. « Je suis profondément préoccupé par les informations faisant état d’affrontements violents en Ukraine aujourd’hui (dimanche, ndlr) », a déclaré dans un communiqué le secrétaire général de l’organisation paneuropéenne, Thorbjorn Jagland.

« J’appelle toutes les parties en Ukraine à s’abstenir de toute violence et à engager des négociations politiques significatives concernant l’avenir de la nation », a-t-il ajouté. « Les partenaires internationaux de l’Ukraine doivent soutenir le pays afin de trouver des solutions menant à la paix et à la stabilité », a conclu M. Jagland. Le gouvernement ukrainien pro-européen, confronté à des insurrections armées pro-russes faisant craindre l’éclatement du pays, a lancé dimanche une opération « antiterroriste » de reconquête qui a fait « des morts et des blessés », selon un ministre.


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