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Ukraine: des geeks pour une guérilla nouvelle génération

Le Vif

Drones volants ou terrestres, reconnaissance ou destruction: une poignée de geeks devenus soldats travaillent à une guérilla « de nouvelle génération », dans le sous-sol d’une maison proche du front, dans le Donbass sous contrôle ukrainien.

Composants électroniques, ordinateurs portables, documents étalés sur deux tables dans une salle à peine éclairée… C’est là que travaillent ces jeunes engagés ukrainiens dont la moyenne d’âge ne dépasse pas les 25 ans. Dans une autre pièce, l’ancienne buanderie de la maison, on répare les drones en utilisant des pièces détachées prises sur d’autres appareils endommagés « au combat » contre les Russes. Dehors, en bruit de fond, les tirs d’artillerie du front tout proche.

Et dans une remise au fond du jardin, un jeune homme de 19 ans, dont le nom de guerre est « Varnak », transforme des grenades conçues pour des lance-grenades en bombes à larguer depuis les drones. Il suffit de leur ajouter des ailettes et de changer le système de détonation, dit-il en souriant. « Je gère les explosifs ici dans ma section (…) On travaille sur les grenades et on crée des objets explosifs faits maison », dit le jeune homme, qui s’est engagé dans cette section après avoir répondu à une annonce sur Twitter.

Sur les petites bombes, Varnak a inscrit des messages personnalisés pour l’ennemi russe: « Victoire, et bon anniversaire! » ou encore « Ceux qui vivent sans liberté ont mauvais goût ». Dans le garage de la maison, une plateforme bourrée d’électronique est montée sur quatre roues: l’équipe met une dernière main à la préparation d’un drone kamikaze, qui sera capable de transporter une mine anti-char pour détruire un tank ennemi, ou tout autre type d’explosif. Dans un coin de la pièce, une mitrailleuse lourde attend d’être transformée en station de tir robotisée.

« Volontaires »

« Aktor » (« acteur » en ukrainien), 22 ans, était étudiant de l’Université technique Igor Sikorsky à Kiev lorsque l’invasion russe a débuté le 24 février. Aujourd’hui, il porte l’uniforme et travaille sur la « robotique » pour perfectionner le drone kamikaze. Pour lui, ces technologies peuvent faire la différence dans le conflit en Ukraine « parce que la guerre actuelle (…) est une guerre de nouvelle génération ». « Ce ne sont plus les gens avec des armes qui font la guerre, mais des véhicules robotisés, avec un niveau technique très élevé », assure-t-il. « Pourquoi un soldat devrait-il tirer sur un autre quand on a un robot qui pourra amener une tonne d’explosifs dans un dépôt de munitions?« , demande-t-il.

Leur chef, « Zmiy » (« serpent » en ukrainien), est l’initiateur du groupe, qui selon lui compte environ une quarantaine d’hommes et de femmes. Ancien combattant de la guerre du Donbass depuis 2014, il a formé avec ses frères d’armes le noyau du groupe. « Tous les autres qui construisent, qui inventent des appareils, ils nous ont rejoints via Twitter. Ce sont des volontaires », explique ce barbu aux lunettes cerclées, coiffé d’une casquette de base-ball ornée d’un drapeau américain.

A quelques encablures de leur base et à moins de deux kilomètres des lignes russes, « Mikho » le navigateur et « 11 » le pilote préparent un drone pour un largage de bombe sur des positions russes. Au milieu des échanges d’artillerie permanents, les deux hommes attachent une bombe sous le drone, un modèle de fabrication américaine, disponible dans le commerce pour environ 3.000 euros.

Guidé par « Mikho », « 11 » observe les positions russes sur son écran. Puis il libère la bombe qui tombe à la verticale et vient s’écraser en explosant dans un nuage de fumée.

Immédiatement, les coups de feux des soldats russes claquent. Ils essaient de détruire l’appareil, qui vole à environ 300 mètres d’altitude, avec leurs fusils d’assaut. Mais l’appareil rentre côté ukrainien sans aucun dégât.

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