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« Trump, ce nouveau Berlusconi »

Aujourd’hui, c’est la notoriété qui donne le pouvoir, explique l’ancien diplomate André Querton. Du coup, difficile de lire dans les cartes de Trump, qui n’a jamais été élu.

Auteur de Thomas Jefferson, vie, liberté et bonheur (Mardaga, Le Pavillon, 206 p.), André Querton a été diplomate belge, notamment aux Etats-Unis, de 1998 à 2002, et a vécu de près l’élection fortement disputée de George W. Bush en 2001.

Beaucoup de diplomates belges semblaient si sûrs que Clinton l’emporterait. Wishful thinking, ou déconnection des réalités?

André Querton : J’étais certain que Trump allait clairement perdre. Les diplomates sont programmés à réfléchir d’une certaine manière et à travailler dans un certain cadre et nous ne sommes pas toujours en contact avec les réalités de la population. Je n’ai pas perçu ce désir de nouveauté, de tout rediscuter, et cela annonce déjà la couleur pour la présidentielle française.

Le pire est-il à craindre ?

C’est quoi le pire ? Non, il n’y aura pas de rupture entre l’Union européenne et les Etats-Unis dans les deux ans à venir. Personne ne sait lire les cartes car Trump n’a aucune expérience gouvernementale. On ne sait donc quels sont les gens qu’il choisira dans son entourage. De parfaits inconnus ? Ou l’establishment qu’il a tant critiqué reviendra-t-il par la fenêtre ? Pour l’instant, il est tout seul.

Il va devoir faire preuve de réalisme ?

L’establishment fera pression pour cadrer sa présidence. Le risque, c’est d’avoir un attelage à deux chevaux, un cheval fougueux qui dit beaucoup de choses et un autre cheval qui cherche à ramener le carrosse à bon port. Ce sera très compliqué pour le parti républicain. Trump ne représente pas le parti et le parti ne le représente pas. Il a injurié son propre camp. Ils vont faire une paix de façade et puis des bagarres internes vont éclater.

Qu’en sera-t-il au niveau international ?

On risque d’avoir des déclarations intempestives qui créent des crises superficielles et feront les grands titres. Mais je ne vois pas Trump avec la détermination d’un Poutine qui prépare ses coups. Trump parle d’un mur à la frontière du Mexique, mais où va-t-il trouver les millions ?

A qui peut-on comparer Trump ?

Il n’y aucun exemple dans l’histoire américaine d’un individu jamais élu et qui soit arrivé au sommet de l’Etat. Je comparerais le discours de Trump aux propos brûlants du sénateur McCarthy dans les années 1950 (NDLR : contre les communistes, les homosexuels…), ou, plus proche de nous, à Silvio Berlusconi, qui faisait également des plaisanteries d’un goût douteux sur les femmes, les Noirs… Aujourd’hui, la société du spectacle détermine la politique. C’est la notoriété qui donne le pouvoir alors qu’avant c’est le pouvoir qui donnait la notoriété. Les diplomates, les médias ne sont plus des prescripteurs.

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